Agression du mari de Nancy Pelosi : l'assaillant visait bien la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis
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« Un acte ignoble » pour lequel « il n’y a pas de place en Amérique » : c’est par ces mots que le président américain, Joe Biden, a condamné la violente agression dont a fait l’objet, vendredi 28 octobre, Paul Pelosi, l’époux de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi. Cette attaque intervient à moins de deux semaines des élections de mi-mandat auxquelles la cheffe démocrate se représente.
L’agresseur, qui s’était introduit dans la nuit de jeudi à vendredi au domicile du couple à San Francisco, visait clairement la présidente de la Chambre, a affirmé Drew Hammill, le porte-parole de Nancy Pelosi dans un communiqué. « Plus tôt ce matin, Paul Pelosi a été attaqué chez lui par un assaillant qui a fait usage de la force et l’a menacé de mort, exigeant de voir la présidente », a déclaré le porte-parole. Cette dernière, 82 ans, se trouvait à Washington au moment de l’attaque.
L’agresseur s’est introduit dans la résidence du couple aux alentours de 2 h 30 du matin (heure locale), a annoncé le chef de la police de la ville, Bill Scott. Visiblement à la recherche de Nancy Pelosi, il aurait crié « Où est Nancy ? » avant d’attaquer « violemment » son époux à coups de marteau. Paul Pelosi, lui aussi octogénaire, a « été opéré avec succès pour soigner une fracture du crâne et de graves blessures au bras droit et aux mains », a précisé Drew Hammill. Les médecins « pensent qu’il se rétablira complètement », a-t-il poursuivi.
Les motivations du suspect, qui a été placé en garde à vue, font l’objet d’une enquête à laquelle participent la police fédérale (FBI) et la police du Capitole, chargée de protéger les membres du Congrès. Une chose est sûre, il ne s’agissait pas d’une attaque « au hasard » mais bien d’un acte « intentionnel », a confirmé Bill Scott.
« Quand un parti dit que les élections sont volées… »« Il y a trop de violence, de violence politique, trop de haine, trop de vitriol », a regretté Joe Biden lors d’un déplacement de campagne à Philadelphie (Pennsylvanie), réagissant à cette agression. Le président a souligné que certains manifestants qui s’étaient introduits dans le Capitole le 6 janvier 2021 avaient eux aussi crié « Où est Nancy ? ».
« Et qu’est-ce qui nous permet de penser que, quand un parti dit que les élections sont volées ou que le Covid est un mensonge, (…) cela ne va pas affecter les personnes qui ne sont peut-être pas totalement équilibrées », a lancé le démocrate, dans une allusion à peine voilée à ses adversaires républicains. S’inquiétant de la possibilité que cela ne « ronge le climat politique », Joe Biden a appelé les responsables, quel que soit leur camp, à « s’opposer » à cette violence.
Le chef de l’opposition républicaine au Sénat, Mitch McConnell, s’était dit plus tôt « horrifié et dégoûté » par cette agression.
Ces derniers mois, nombre d’élus ont alerté contre le regain de violence visant la classe politique, la sénatrice républicaine du Maine, Susan Collins, déclarant qu’elle ne serait pas « surprise » si un élu ou sénateur « se faisait tuer ». « Ce qui n’était à l’origine que des appels téléphoniques agressifs se traduit désormais par des menaces et de la violence réelle », a assuré l’élue de 69 ans, après qu’un individu a brisé une vitre de son domicile, dans le Maine.
« Cette violence est terrifiante », a réagi, vendredi, la députée démocrate Pramila Jayapal, qui avait elle-même dû appeler les autorités quand un homme s’était rendu devant son domicile à plusieurs reprises en juillet, proférant des injures avec une arme à la ceinture.
Forte hausse de la violence envers les élus depuis l’ère TrumpLes actes de violence contre les élus américains ne sont pas nouveaux. En janvier 2011, la démocrate Gabby Giffords avait frôlé la mort après avoir reçu une balle dans la tête lors d’une rencontre avec des administrés à Tucson (Arizona).
Mais selon la police du Capitole, les menaces contre les membres du Congrès ont plus que doublé depuis 2017, année de l’investiture de Donald Trump.
Les experts s’inquiètent particulièrement des attaques provenant des groupuscules d’extrême droite. Plusieurs membres de ces milices sont accusés de s’être lourdement armés pour attaquer le Capitole afin de maintenir Donald Trump au pouvoir le 6 janvier 2021.
Des milliers de partisans de l’ancien président avaient plongé la capitale des Etats-Unis dans le chaos, forçant les élus à évacuer l’hémicycle de la Chambre des représentants en rampant, masque à gaz sur la tête. Plusieurs manifestants s’étaient alors introduits dans le bureau de Nancy Pelosi et avaient déambulé dans les couloirs du Congrès, criant : « Où es-tu Nancy ? »

Le Monde avec AP et AFP