Monaco-Benfica: "un excès de sévérité", pourquoi le rouge d'Al ...
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L’AS Monaco a perdu à domicile contre le Benfica Lisbonne (0-1) ce mercredi lors du match aller des barrages de la Ligue des champions. Une défaite concédée à dix contre onze après l’expulsion de Moatasem Al-Musrati pour une très légère contestation. Une sanction qui semble sévère, y compris selon les règlements de l’UEFA, de l’IFAB ou selon le ressenti de l’ancien arbitre Bruno Derrien.
Pas verni pendant la phase de championnat et déjà battu par le Benfica fin novembre, l’AS Monaco a encore cédé à domicile ce mercredi lors du barrage aller de la Ligue des champions (0-1). Et encore une fois contre les Lisboètes, l’équipe dirigée par Adi Hütter a fini en infériorité numérique après l’expulsion de Moatasem Al-Musrati. Exclu pour un second avertissement, le Libyen a été puni pour avoir demandé à l’arbitre un carton jaune après une faute d’antijeu d’un adversaire.
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Une sanction infligée par Maurizio Mariani qui interpelle et a même scandalisé certains Monégasques dont Breel Embolo ou son entraîneur autrichien.
"Une contestation de Moatasem Al-Musrati? Non… Enfin… Je dirais que c’est une légère désapprobation", a analysé Bruno Derrien auprès de RMC Sport. Et l’ancien arbitre international de préciser: "A mon avis, cet avertissement rentre dans ce cas de figure. L’officiel a estimé que le joueur contestait par geste sa décision. A mon avis c’est ce motif qu’il a retenu pour sortir le carton."
Un arbitre aux cartons faciles en plein "excès de sévérité"
Arbitre à la gâchette facile, Maurizio Mariani n’a pas paru hésiter au moment de dégainer un nouvel avertissement pour le milieu de l’ASM. Celui qui avait officié lors de Lille-Real Madrid en début de saison, sortant déjà sept avertissements lors du succès des Dogues (1-0), a déjà distribué un total de 91 cartons jaunes pendant la campagne 2024-2025. Le tout en seulement 22 rencontres toutes compétitions. C’est simple, l’officiel a sorti au moins un avertissement à chaque match arbitré. Et le second sur Moatasem Al-Musrati peut sembler très sévère. Surtout qu’Alvaro Carreras, l’auteur de la faute initiale, n’a pas pris un second jaune sur cette séquence.
"Quand on compare les deux actions, il y a une action d’antijeu manifeste et le coéquipier a le tort de faire un petit geste pour demande un carton. Lui est sanctionné et l’autre joueur n’a rien. Je trouve que c’est un excès de sévérité. Je ne dirais pas un excès de zèle mais un excès de sévérité. C’est un arbitre italien, j’imagine qu’en Italie il doit en sortir des cartons là-dessus. Parce que les Italiens sont quand même des gens très tactiles, qui parlent beaucoup et font beaucoup de gestes. Donc il doit en sortir des cartons."
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"Ça aurait pu être géré différemment"
A la vue des images de Moatasem Al-Musrati contre le Benfica ce mercredi, difficile de valider totalement l’argument d’une "désapprobation" de la décision de Maurizio Mariani puisque le joueur ne conteste rien et n’est pas véhément dans son comportement vis-à-vis de l’officiel.
"Quand un joueur traverse tout le terrain parce qu’il y a eu une faute sur un coéquipier à 15 ou 20 mètres de là et qu’il court vers l’arbitre en disant 'carton, carton' c’est inacceptable et c’est carton jaune. Mais là, il est juste à côté et il ne court pas vers l’arbitre, il fait juste un petit geste. Ce n’est vraiment pas la mer à boire. L’arbitre peut le gérer différemment. Il peut lui dire que jusqu’à nouvel ordre c’est lui qui arbitre en lui demandant de se concentrer sur son jeu. Il peut gérer différemment parce que là c’est un deuxième jaune synonyme de carton rouge."
"La sanction est quand même grave et les Monégasques ne doivent pas être très contents. Il n’y a pas d’agressivité dans l’attitude du Monégasque, il ne court pas vers l’arbitre pour réclamer un carton. Ça aurait pu être géré différemment."
Un flou règlementaire?
Toutefois, et contrairement à une croyance bien ancrée dans l’imaginaire collectif, rien dans le règlement de la Ligue des champions ou dans le règlement disciplinaire de l’UEFA ne l’oblige très clairement à mettre ce second avertissement à Moatasem Al-Musrati. Et cela reste également un peu flou du côté de l’IFAB dans la Loi 12 sur les "fautes et incorrections". L’instance, qui fait valeur de référence pour la FIFA et l’UEFA, précise les motifs susceptibles de valoir un carton jaune.
Si le fait de "demander excessivement ou avec persistance d’infliger des cartons à l’adversaire" est bien mentionné par l’IFAB, c’est lors du point concernant les officiels des équipes comme les membres d’un staff ou les dirigeants. Pour ce qui est des joueurs sur le terrain, ce qui est le cas du milieu de Monaco mercredi, l’IFAB reste plus vague: "manifester sa désapprobation en paroles ou en actes". Bruno Derrien verrait d’un bon œil un éclaircissement du règlement.
"Si c’est assimilé à de la contestation ça rentre dedans mais il faudrait peut-être préciser la règle", a encore suggéré l’ancien arbitre international. "En disant que contester ou désapprouver un arbitre consiste dans le fait de réclamer un carton ou de manifester par geste. Peut-être le préciser."
Un précédent flou avec les capitaines pendant l’Euro 2024
Au-delà d’un certain manque de psychologie sur cette action, dans le fait d’infliger un second carton jaune, Maurizio Mariani s’est peut-être fendu d’un excès de zèle… ou d’une application des consignes orales de l’UEFA. Une situation déjà vécue en marge de l’Euro 2024 quand Roberto Rosetti, sous-directeur Arbitrage de l’UEFA, expliquait que seuls les capitaines seraient autorisés à parler avec l’arbitre central pendant les matchs du tournoi.
Là encore, comme ce qui a valu un second carton jaune à Moatasem Al-Musrati en Ligue des champions, rien n’est clairement écrit dans les règlements de l’instance continentale ou de l’IFAB. Comme il l’avait lui-même confirmé auprès du site de l’UEFA, Roberto Rosetti en avait seulement parlé aux sélectionneurs en marge d’un Conseil du football de l’UEFA.
"Le capitaine est l’interlocuteur de l’arbitre. De manière globale, si l’arbitre veut faire passer des messages c’est via le capitaine", a finalement rappelé Bruno Derrien. "Et les joueurs n’ont pas aller discuter avec l’arbitre, n’ont pas à discuter ses décisions."
Jean-Guy Lebreton Journaliste RMC Sport