Amélie Oudéa-Castéra, une proche de Macron au ministère des sports et des Jeux olympiques et paralympiques
En nommant, vendredi 20 mai, Amélie Oudéa-Castéra ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques, Emmanuel Macron s’inscrit un peu plus dans la continuité : celle de faire appel, après l’escrimeuse Laura Flessel et la nageuse Roxana Maracineanu lors de son premier mandat à l’Elysée, à d’anciennes sportives de haut niveau pour la fonction ministérielle.
Ce n’est pas une surprise non plus tant le nom de l’ancienne espoir du tennis français et actuelle directrice générale de la Fédération française de tennis (FFT) figurait en tête de liste des candidats potentiels au ministère. Amélie Oudéa-Castéra a notamment rédigé les propositions sports du programme présidentiel d’Emmanuel Macron : instauration de trente minutes quotidiennes de sports en primaire et de deux heures supplémentaires d’EPS par semaine au collège dès la rentrée 2022.
Elle avait également été pressentie au ministère des sports dès 2017, mais Laura Flessel lui avait alors été préférée. Idem dix-huit mois plus tard, quand Roxana Maracineanu avait été choisie pour remplacer l’ancienne épéiste, démissionnaire.
Amélie Oudéa-Castéra peut se féliciter d’être ministre de plein exercice quand l’ex-championne du monde des bassins exerçait, depuis juillet 2020, sous la tutelle de l’éducation nationale. En outre, la nouvelle ministre voit le périmètre de son action élargi aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, un signal fort à deux ans de l’événement.
« Une grosse capacité de travail »Cette nomination Avenue de France, qui intervient à moins de quarante-huit heures du lancement de Roland-Garros, vient en tout cas « récompenser » la fidélité de cette proche du président Macron, qu’elle a connu sur les bancs de l’ENA au début des années 2000.
« C’est une femme brillante, avec une grosse capacité de travail, des qualités de persuasion et beaucoup de sensibilité. Elle a un côté très entraînant mais il faut pouvoir suivre son rythme, elle n’a pas toujours conscience que tout le monde n’a pas ses capacités, résume un membre de l’équipe dirigeante de la FFT. On savait qu’à tout moment [cette nomination] pouvait arriver. »
Joueuse de tennis brillante chez les juniors, Amélie Oudéa-Castera n’a jamais été mieux classée qu’au 251e rang mondial sur le circuit professionnel de la WTA. En 1996, persuadée qu’elle ne jouerait pas les premiers rôles sur les courts, elle range, à 18 ans, ses raquettes et prépare Sciences Po Paris, qu’elle intégrera avec une note flatteuse. Elle enchaîne avec l’Essec et l’ENA, dans la même promotion (Senghor) qu’Emmanuel Macron.
Diplômée en 2004, elle fait ses premières armes comme magistrate à la Cour des comptes avant de rejoindre, en 2008, l’assureur Axa, pour lequel elle sera chargée de la direction marketing puis du digital. Dix ans plus tard, Carrefour la recrute, pour l’aider à négocier le virage de la transformation numérique. Elle n’aura pas le temps d’y imprimer sa marque.
En mars 2021, Gilles Moretton, nouvellement élu président de la Fédération française de tennis, finit par la convaincre – après plusieurs tentatives – de rejoindre la direction générale de la « fédé » . Les chantiers ne manquent pas : la FFT sort, comme tout le sport français, fragilisée des premiers mois du Covid. Amélie Oudéa-Castera a dès lors pour priorités d’optimiser les revenus de Roland Garros, la vache à lait du tennis français, ou encore de relancer la pratique chez les plus jeunes, dont le nombre de licenciés ne cesse de baisser.
« Elle a une exigence et une capacité de travail impressionnantes », dit d’elle Amélie Mauresmo, nouvelle directrice du Grand Chelem parisien, dans un entretien au Figaro. « Amélie a une capacité de mobilisation et une intensité exceptionnelle dans l’engagement. Elle a toujours conservé la culture du haut niveau », juge pour sa part Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour.
Le succès impératif des JeuxDésormais ministre des sports, « AOC », 44 ans, devra en faire toute la preuve. Dans deux ans, le monde entier aura les yeux tournés vers les Jeux olympiques de Paris. Un succès organisationnel, à défaut d’une réussite sportive pour la France, est impératif. Comme le sera le respect de l’enveloppe budgétaire et des engagements environnementaux.
Au-delà du succès sportif – l’objectif d’un top 5 pour la France paraît de plus en plus difficile –, et de l’héritage de ces JO, « AOC » aura également pour feuille de route de poursuivre la mue de la gouvernance du sport avec le déploiement en régions de l’Agence nationale du sport (ANS), dont la création en avril 2017 avait déboussolé les acteurs du secteur.
La haute fonctionnaire, mariée à Frédéric Oudéa, directeur général de la Société générale, connaît le dossier : elle avait été nommée au conseil d’administration du Centre national pour le développement du sport, l’ancêtre de l’ANS, en 2009 ; planché sur l’amélioration de la gouvernance des fédérations au sein de son association Rénovons le sport français ; et avait été sollicitée en 2018 pour diriger l’ANS, présidée à l’époque par Jean Castex. Mais, cette fois, c’est elle qui avait décliné l’offre.
Nicolas Lepeltier(avec Elisabeth Pineau)