L'acteur Niels Arestrup est mort, à 75 ans
Disparition
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«Il fait partie de ces rares acteurs qui sont à la fois des monstres de virilité et qui sont des femmes en même temps. Il a une douceur, un charme incroyable ! Lorsque ces contradictions sont à l’œuvre, c’est du vénéneux.» Interrogé en 2005 sur le choix de Niels Arestrup pour jouer le rôle du père cinglé de Romain Duris dans De battre mon cœur s’est arrêté, le cinéaste Jacques Audiard donnait cette explication un peu bizarre. En 2009, il réembauchera l’acteur pour son film suivant, le rôle du potentat corse de la prison d’Un prophète face au débutant Tahar Rahim, récit de soumission et de filiation en cellules avec, à la clé, un gros succès au box-office (1,4 million d’entrées) et pour Arestrup, qui vient d’avoir 60 ans, un boom de notoriété inespérée.
Admirateur de Brando, cherchant dans son jeu le même degré d’explosivité animale («Un fauve dégage quelque chose. Une potentialité terrible et une relaxation absolue. En une fraction de seconde, alors qu’il a l’air totalement relâché, il peut vous arracher la tête.»), cheveux gominés vers l’arrière, voix reptilienne, les yeux tranchants comme du verre pilé, Arestrup, le parrain, le patriarche, le patron, le père Fouettard, semble n’avoir aucun effort à faire pour imposer le respect et faire peur, l’un n’allant jamais sans l’autre apparemment.
Magnétisme et arrogance
Le destin familial lui traçait une voie prolétair