Nouvelle-Calédonie : une troisième nuit d'émeutes "un tout petit peu ...
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La Nouvelle-Calédonie fait toujours face à de violents affrontements. Pour la troisième nuit consécutive, des émeutes ont éclaté sur l'archipel français du Pacifique Sud, 24 heures après l'adoption par l'Assemblée nationale d'un projet de loi sur la révision constitutionnelle. Les indépendantistes sont opposés à cette réforme jugent qu'elle risque de réduire leur poids électoral et de "marginaliser encore plus le peuple autochtone kanak".
"La nuit de mercredi 15 à jeudi 16 mai 2024 a été "un tout petit peu moins violente que la précédente", a affirmé Louis Le Franc, Haut-Commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie. Mais les émeutes qui touchent essentiellement l'agglomération de Nouméa restent selon lui "d'une extrême violence", après avoir fait quatre morts les jours précédents. Le représentant de l'État lance à nouveau un appel à l'apaisement "et au calme". Suivez la situation ce jeudi.
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Le 15/05/2024
Nouvelle-Calédonie : pourquoi l'archipel est en proie à des émeutes depuis lundi
L'essentiel
- Quatre personnes sont mortes et des centaines ont été blessés lors de trois nuits d'émeutes
- 200 personnes ont été arrêtées depuis lundi
- La nuit de mercredi à jeudi a été "moins violente" que les précédentes
- L'armée s'est déployée sur l'archipel français
- L'état d'urgence est entré en vigueur mercredi soir
- Gabriel Attal a annoncé l'interdiction de TikTok, utilisé par les émeutiers
- De nombreux bâtiments ont été incendiés, des magasins pillés
- Emmanuel Macron a proposé un échange par visioconférence avec les élus calédoniens
Quatre morts, des centaines de blessés
En trois nuits, les émeutes ont déjà fait quatre morts, dont un gendarme. Les victimes sont deux hommes de 20 et 36 ans, ainsi qu'une adolescente de 17 ans, et un gendarme mobile de 22 ans, qui était affecté à Melun en Seine-et-Marne. Les violences ont aussi fait plusieurs centaines de blessés. La nuit de mercredi à jeudi "a été moins violente" que les deux précédentes, a estimé le représentant de l'Etat dans l'archipel, Louis Le Franc, même si elle a encore été le théâtre d'affrontements "très importants".
Une ville "meurtrie" pas les destructions
Louis Le Franc assure avoir survolé en hélicoptère l' agglomération du Grand Nouméa et la décrit comme "meurtrie" avec un nombre "impressionnant" de "structures publiques et privées totalement détruites par des incendies" . " Les axes routiers principaux et secondaires sont jalonnés par des gros barrages, avec des voitures enflammées (...) et certains barrages sont piégés avec des bouteilles de gaz et des systèmes d'allumage" , affirme-t-il. Dans l'agglomération de Nouméa, les riverains ont commencé à organiser la protection de leurs quartiers et érigé des barricades de fortunes, faites de palettes de bois, de bidons et autres brouettes, sur lesquelles ils ont planté des drapeaux blancs.
L'état d'urgence en vigueur, l'armée déployée
Depuis le début des émeutes, 200 personnes ont été interpellées. L'état d'urgence, voulu par Emmanuel Macron, est en vigueur sur l'archipel français depuis 20h (heure de Paris) mercredi soir. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dans ce cadre procédé à cinq premières assignations à résidence de membres de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), la frange la plus radicale du Front de libération Kanak socialiste (FLNKS), accusés d'être des commanditaires présumés des violences. Cet état d'urgence doit aussi permettre des perquisitions administratives.
Mercredi soir, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé le déploiement de l'armée en Nouvelle-Calédonie. Les militaires doivent sécuriser les ports et l'aéroport. Près de 1.800 forces de l'ordre sont "mobilisées sur place" et 500 autres vont venir les "renforcer". Le haut-commissaire a pour sa part "annoncé un couvre-feu et interdit TikTok", un réseau social utilisé par les émeutiers.
Gabriel Attal doit de son côté présider une cellule de crise interministérielle ce jeudi matin dès 8h30.
Emmanuel Macron va échanger avec des élus locaux
Emmanuel Macron tente de s'adresser aux élus locaux, pour apaiser les tensions entre loyalistes et indépendantistes. Il a proposé d'avoir un échange, "par visioconférence" ce jeudi avec les élus calédoniens, après le Conseil de défense.
Les députés ont adopté dans la nuit de mardi à mercredi la réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres. Ce texte devra encore être voté par les parlementaires qui doivent se réunir avant "fin juin" en Congrès à Versailles, sauf si un accord sur un texte global entre indépendantistes et loyalistes intervient auparavant, a fait savoir le président de la République.
Le texte voté vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, enjeu crucial dans l'archipel. Les partisans de l'indépendance estiment que cette modification risque de réduire leur poids électoral et marginaliser "encore plus le peuple autochtone kanak".