Ninho, la météorite du rap, sort son troisième album, Jefe
Inconnu il y a cinq ans, le chanteur de 25 ans est devenu un pilier du rap français. Il dévoile l'histoire de sa «success story» dans son nouvel album avant une tournée qui commencera en avril 2022.
À tout juste 25 ans, Ninho s'est imposé comme un pilier du rap hexagonal, aux côtés de Jul et PNL. Jefe (chef en espagnol), son troisième album qui sort le 3 décembre, est une invitation à un voyage. Un voyage pour tenter de percer la «success story» de cette météorite du rap, totalement inconnue il y a cinq ans. «On ne connaît pas la vie d'un gars qui arrive en haut, qui arrive à concrétiser son plan. On ne connaît pas le début, la base, les fondations. On regarde souvent la maison mais jamais les fondations», dit-il dans un entretien à l'AFP.
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Les fondations, ce sont ces années de galère avant de percer ou sa vie en cité HLM en grande couronne parisienne, qu'il raconte dans des titres comme RER D ou Vérité et où il loue «le charme du ghetto». Pas seulement l'histoire d'un transfuge, Jefe, 15 titres dont aucune collaboration, est aussi un manifeste. Celui d'un jeune homme qui a commencé le rap à 12 ans «par passion» et qui est aujourd'hui l'une des ses plus grosses têtes d'affiche.
Discret et mystérieuxPour autant, N.I assure tenter de «garder la tête froide et la tête sur les épaules». «La célébrité tout ça, ce n’est pas important. Pour moi, le plus important c'est de continuer de créer». Créer et se tenir à l'écart des «clash», si courants dans le monde du rap. Avec son visage poupin, sa voix claire, et sa timidité qu'il peine à dissimuler, le rappeur, très discret dans les médias, n'a eu de cesse de cultiver le mystère.
Sur la forme, Jefe reprend les codes des ses précédents disques : savant mélange entre des titres rocailleux et purement rappés et d'autres plus dansants et chantés, comme Aicha, clin d'œil à la chanson de Khaled, chanteur de raï algérien. Rumba, tonalités proches du raï ou de la pop ... Ces mélanges, alors peu présents dans le rap il y a quelques années, lui ont permis de s'imposer sur une scène hyper concurrentielle. Et de rafler au passage un public féminin, jusque-là délaissé par ce milieu.
Né à Longjumeau, dans l'Essonne, au sud de Paris, de parents originaires du Congo Kinshasa, William Nzobazola, de son vrai nom, a la musique dans les veines : son père Serge Kiambukuta est un chanteur de rumba congolaise.
Deux milliards de vues sur YouTubeMais voilà, William, lui, ne s'intéresse qu'au rap, qu'il pratique à l'insu de ses parents. Progressivement, William va laisser place à Ninho, surnom que «les grands de la cité donnaient aux petits, les “niños”» (enfants en Espagnol), explique-t-il.
En 2014 sort sa première mixtape : Ils sont pas au courant, référence à peine voilée à ses parents. Mais les premières années sont difficiles et le succès se fait attendre. «C'était compliqué au début mais formateur parce que j'ai appris à travailler vite, écrire vite, enregistrer et mixer vite», dit-il. Le succès arrive en 2016 avec sa mixtape M.I.L.S (Maintenant ils le savent). Un an plus tard, son premier album Comme prévu, fait de lui une star du rap.
L'année 2018 est une année faste. Il enchaîne les collaborations avec des poids lourds du rap tels que Rim'K ou SCH. Tous s'arrachent le «bambino», promis à un avenir éclatant. Prolifique, il sort en 2019 Destin, qui fait de lui l'artiste français le plus écouté sur les plateformes de streaming devant le Marseillais Jul ou les deux frères de PNL. En juillet dernier, sa chaîne Youtube dépasse la barre des deux milliards de vues.
Jefe pourra-t-il faire mieux que Destin ? «On verra», répond l'artiste. «Si ça marche tant mieux, si ça ne marche pas, tant pis, on proposera un autre projet». En attendant la réponse des charts, une tournée dans toute la France est déjà prévue pour 2022. Le «niño» du rap a bien grandi.