Perrier, Contrex, Vittel… La « qualité sanitaire » des eaux minérales ...
Nouvelle révélation dans l'affaire des eaux contaminées qui entache l'image du géant mondial de l'agroalimentaire Nestlé. Selon les informations de Franceinfo et du « Monde », l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a remis, mi-octobre 2023, au ministère de la santé, une note estimant que la « qualité sanitaire » des eaux du groupe suisse (Perrier, Contrex, Vittel, Hépar…) n'était pas garantie.
Dans ce document, des experts évoquent un « niveau de confiance insuffisant » pour assurer « la qualité sanitaire des produits finis ». L'Anses recommande au ministère de la Santé un « plan de surveillance renforcé ».
Des concentrations « parfois élevées » de bactéries
La contamination des eaux minérales du groupe Nestlé concerne des bactéries, pesticides et Pfas, ces polluants chimiques éternels, nocifs pour l'environnement et la santé, et dans le viseur d'une proposition de loi . Les experts de l'Anses ont relevé la présence, dans des concentrations « parfois élevées » de bactéries type Escherichia coli ou entérocoques intestinaux, alors que la réglementation sur les eaux minérales naturelles précise bien que ces eaux doivent être totalement exemptes de bactéries, que ce soit après ou avant embouteillage.
A l'origine de cette nouvelle expertise, une demande des agences régionales de santé (ARS) du Grand-Est et d'Occitanie, régions où se trouvent les deux usines d'embouteillage du groupe. En juin 2023, le directeur de l'ARS Occitanie s'inquiète d'une « contamination régulière des eaux brutes sur au moins cinq des sept forages », de « la présence de micropolluants » et « de traitements interdits » dans l'usine du site de Vergèze, où est produite la marque Perrier.
Des sources qui ne devraient plus être exploitées
L'expertise a été conduite par le laboratoire d'hydrologie de Nancy (LHN), le département de l'Anses chargé de la sûreté des eaux de consommation. Dans leurs conclusions, les experts ont constaté de multiples « contaminations d'origine fécale », « la présence chronique notable de micropolluants », et « l'absence de paramètre permettant le suivi de la contamination virale des eaux ». Selon ces experts, ces non-conformités détectées « ne devraient pas conduire à la production d'eaux embouteillées » à partir de ces sources naturelles.
Fin janvier, Radio France et « Le Monde » avaient révélé l'étendue du problème. D'après un rapport de l'inspection générale des affaires sociales, « au moins 30 % des marques d'eau en bouteille avaient recours à des traitements interdits par la réglementation, dont la totalité des marques exploitées par Nestlé ».
Contacté par Les Echos, Danone, propriétaire entre autres d'Evian et Badoit, avait alors déclaré : « Nos eaux minérales naturelles ont toujours répondu aux exigences de qualité et de conformité en vigueur. » De son côté, la direction de Nestlé a assuré avoir retiré tous les traitements illicites mis en place ces dernières années.
Après ses révélations, l'ONG Foodwatch déplore à Franceinfo qu'aucune « information n'a été communiquée aux consommateurs ni par Nestlé ni par les autorités ». « C'est grave, juge Ingrid Kragl, directrice de l'information de l'association. La directive européenne sur les eaux et le code de la santé publique sont pourtant limpides : lorsque l'eau minérale est polluée, il ne fait aucun doute que la mise en bouteille et la commercialisation doivent être suspendues. Or, ce n'est pas ce qu'il s'est passé ».