Budget : l'Assemblée rejette les motions de censure, le volet recettes adopté
L'hémicycle a rejeté deux motions de censure de la Nupes sur le budget, malgré le soutien du RN, qui a aussi vu sa motion rejetée en début de soirée.
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L'Assemblée nationale a largement rejeté lundi soir une nouvelle motion de censure de l'alliance de gauche Nupes, entraînant l'adoption de facto de la partie recettes du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) en première lecture. La motion a recueilli 150 voix, loin des 289 nécessaires. Les députés vont pouvoir reprendre mardi l'examen de la partie dépenses de ce PLFSS 2023. L'Assemblée avait repoussé plus tôt deux motions de censure Nupes et RN sur le budget de l'État.
Alors que le RN avait décidé de voter en faveur de la motion de censure de la Nupes contre le budget du gouvernement, l'Assemblée nationale l'a finalement rejetée en début de soirée. La motion a recueilli 239 votes sur les 289 nécessaires. Les députés se sont ensuite prononcés sur la motion du groupe de Marine Le Pen, qui a été, comme attendu, largement rejetée, ne recueillant que 90 votes sur 289. Ces deux décisions valent adoption en première lecture du volet recettes du budget 2023. Lundi après-midi, Marine Le Pen avait déclaré que le RN était prêt à voter cette motion, car le texte était présenté, selon elle, « en des termes acceptables ». Elle avait ajouté : « Je le dis, pour que personne même en haut lieu ne se méprenne, au RN nous ne craignons pas les menaces de dissolution. »
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Les jours précédents, Marine Le Pen avait pourtant écarté « a priori » cette hypothèse, tandis que la plupart des membres de la Nupes avaient de leur côté exclu de voter pour la motion du RN. Les deux motions répondent à l'article 49.3 de la Constitution invoqué par la Première ministre pour faire passer sans vote la partie recettes du projet de loi de finances pour 2023.Élisabeth Borne s'en prend à la Nupes et au RNÉlisabeth Borne a brocardé lundi à l'Assemblée les motions de censure de la Nupes et du RN dont « le seul point d'accord » est de « vouloir l'échec du gouvernement », sur un budget soumis au 49.3 « meilleur que celui qui avait été déposé ». La Première ministre a fustigé, malgré des « différences majeures » entre ses auteurs, « des arguments tristement communs » aux deux motions selon elle.
Celle de la Nupes « enchaîne les excès et les contre-vérités », comme issue d'un « pays alternatif : celui où Jean-Luc Mélenchon serait parvenu au second tour de l'élection présidentielle, celui où il aurait gagné », a ironisé la Première ministre.
Celle du RN « dissimule mal, derrière l'apparence du sérieux, le simplisme, l'outrance et des fondamentaux idéologiques qui n'ont pas bougé depuis cinquante ans ». « Vous n'avez que le mot "République" à la bouche, mais rien dans vos propos n'a quoi que ce soit à voir avec la République ! » a-t-elle asséné à Marine Le Pen. « Je n'imagine pas un instant que vous puissiez gouverner ensemble. Pas un instant », a insisté Élisabeth Borne.
« L'urgence, c'est l'alternance »L'adoption d'une motion de censure aurait pour conséquence le rejet de ce texte, et ferait dans le même temps tomber le gouvernement. Mais même avec le soutien du RN, la motion de la Nupes n'a quasiment aucune chance d'être adoptée, car le groupe Les Républicains a exclu de la voter.
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Marine Le Pen a affirmé ne pas craindre qu'une éventuelle censure du gouvernement soit suivie d'une dissolution de l'Assemblée, une possibilité évoquée par Emmanuel Macron. « Je le dis, pour que personne même en haut lieu ne se méprenne, au RN nous ne craignons pas les menaces de dissolution », a-t-elle dit. « Devant tant d'échecs, devant tant d'incertitudes, l'urgence c'est l'alternance », a-t-elle ajouté. La cheffe de file des députés RN a reproché au camp présidentiel d'avoir ignoré la « soif de renouveau démocratique » exprimée lors des législatives de juin par les Français, qui « ont décidé de vous placer sous le contrôle du Parlement ».Un premier volet et des questions…Comme la Nupes, le RN reproche également au gouvernement d'avoir écarté du premier volet du budget des amendements adoptés par l'Assemblée avant l'activation du 49.3.
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Avec cette arme également activée pour la partie recettes du budget de la Sécu, « ce mandat à peine commencé a déjà pris des allures de fin de règne », a lancé Marine Le Pen.Elle a aussi fustigé le lancement du chantier de la réforme des retraites : « Comme si la situation n'était pas assez inflammable. » « Le douloureux précédent des Gilets jaunes ne vous a-t-il que si peu instruit ? » a-t-elle fait mine d'interroger.