Niger : ce que l'on sait de la "prise en otage" de l'ambassadeur de ...
Sylvain Itté n'a "plus la possibilité de sortir, il est persona non grata et on refuse qu'il puisse s'alimenter", a déclaré Emmanuel Macron, vendredi. Toutefois, le rapatriement du diplomate et de son équipe n'est pas prévu pour l'instant.
Près de deux mois après l'arrivée d'une junte à la tête du Niger, la présence de la France dans le pays est toujours contestée par les putschistes. L'ambassadeur français à Niamey, Sylvain Itté, est pris en "otage littéralement à l'ambassade de France" par les militaires qui ont renversé le président Mohamed Bazoum fin juillet, a déclaré Emmanuel Macron, vendredi 15 septembre.Franceinfo revient sur la situation.
Il ne peut plus sortir de l'ambassade et la livraison de nourriture est bloquée"On empêche de livrer la nourriture. Il mange avec des rations militaires." Voilà comment l'ambassadeur vit ces dernières semaines, a décrit le président de la République lors d'un déplacement à Semur-en-Auxois (Côte-d'Or), vendredi soir. Sylvain Itté n'a "plus la possibilité de sortir, il est persona non grata et on refuse qu'il puisse s'alimenter", a poursuivi Emmanuel Macron. Le diplomate n'est pas seul à être retenu. "Il y a encore une petite équipe autour de lui", a simplement déclaré la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, sans davantage de détails.
Le mot "otage" est assumé par l'entourage du président, contacté par franceinfo, même si personne ne s'est introduit dans l'ambassade pour retenir Sylvain Itté et son équipe. Ces derniers sont, de fait, assignés à résidence à l'ambassade de France, qui se trouve "sous blocus", souligne-t-on.
Pour le journaliste et écrivain spécialiste du Sahel Seidik Abba, le terme "otage" utilisé par Emmanuel Macron est "fort". Il y a des "postures" et un "langage de la belligérance" qui est employé par la France et le Niger, ainsi que par le Mali et le Burkina Faso, autres pays sahéliens. "De part et d'autre, on ne prend aucune initiative pour aller vers la désescalade (...) Nous sommes vraiment dans une logique de confrontation ouverte", estime-t-il.
Paris n'a pas prévu de le rapatrierL'ambassadeur de France a les moyens de travailler, a par ailleurs assuré la ministre des Affaires étrangères, vendredi, sur LCI. "Il nous est très utile par ses contacts", a-t-elle dit, mettant en avant la libération d'un ressortissant français grâce à la cellule diplomatique française toujours active sur place. Ce dernier, Stéphane Jullien, un représentant des expatriés auprès des ambassades et des consulats, avait été arrêté par les forces de sécurité nigériennes le 8 septembre. Paris demandait "sa libération immédiate".
Pour l'instant, un retour en France de l'ambassadeur n'est pas prévu. "Il reste tant que nous souhaitons qu'il reste. C'est une décision qui appartient au président de la République", a déclaré Catherine Colonna, sans davantage de détails. Et d'ajouter : "Nous n'avons pas, spontanément, le désir d'obéir aux injonctions d'autorités putschistes, que nous ne reconnaissons pas. Nous n'avons aucune raison de le faire." "Je ferai ce que nous conviendrons avec le président Bazoum parce que c'est lui l'autorité légitime et je lui parle chaque jour", a affirmé Emmanuel Macron.
Il est menacé par les putschistes depuis plusieurs semainesLa junte avait donné, le 25 août, 48 heures à l'ambassadeur de France pour quitter le pays. Un ultimatum rejeté par Paris. "La France a pris connaissance de la demande des putschistes, avait déclaré le ministère des Affaires étrangères. Les putschistes n'ont pas autorité pour faire cette demande, l'agrément de l'ambassadeur émanant des seules autorités légitimes nigériennes élues."
La tension est montée d'un cran le 31 août, lorsque les autorités militaires ont demandé à la police de procéder à son expulsion et ont levé son immunité diplomatique. Les véhicules qui circulaient à proximité de l'ambassade de France étaient fouillés, y compris les véhicules diplomatiques. Toutefois, en vertu de la Convention de Vienne, la police nigérienne n'a pas le droit de pénétrer dans les locaux, car le territoire d'une ambassade est inviolable. "La police doit donc attendre ou espérer que l'ambassadeur mette un pied dehors pour l'appréhender", relevait l'envoyé spécial de France Télévisions au Niger, Nicolas Bertrand.