Mort de Pharoah Sanders, évangéliste du free jazz

Disparition
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C’était à l’entame des années 90. Sitôt déboulé sur la scène du New Morning, il enfourcha le bec du saxophone, chorus bille en tête, tout le set, plus de quarante minutes d’un jet commencées en quartet et terminées seul. Difficile de pas être sidéré par cette aussi longue que fulgurante ascension, où Pharoah Sanders passa en revue tous les fantômes qui transcendaient ses idées. Bien entendu en tête de liste, John Coltrane, le messie d’un jazz spirituel dont le saxophoniste aux faux airs du pharaon Khéphren fut un prosélyte disciple, essaimant à qui aura bien voulu l’entendre l’ultime message : A Love Supreme. Regard incandescent et chant allumé, il passera le second set à dansoter et dodeliner, maniant clochettes et grelots. Pharoah Sanders est mort ce samedi à l’âge de 81 ans, a annoncé son label Luaka Bop.
«J’ai l’impression d’être un enfant»Ce soir-là, sur la scène du New Morning, plus que d’une éprouvante démonstration, il s’agissait d’une envoûtante histoire de son, intenses envolées dans les suraigus comme denses contre-plongées au fin fond des graves, comme une lave traversée d’irruptions telluriques qui mit le feu à la salle. Une ode à la communion universelle autant qu’un appel à l’insurrection poétique, que nul n’a jamais su copier. Quelques années plus tôt, il confiait pourtant au Boston Globe être toujours insatisfait. «J’ai travaillé à essayer d…