Covid-19 : Pfizer affirme que son vaccin est efficace à 90 %
Publié le 9 nov. 2020 à 13:55Mis à jour le 9 nov. 2020 à 16:02
En biologie, plus qu'ailleurs, la prudence est de mise. Cela n'empêche pas de se réjouir lorsqu'une bonne nouvelle se présente. Le laboratoire pharmaceutique Pfizer n'hésite en tous cas pas à communiquer sur les premiers bons résultats, préliminaires, concernant son candidat vaccin contre la Covid-19, développé en collaboration avec la biotech allemande BioNtech.
Selon le géant pharmaceutique américain, le traitement serait « efficace à 90 % ». Ce pourcentage est issu des premiers résultats issus de l'étude de phase III lancée en juillet dernier et ayant enrôlé plus de 43.500 participants à ce jour.
L'annonce a fait s'envoler le titre BioNTech de 25 % à la Bourse de Francfort. L'action Pfizer était donnée, quant à elle, en hausse de plus de 7 % à New York.
Une efficacité à 28 joursToutefois, il faut raison garder. Cette première analyse a été réalisée après que 94 cas de Covid-19 ait été observé dans le cohorte de participant à l'essais. A l'origine, Pfizer prévoyait d'analyser les premiers résultats, après seulement 32 contaminations mais les experts médicaux restent très controversés quant il s'agit de réaliser des comparaisons des données si tôt dans l'essai. D'autres laboratoires prévoient ainsi d'attendre un plus grand nombre de cas pour débuter leurs analyses.
L'efficacité du candidat vaccin à base d'ARN messager (ARNm) de Pfizer et BioNtech a été mesurée en en comparant le nombre de participants infectés par le nouveau coronavirus dans le groupe qui a reçu le vaccin et dans celui sous placebo, « sept jours après la deuxième dose » et 28 jours après la première, expliquent les deux laboratoires dans un communiqué conjoint.
Un vaccin à base d'ARNm« Cela signifie que la protection est obtenue 28 jours après le début de la vaccination, qui doit se faire en deux doses », analysent-ils. Il est à noter qu'au fur et à mesure que l'étude se poursuivra, le pourcentage d'efficacité final du vaccin pourrait bien varier. Reste que Pfizer et BioNTech se réjouissent. L'efficacité des premiers vaccins étant attendue entre 60 % et 70 %, « plus de 90 % est un résultat extraordinaire », a déclaré le PDG de BioNTech, Ugur Sahin.
Un vaccin à base d'ARNm consiste à faire s'exprimer une protéine dont on connait les capacités protectrices (appelée sous-unité protéique), en la fixant sur une partie du code génétique du virus, l'ARN. Un vecteur non viral qui permettra d'amener au système immunitaire l'information que l'on souhaite sur le virus. Au corps ensuite d'apprendre à le reconnaître et de produire une réponse immunitaire.
Jusqu'à 1,3 milliard de doses en 2021En attendant les résultats définitifs de l'essai, et parce qu'ils assurent n'avoir constaté aucun problème sérieux de sécurité pour le candidat vaccin, les deux laboratoires vont demander une autorisation d'utilisation d'urgence à la FDA, l'agence sanitaire américaine. La demande sera faite « après l'atteinte du jalon de sécurité requis, qui devrait avoir lieu dans la troisième semaine de novembre », précisent-ils.
Les Etats-Unis et l'Union européenne ont tous les deux signé un contrat avec BioNTech et Pfizer pour acquérir jusqu'à 600 millions de doses de vaccins pour le premier et 300 millions pour l'Europe. De leur côté, les deux laboratoires travaillent parallèlement à l'essai au développement de leur plateforme industrielle afin de pouvoir fabriquer en masse les vaccins. « Sur la base des projections actuelles, nous prévoyons de produire dans le monde jusqu'à 50 millions de doses en 2020 et jusqu'à 1,3 milliard en 2021 », précisent-ils.
D'autres candidats dans la courseD'autres candidats vaccins ont également reçu des pré-commandes de l'Union européenne et/ou des Etats-Unis. C'est le cas notamment de celui développé par le laboratoire AstraZeneca avec l'université d'Oxford, ou encore celui de la biotech américaine Moderna. Les deux sont également au stade III des essais cliniques mais n'ont pour l'heure communiqué aucun résultat préliminaire.
Le géant pharmaceutique français Sanofi, associé à l'anglais CSK, a lui aussi enregistré des commandes anticipées. Le spécialiste mondial des vaccins est entrée relativement tard dans la course. Il a a, en effet, annoncé le lancement de son premier essai clinique de phase I-II, le 3 septembre dernier. Son candidat vaccin repose sur une technologie à base de protéine recombinante déjà employée par Sanofi afin de produire un de ces vaccins contre la grippe saisonnière, le FluBlock, à laquelle s'ajoute un adjuvant mis au point par GSK.
Où en est la course au vaccin en une seule infographie