Covid-19 : qui pourra bénéficier du vaccin de Pfizer en Europe ?
Publié le 9 nov. 2020 à 15:26Mis à jour le 9 nov. 2020 à 18:44
La course au vaccin contre le Covid-19 est bien lancée mais y aura-t-il assez de doses pour tout le monde à l'arrivée ? A la suite de l'annonce du laboratoire américain Pfizer et de la société de biotechnologie allemande BioNTech estimant que leur candidat vaccin est « efficace à 90 % », la question va forcément être posée.
Il ne s'agit pour le moment que de résultats préliminaires, issus d'un essai à grande échelle de phase III en cours. Mais cette annonce a soulevé une vague d'espoir, alors que la pandémie continue de contaminer des dizaines de milliers de personnes par jour et de paralyser l'économie de dizaines de pays.
Combien de doses sont prévues ?Sous réserve de l'homologation des autorités, le vaccin pourrait être disponible avant la fin de l'année. Sur la base de projections, les entreprises pharmaceutiques ont déclaré qu'elles prévoyaient de fournir jusqu'à 50 millions de doses de vaccins dans le monde en 2020 et jusqu'à 1,3 milliard de doses en 2021. Mais deux doses sont nécessaires pour immuniser une personne.
Les Européens devraient être parmi les premiers à recevoir une partie de leur commande. L'Union Européenne négocie depuis début septembre 200 millions de doses, avec une option de 100 millions de doses supplémentaires de ce vaccin à base d'ARNm. Lundi après-midi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a confirmé via Twitter qu'un contrat de commande de 300 millions de doses serait « bientôt signé ». En guise de comparaison, le Japon a un accord portant sur 120 millions de doses, le Royaume-Uni sur 30 millions et les Etats-Unis peuvent en commander jusqu'à 600 millions.
Sur le Vieux continent, il revient à l'Agence européenne du médicament (EMA), basée à Amsterdam (Pays-Bas), d'évaluer « la qualité, l'innocuité et l'efficacité » du vaccin avant que soit autorisée sa mise sur le marché. Cet examen est déjà en cours. La Commission aura ensuite la charge de répartir les doses entre les 27 Etats membres : la clé de distribution sera « fondée sur la population », prévoit la « stratégie vaccin » présentée en juin, où l'exécutif européen promet de garantir « un accès équitable à un vaccin à un prix abordable ».
« Les livraisons devraient débuter d'ici la fin 2020, sous réserve de succès clinique et d'autorisation réglementaire », indique Pfizer. « Nous avons activé notre chaîne d'approvisionnement, et principalement notre site en Belgique, et nous commençons à fabriquer notre vaccin afin qu'il soit disponible le plus rapidement possible », a déclaré Albert Bourla, le PDG de Pfizer.
Qui seront les premiers à en bénéficier ?En France, l'ensemble de la population ne pourra pas bénéficier de ce vaccin dès sa première commercialisation. Il appartient à la Haute autorité de la santé (HAS) de mettre en place une stratégie vaccinale et de déterminer les populations prioritaires.
La réflexion du HAS sur le sujet est encore en cours mais des recommandations préliminaires ont été formulées en juillet.« Les professionnels de santé et du médico-social de première ligne constitueront les cibles prioritaires incontournables de la vaccination », souligne d'abord l'organisation.
Par ailleurs, « les personnes à risque de formes graves qui paient le plus lourd tribut en termes d'hospitalisation et de décès (personnes âgées de plus 65 ans et celles présentant une comorbidité) seront également visées prioritairement » par la vaccination « dès lors que le rapport bénéfice/risque favorable de celle-ci sera établi », ajoute la HAS.
Le reste de la stratégie dépendra de l'évolution de l'épidémie ainsi que des caractéristiques des vaccins en cours de développement et de leur disponibilité. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a rappelé à plusieurs reprises que le gouvernement proposera un vaccin aux Français « seulement lorsqu'il sera démontré qu'il est efficace et sûr ». Il appartiendra à l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) de donner son feu vert.
La Commission européenne a également annoncé la signature d'un contrat avec le laboratoire britannique AstraZeneca, qui prévoit la livraison d'au moins 300 millions de doses de son candidat vaccin contre le Covid-19, et avec Sanofi-GSK, qui prévoit 300 millions de doses. Elle a également bouclé des discussions exploratoires avec Johnson & Johnson, CureVac et Moderna.