4 actualités qui ont rythmé les étés d'antan à Monaco

Juillet 1874: le réchauffement dû aux comètes

Les considérations sur le réchauffement de la planète ne datent pas d’hier. Il y a cent cinquante ans, en juillet 1874, on transpirait à grosses gouttes. La montée au Rocher devenait une épreuve.

Sur le rivage de la Condamine, on respirait avec difficulté. La canicule sévissait. Dans son édition du 21 juillet 1874, le Journal de Monaco faisait le point.

"Les chaleurs que nous subissons depuis quelques jours et qui se sont abattues presque subitement sur nous, nous invitent à se souvenir des étés les plus chauds de ce siècle. Mentionnons d’abord l’été de l’année 1841, où les rivières tarirent dans plusieurs départements. On fut très embarrassé pour moudre les grains, et il y eut, dans les moulins à vent, une telle affluence de monde, que des conflits sanglants y éclatèrent. Une comète fut visible pendant plusieurs jours, et le vin de cette année-là, d’une qualité supérieure, porte le nom de vin de la comète. En 1846, nouvelle comète et chaleurs plus intenses encore. Pendant toute une semaine, le thermomètre marqua de 40 à 42 degrés au-dessus de zéro. Des maladies épidémiques se déclarèrent à Marseille, à Nice et Avignon. Dans plusieurs contrées du Languedoc et de la Provence, les bestiaux périrent faute d’eau. À Auch, on allait chercher l’eau potable à huit kilomètres de distance, et elle se vendit jusqu’à 6 centimes le litre. Le vin fut très abondant et de qualité supérieure. Pendant les étés de 1859, 1860 et 1869, les chaleurs furent également très vives, mais le thermomètre cependant ne dépassa jamais 37 degrés. De même qu’en 1811 et en 1846, une comète est en vue, et tout porte à croire que le vin de cette année sera aussi recherché que celui de 1846."

On l’aura compris, le réchauffement de la planète était corrélé… au passage des comètes! La connaissance scientifique a évolué depuis. Telle est l’une des surprises de notre périple dans le passé de la Principauté.

Juillet 1884: Monaco échappe au choléra

Tous les étés ne furent pas paisibles dans le passé. En juillet 1884, alors que l’on s’installait nonchalamment dans le temps des vacances arriva une nouvelle effrayante: une épidémie de choléra était apparue à Marseille et Toulon.

Le gouvernement prend des dispositions: "Il sera procédé tous les jours à la désinfection des égouts, des toilettes publiques avec du phénate de soude. Les passages de Lorète, de la Miséricorde et autres de la ville, seront régulièrement badigeonnés à la chaux. Les logements d’ouvriers et les maisons garnies seront visités avec soin, et le service du balayage et des vidanges fera l’objet d’une vigilante surveillance de la part de la police et des agents de la voirie. Les bagages et les marchandises venant de Toulon devront être désinfectés ou détruits en gare de Monaco. Les postes et les bureaux des gares seront approvisionnés de sirop de Calabre. Il est interdit de boire de l’eau pure."

Le Journal de Monaco indique comment fabriquer un filtre: "Prendre un pot à fleurs bien propre, étendre au fond une couche de gravier lavé; par-dessus, une couche de sable, et enfin, sur le sable, une autre couche de charbon de bois pilé en petits morceaux."

Ces mesures s’avéreront efficaces, Monaco fut épargné par l’épidémie.

Été 1904: baignade interdite à la Condamine

Le 2 juillet 1901, le prince Albert Ier lança la construction du grand port de Monaco.

Une grande carrière fut ouverte sur le côté Est du Cap Ferrat pour fournir les rochers nécessaires à la construction des jetées. Les travaux durèrent jusqu’en 1926. À partir de l’été 1904, on ne put plus se baigner à la Condamine.

Le Journal de Monaco du 19 juillet 1904 l’explique aux touristes: "En raison des travaux de construction du port de Monaco, l’établissement des Bains de Mer du boulevard de la Condamine a été fermé, et un arrêté municipal a interdit les baignades dans le port. Un nouveau local, construit par les soins de la Société des Bains de Mer, sur la plage de Larvotto, non loin du Casino, a été ouvert au public. Il se compose d’un pavillon central contenant l’entrée principale et donnant accès à un hall d’où le public accédera aux ailes portant les cabines. L’espace réservé aux baigneurs est nettement démarqué au moyen de fortes bouées flottantes et de cordes les reliant au rivage. L’établissement sera ouvert tous les jours, de 7 heures du matin à midi et de 3 heures à 7 heures du soir. Il sera desservi par un tramway partant de la place du Casino toutes les demi-heures."

Juillet 1904: le prince Albert Ier envoie un cerf-volant à 1.500 mètres d’altitude

Bien qu’il eût accédé au trône en 1889, le prince Albert Ier continua à multiplier ses expéditions scientifiques. Le Journal de Monaco tenait au courant la population de l’endroit où il se trouvait.

Ainsi cet article datant du 12 juillet 1904: "S. A. S. le Prince a profité de son séjour à Kiel pour intéresser S. M. l’Empereur d’Allemagne aux recherches météorologiques qui peuvent être entreprises avec des cerfs-volants. À la suite de plusieurs conversations avec le prince et des explications fournies par M. le professeur Hergesell, de Strasbourg, l’Empereur a décidé que des expériences seraient faites cet été, durant sa croisière en Norvège, par le contre-torpilleur Sleipner. Plusieurs officiers allemands ont assisté aux expériences faites par le Prince à bord de son yacht lors de sa sortie du 30 juin. Le lendemain, à la demande de l’Empereur, fut effectuée une sortie au cours de laquelle un cerf-volant vola jusqu’à une hauteur de 1 500 mètres. C’est un fait unique dans les annales de l’aérostation scientifique… On peut dès maintenant espérer que, grâce à l’heureuse initiative prise par Son Altesse, l’emploi des cerfs-volants va se généraliser dans les marines allemandes et françaises".