O. J. Simpson, icône ambiguë d'une nouvelle ère médiatique
Que restera-t-il dans les mémoires d’Orenthal James Simpson, décédé le 10 avril 2024, à l’âge de 76 ans ? Peut-être le souvenir, lointain, d’un des meilleurs running back (ou demi-offensif) de l’histoire du football américain, professionnel de 1969 à 1979. Et à coup sûr le souvenir d’un visage qui a hanté les écrans de télévision, que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons. “Il a été un des Américains les plus regardés du monde”, relève James Poniewozik, le critique télé du New York Times.
Du temps de son étincelante carrière sportive à Buffalo puis à San Francisco, déjà, O. J. Simpson est à part. Pas seulement pour sa vélocité. Contrairement à d’autres athlètes noirs de l’époque, comme le basketteur Kareem Abdul-Jabbar ou les coureurs John Carlos et Tommie Smith, il “ne s’est jamais impliqué dans le mouvement des droits civiques de la fin des années 1960”, rappelle le journaliste sportif Jarrett Bell dans le quotidienUSA Today. En pleine vague de Black Power, pas de poing brandi de sa part, pas de tonitruante dénonciation du racisme aux États-Unis.
“Vas-y O. J., allez !”
O. J. Simpson a d’autres ambitions en tête. “Il était terriblement photogénique avec son sourire innocent”, rappelle le journaliste Wil Haygood dans le Washington Post. Et le footballeur entreprend de faire de son personnage “une marque”, capable de séduire autant les Blancs que les Noirs. À sa façon, forcément solitaire, il surfe sur la question raciale. Et cela fonctionne, analyse le New York Times :
“C’était une forme de soulagement de voir, après la lutte pour les droits civiques des années 1960, que l’Amérique blanche pouvait célébrer une star noire et charismatique. Cela faisait du bien au pays de soutenir O. J.”
Alors qu’il est encore sur les terrains, le running back décroche quelques rôles au cin