Moldavie : Tout comprendre aux explosions en Transnistrie qui font craindre un débordement de la guerre en…
Vladimir Poutine a-t-il des vues sur la Moldavie ? Depuis ce lundi, des explosions en série ont retenti en Transnistrie, région séparatiste prorusse moldave ouvertement soutenue par Moscou. Au delà des détonations, cette nouvelle offensive russe fait craindre à la Moldavie, par la voix de sa présidente Maia Sandu, un débordement de la guerre en Ukraine. 20 Minutes fait le point sur la situation en Transnistrie ?
C’est où la Transnistrie ?La Transnistrie est une bande de terre deux fois plus petite que l’Alsace coincée entre la Moldavie et l’Ukraine. Ce territoire, qui compte environ 500.000 habitants, est fortement dépendant de la Russie qui lui fournit gratuitement du gaz et y a déployé 1.500 militaires. La Transnistrie, dont l’indépendance autoproclamée n’est pas reconnue par la communauté internationale, a fait sécession de la Moldavie après une brève guerre civile dans la foulée de l’effondrement de l’Union soviétique.
Et que se passe-t-il en Transnistrie ?Les autorités de la Transnistrie, une région séparatiste de Moldavie appuyée par Moscou, ont affirmé que des explosions s’étaient produites mardi dans une tour radio près de la frontière avec l’Ukraine. « Tôt le (mardi) 26 avril, deux explosions ont été entendues dans le village de Maïak », a déclaré dans un communiqué le ministère de l’Intérieur.
Les deux détonations, qui n’ont fait aucune victime, ont touché la tour radio de cette localité située à une cinquantaine de kilomètres au nord de la « capitale » de la Transnistrie, Tiraspol, a ajouté la même source. Deux « puissantes » antennes qui relayaient les fréquences radio russes ont été mises hors service, a affirmé le ministère, publiant des photos présentées comme montrant ces émetteurs gisant au sol.
Lundi, les autorités de la Transnistrie avaient affirmé que le siège du ministère de la Sécurité publique à Tiraspol avait été la cible d’une attaque au lance-grenades qui n’a pas fait de blessés.
Pourquoi la Moldavie s’inquiète-t-elle ?Si ces deux incidents n’ont pas fait de victime, ils renforcent la crainte d’un débordement en Moldavie. Maia Sandu, la présidente du pays, a lancé ce mardi un appel au « calme » et annoncé des mesures pour renforcer la sécurité du pays. « Il s’agit d’une tentative pour accroître les tensions (…) Nous appelons nos concitoyens à rester calmes et à se sentir en sécurité », a déclaré la présidente Maïa Sandu après une réunion du Conseil suprême de la Sécurité.
La présidente pro-européenne moldave a, en outre, annoncé un renforcement des patrouilles aux frontières et des contrôles dans les transports, notamment le long du fleuve Dniestr qui sépare la Moldavie du territoire séparatiste de Transnistrie. Elle a également appelé à augmenter le niveau de préparation des organes chargés de l’ordre public. Et d’ajouter : « La Moldavie condamne fermement toute tentative de déstabilisation de la situation. »
Ces mesures illustrent l’inquiétude qui règne en Moldavie, ex-république soviétique qui redoute d’être la prochaine cible de Moscou, après l’Ukraine. Dans la foulée des explosions, Kiev a d’ailleurs elle aussi accusé la Russie de vouloir « déstabiliser » la Transnistrie afin de pouvoir justifier une intervention militaire. Certains analystes estiment que la Transnistrie, où sont déjà présents 1.500 militaires russes, pourrait effectivement servir de tête de pont supplémentaire à l’invasion du sud de l’Ukraine, à l’image de la Biélorussie pour le Nord. En effet, Tiraspol n’est qu’à une centaine de kilomètres d’Odessa, la grande ville portuaire du sud de l’Ukraine que convoite Moscou.
Que dit le Kremlin ?La Russie « suit attentivement » la situation en Transnistrie, a fait savoir ce mardi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, ajoutant que « les informations qui en proviennent suscitent l’inquiétude ». Quant aux autorités locales, prorusses, elles ont décidé de relever pour quinze jours le niveau d’alerte « un niveau d’alerte "rouge" à la menace terroriste », renforçant ainsi les pouvoirs des forces de sécurité.
Le défilé militaire du 9 mai à Tiraspol, commémorant la fin de la Seconde Guerre mondiale, a aussi été annulé. Enfin, le dirigeant prorusse de la Transnistrie, Vadim Krasnosselski, a en outre assuré que les premiers éléments de l’enquête sur les incidents « menaient à l’Ukraine ».