Miss.Tic, pionnière du street art, est morte
La nouvelle a été annoncée par le biais de ses comptes sur les réseaux sociaux : l’artiste Miss.Tic, 66 ans, est morte dimanche 22 mai à Paris des suites d’une maladie.
Incontournable figure parisienne de l’art urbain, elle s’était fait un nom sur les murs de la capitale dès 1985. Des ruelles de Ménilmontant, du Marais ou de la Butte-aux-Cailles, elle ne s’est jamais départie d’une formule simple et efficace qu’elle aura déclinée à l’envi : un épigramme impertinent sur le sentiment amoureux, accompagné d’un autoportrait sexy, souvent en dessous et talons hauts, se jouant des codes de la femme fatale, le tout peint au pochoir en noir et blanc, et rehaussé de rouge.
Née à Paris le 20 mai 1956 d’un père immigré tunisien et d’une mère normande, Radhia Novat, de son vrai nom, a grandi à Montmartre, et passé son adolescence dans une cité d’Orly, avant une succession de drames, qui la rendront orpheline très jeune, et gauchère à la suite de l’accident qui fut fatal à sa famille et lui laissa une main atrophiée.
Elle fera des études d’arts appliqués et du théâtre de rue dans la compagnie Zéro de conduite, avant de s’exiler en Californie, où elle fréquentera le milieu punk, au début des années 1980. De retour à Paris, elle se rapproche de la bande des Frères Ripoulin et des VLP (Vive la peinture), qui peignent dans la rue, sur les palissades ou en détournant les pubs.
C’est un dépit amoureux qui lui inspirera son premier pochoir, déposé sur un mur du 14e arrondissement : « J’enfile l’art mur pour bombarder des mots cœurs ». Fan de BD, elle empruntera son pseudonyme au personnage de sorcière railleuse Miss Tick dans les albums de Picsou. Sa pratique nocturne et illégale, fera toujours écho à ses désirs, ses travers et ses déceptions sentimentales par ses formules piquantes et souvent engagées : « A la vie, à l’amor », « Amoureuse pratiquante », « Correspondante de guerre lasse », « Est-ce que l’homme descend du songe ? », « Pas d’idéaux, juste des idées hautes », « Je joue, oui », « Les actes gratuits ont-ils un prix ? », « L’émoi passe », « Egérie et j’ai pleuré », « J’ai du vague à l’homme »… « Elle était féministe et solidaire de la cause des femmes, mais à sa manière, très libre, indépendante et poétique. Elle n’était pas idéologue, mais profondément anarchiste », confient ses beaux-enfants, Antoine et Charlotte Novat.
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