Nouveau gouvernement : François Bayrou toujours à la recherche d ...

François Bayrou avait donné jusqu’à « la mi-journée » du vendredi 20 décembre pour répondre à son « offre publique de participation au gouvernement ». Une proposition formulée jeudi 19 décembre après-midi en recevant les forces politiques, à l’exception du Rassemblement national (RN) et de La France insoumise (LFI). Mais aucune réaction officielle des partis sollicités, alors que l’échéance est arrivée à son terme. Des discussions discrètes avec Les Républicains (LR) se poursuivent toutefois.
Le nouveau premier ministre a pourtant répété son ambition, jeudi soir sur France 2 : son gouvernement sera nommé « dans le week-end, en tout cas avant Noël ». Ce qui ne laisse pas beaucoup de temps avant mardi 24 décembre. D’autant plus qu’Emmanuel Macron est à l’étranger – à Djibouti puis en Éthiopie – jusqu’à dimanche matin, avant une journée de deuil national pour Mayotte, lundi 23 décembre.
Un souhait d’équilibre contrarié par une lettre du Parti socialiste
L’ambition de François Bayrou était de former un gouvernement équilibré : un tiers de ministres du centre, un tiers de droite, un tiers de gauche. Objectif : parvenir à une majorité absolue au Parlement en réunissant les 310 députés qui vont du PS à LR. Mais cette ambition avait été contrariée dès le 13 décembre par une lettre officielle du Parti socialiste (PS) : « Les socialistes ne participeront pas à votre gouvernement et demeureront dès lors dans l’opposition au Parlement. » François Bayrou lui-même en a livré son analyse : « Ils n’ont pas envie qu’on dise qu’ils ont changé de camp. » Le « on » désignant bien entendu principalement La France insoumise.
Depuis, François Bayrou cherche à faire contre mauvaise fortune bon cœur. À défaut de participation, ou même de soutien sans participation ministérielle, au moins trouver avec le PS un « accord de non-censure ». Cette idée vient d’ailleurs d’un député PS, Philippe Brun. Ce dernier l’avait envisagé à front renversé : un premier ministre et un gouvernement de gauche s’engageant à ne pas utiliser l’article 49 alinéa 3 de la Constitution en échange d’une non-censure du centre.
Les termes de l’accord
Depuis jeudi, les termes de cet éventuel accord de non-censure se dégagent progressivement. « Je n’utiliserai pas l’article 49 alinéa 3, ni sur le budget sauf s’il y a blocage absolu, ni sur les autres textes sauf catastrophe énorme », a promis François Bayrou. La formulation est prudente, prévoyant des exceptions. Elle s’approche toutefois de ce que le PS envisageait.
Autre amorce de compromis : la question sensible du sort de la retraite à 64 ans. Le PS a fait un pas en demandant la suspension de cette réforme, au lieu de l’abrogation prévue au programme du Nouveau Front populaire. Le premier ministre a également fait un pas en acceptant, non pas de la suspendre, mais de la reprendre, de « rouvrir tous les sujets ». Point commun : l’organisation d’une conférence sociale pour en discuter.
Si le MoDem avait soutenu par solidarité gouvernementale la réforme de 2023, sa préférence allait de toute façon au projet abandonné en 2020 : une retraite à points prenant en compte la pénibilité, comme les syndicats CFDT et CFTC. De fait, la sensibilité démocrate-chrétienne du centre bayrouiste confère en outre davantage de place aux corps intermédiaires et à la démocratie sociale que le centre macroniste.
Masquer l’absence de la gauche
L’objectif de François Bayrou est d’éviter le déséquilibre qui a fait chuter celui de Michel Barnier : un premier ministre de droite à la tête d’une coalition entre le centre et la droite, donc déséquilibré à droite. Toujours sans le PS, la recherche de l’équilibre voudrait qu’il n’y ait plus de LR. Et que l’un et l’autre forment à l’Assemblée nationale deux flotteurs de taille comparable qui, par leur non-censure, maintiennent à flot un gouvernement homogène du centre.
Sauf que François Bayrou a dit vouloir conserver LR dans son équipe, notamment le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau. Il lui faut donc masquer l’absence de la gauche. « Des gens qui viennent de la gauche démocratique et de gouvernement, qui par eux-mêmes ont une sensibilité sociale-démocrate », a-t-il ainsi exposé. Il s’agira donc de regarder avec précision l’appartenance actuelle, et non pas passée, des uns et des autres.
Enfin, François Bayrou souhaite la présence au gouvernement des chefs des partis qui y participent. « Il faut que tout le monde prenne ses responsabilités et ne reste pas en situation d’observateur », a-t-il argumenté. Reste à savoir si tous ceux qui préparent la présidentielle de 2027, de Gabriel Attal à Laurent Wauquiez en passant par Édouard Philippe, en auront envie.