Motion de censure : « J’ai plus intéressant à faire »…. Sous pression, LR botte en touche
A l’Assemblée nationale,
On a regardé dans tous les coins, mais il fallait être chanceux pour apercevoir un élu Les Républicains, ce lundi, à l’Assemblée. La représentation nationale a pourtant débattu puis rejeté en début de soirée les motions de censure déposées par la Nupes et le RN sur le budget 2023, après l’utilisation par le gouvernement de l’article 49.3. Quelques minutes avant le début de la séance, le député MoDem Erwan Balanant ironisait devant les journalistes sur la discrétion des élus de droite. « Ça sera intéressant de savoir si on verra des Républicains dans l’Hémicycle, car depuis le début du mandat, ils ont disparu… »
« Pas question d’ajouter du chaos au chaos »Au moment où l’écologiste Cyrielle Chatelain lance les hostilités, à 16 heures, la quasi-totalité des sièges LR est vide. Une poignée d’élus, seulement, entoure le patron du groupe, Olivier Marleix, qui doit prendre la parole dans quelques minutes. Mais où est donc passée la droite ? N’est-elle pas intéressée par les échanges, qui s’annoncent électriques ? « Oh non ! Et je ne suis pas à Paris », nous répond par texto l’un d’eux, resté, comme de nombreux de ses collègues, en circonscription. « Ça ne m’intéresse absolument pas, j’ai beaucoup plus intéressant à faire… », ajoute un autre. La ligne à suivre, pour ce lundi, avait déjà été tranchée de longue date. Et confirmée, dimanche, dans une tribune au JDDintitulée La réforme oui, la chienlit non ! : 53 députés LR et apparentés y annonçaient leur refus de voter les motions de censure déposées par la Nupes et du RN.
Une position défendue dans la matinée par plusieurs élus du groupe. « Il n’est pas question d’ajouter du chaos au chaos, en mêlant nos voix à deux motions, très opposées entre elles », nous glissait le député LR de la Manche, Philippe Gosselin. « Nous sommes opposés au budget du gouvernement, qui aggrave les déficits et ne fait aucune réforme structurelle. Mais créer le désordre, ce n’est pas dans notre ADN », abondait Eric Pauget. Le député des Alpes-Maritimes reconnaissait toutefois que cette ligne d’opposition n’était « pas forcément perceptible par le grand public ».
Marine Le Pen met la pression sur LRD’autant qu’à la tribune, cet après-midi, Marine Le Pen appuie là où ça fait mal. En fine tacticienne, l’élue d’Hénin-Beaumont surprend tout le monde en annonçant que les 89 députés RN voteront finalement la motion de censure déposée par la gauche. La pression est désormais sur les seules épaules de la droite : si le gouvernement ne tombe pas ce lundi, ce sera bien de sa faute. Olivier Marleix tente tant bien que mal de défendre la position de son groupe, un poil plus fourni lors de sa prise de parole. Mais le président des députés LR est malmené par la gauche et la droite de l’Hémicycle : « Nous ne voterons pas de motion de censure. Nous ferions tomber le gouvernement, mais à quoi cela conduirait-il ? », interroge-t-il. « Cela aboutirait à remplacer le gouvernement Borne 2 par un gouvernement Borne 3, puis par un gouvernement Borne 4 […] Aucune utilité pour les Français ». Il menace : « Mais nous n’hésiterons pas à en déposer une nous-même si la situation l’exige ».
Olivier Marleix fait mine d’oublier une donnée primordiale : Emmanuel Macron a laissé entendre qu’il était prêt à dissoudre l’Assemblée nationale en cas de vote d’une motion de censure. Alors, en ne soutenant pas ces deux textes, la droite craint-elle le « chaos » institutionnel ou le retour aux urnes ? « Ils ont la trouille car ils savent qu’en cas de nouvelles législatives, ils perdraient des sièges », grince un député RN. On aurait bien posé la question à un élu LR après les débats, mais la droite était toujours introuvable…