Strasbourg. Affaire Naomi Musenga : « C'était inqualifiable ...
Le procès de l'affaire Naomi Musenga s'ouvre ce jeudi à Strasbourg, à la chambre correctionnelle du tribunal judiciaire, après six ans d'attente.
A l'ouverture de l'audience, la prévenue s'est tournée vers les proches de Naomi Musenga : "Je souhaiterais m'excuser envers la famille de tout ça, de mes paroles, de tout ce que j'ai pu dire. C'était inqualifiable."
L'assistante de régulation médicale du Samu 67 a été longuement interrogée sur la manière dont elle avait géré l'appel de Naomi Musenga que lui avait transmis l'opératrice des pompiers. Elle a admis qu'au regard des douleurs abdominales évoquées par la requérante, elle aurait dû transférer l'appel au médecin régulateur.
La prévenue de 60 ans a expliqué qu'elle avait pensé à une gastro-entérite dans une période d'épidémie et qu'elle ne s'était pas inquiétée puisqu'il s'agissait d'une personne de 22 ans. "Comment peut-on juger la gravité de l'appel si on ne pose pas les questions ?", a lancé la présidente Isabelle Karolak. "J'avais plus rien à faire là", a déclaré la prévenue, évoquant l'usure de huit années "d'abattage" dans un service en sous-effectif chronique.
Sa communication avec Naomi Musenga a été diffusée à l'audience. "Je n'arrivais plus à gérer. Je ne me reconnais pas dans cet appel", a commenté l'opératrice du Samu. "Ce travail m'a rendue comme ça."
La famille veut « comprendre (...) ce qui s'est passé dans la tête de cette personne »
L'assistante de régulation médicale du Samu de Strasbourg, aujourd'hui âgée de 60 ans, est poursuivie pour « non-assistance à personne en danger », comme l'a rappelé l'avocat de la famille Me Jean-Christophe Coubris, mercredi à Strasbourg lors d'une conférence de presse.
Plus de six ans après les faits, la tenue de ce procès « est un grand soulagement », a déclaré mercredi la mère de Naomi, Honorine Musenga, lors de cettte conférence de presse tenue avec deux de ses enfants.
La famille veut « la justice », a abondé Louange, la sœur de Naomi. « Comprendre » aussi « ce qui s'est passé dans la tête de cette personne », « savoir s'il y a un minimum de regrets » de la part de l'opératrice qui n'a, « jusqu'à présent », pas présenté d'excuses.
Gloire, son frère, a souhaité « un pardon » de la part de l'opératrice « pour ce qu'elle a fait ».
Selon Me Coubris, l'avocat de la défense devrait demander à ce que l'affaire « soit renvoyée à l'instruction », jugeant insuffisamment motivé le renvoi de sa cliente devant le tribunal. « Le juge ne peut pas faire ça, il ne peut pas renvoyer » le procès, a réagi Honorine Musenga. « Déjà pour arriver là, c'était beaucoup de douleurs... » L'instruction a été ponctuée d'expertises et de contre-expertises.