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"Je ne suis pas sûr que la liberté soit garantie pour tout le monde", estime Michel Onfray

Je ne suis pas sûr que la liberté soit garantie pour tout le monde estime Michel Onfray
#Politique : INTERVIEW - Michel Onfray était l'invité d'Elizabeth Martichoux le vendredi 4 septembre. Auteur de "La Vengeance du pangolin", le philosophe partage son inquiétude sur la bonne santé de la République et du bon fonctionnement de la démoc

"Je ne suis pas sûr que la liberté soit garantie pour tout le monde", estime Michel Onfray | LCI PolitiqueINTERVIEW - Michel Onfray était l'invité d'Elizabeth Martichoux le vendredi 4 septembre. Auteur de "La Vengeance du pangolin", le philosophe partage son inquiétude sur la bonne santé de la République et du bon fonctionnement de la démocratie.

2020-09-04T08:59:58.863Z - Cédric Stanghellini

Michel Onfray était l'invité de l'interview d'Elizabeth Martichoux sur LCI à l'occasion des 150 ans de la République, célébrés aujourd'hui par un discours du président de la République Emmanuel Macron au Panthéon. Le philosophe vient également de publier son nouvel ouvrage, La Vengeance du pangolin qui rassemble ses chroniques et interviews réalisées durant la crise épidémique du coronavirus. Il est également co-directeur, avec Stéphane Simon, de la revue Front populaire. 

Lorsque qu'Elizabeth Martichoux l'interroge sur l'efficience en 2020 des trois valeurs socles de la République française -"liberté, égalité et fraternité" -, Michel Onfray dit les défendre avec ardeurs, en y ajoutant "laïcité et féminisme". Il se montre toutefois inquiet concernant le vivre-ensemble. "Quant à la fraternité, on est dans un communautarisme généralisé qui fait qu'on a pas grand souci d'autrui. On a souci du copain, de la tribu, du voisin, de l'ami, du pote, mais pas du tout de la communauté nationale". 

"Si vous avez la liberté sans l'égalité, cela donne la droite : 'on fait ce qu'on veut quand on veut et puis, après tout, s'il y a des pauvres, tant pis'. Si vous l'égalité sans la liberté, c'est la même chose. On estime qu'il y a une égalité devant le droit et si de temps en temps les libertés en prennent un coup, ce n'est pas très grave". 

150 de la République : "Je ne suis pas sûr que la liberté soit garantie pour tout le monde"

Pour Michel Onfray, la République est "piétinée", "maltraitée" et "insultée". "La République gêne les gens qui veulent faire des affaires. Quand vous avez l'argent et les bénéfices comme horizon indépassable, vous vous moquez bien que la liberté, de l'égalité et de la fraternité". Ceci pour une raison très simple : "Si la République fait la loi, ce n'est pas l'argent qui fait la loi. Si l'argent fait la loi, ce n'est pas la République qui fait la loi". 

"Je ne suis pas sûr que la liberté soit garantie pour tout le monde. La liberté d'informer, par exemple, n'existe pas quand la plupart des journaux sont entre les mains de milliardaires qui font passer leur idéologie et leur propagande. (...) Vous avez des journaux qui salissent votre pensée si votre pensée est vive". 

Affaire Obono : "On a le droit à une fiction"

Michel Onfray s'étonne du traitement fait au magazine Valeurs actuelles après la publication du récit fictif sur la députée France insoumise Danièle Obono, accompagné de dessins représentant l'élue d'origine gabonaise en esclave enchaînée. Cette dernière a annoncé son intention de porter plainte. "Je pense que c'est une fiction et qu'on a le droit à une fiction", estime le philosophe. "Je défends la liberté de la presse mais pas seulement de la presse de gauche". Michel Onfray estime que la France "n'est plus le pays de Voltaire, ni de Rabelais". "On ne sait plus aujourd'hui faire la part de l'humour, de l'ironie". Il défend "le droit de railler" et à "la fiction".

"Tous ces gens qui nous disent qu'ils ne sont que des descendants d'esclaves (...) et sont des victimes du simple fait qu'ils sont des descendants d'esclave ; et vous, parce que vous êtes blancs, vous êtes une coupable car vous êtres descendants des colonialistes. Tous ces gens, dont c'est la théorie (...) veulent bien le dire eux mais ne veulent pas que d'autres gens le disent".

Le philosophe s'insurge également contre une différence de traitement lorsque différentes personnalités sont visées par des attaques. "Moi quand je publie la revue Front populaire avec Stéphane Simon, j'ai quatre pages dans Charlie hebdo pour dire que je suis un 'fasciste', un 'type d'extrême droite'. Je n'ai pas porter plainte. Je n'ai pas eu un tweet du président de la République. Le Premier ministre ne m'a pas dit 'ce n'est pas normal que dans Le Point, BHL (Bernard-Henri Lévy, ndlr) vous assimile à Doriot". Homme politique soutenant le nazisme, Jacques Doriot a fondé le Parti populaire français en 1936, principal parti collaborationniste au moment de l'Occupation. 

Risque de guerre civile : "Je ne suis pas un personnage dangereux en disant une chose pareille"

Elizabeth Martichoux est notamment revenue sur les prévisions pessimistes de Michel Onfray, qui voit en France les ferments d'une guerre civile. Mais ce dernier se défend de jouer les Cassandre. "Je ne suis pas un personnage dangereux en disant une chose pareille. Vous avez des images qui font la démonstration que vous avez plutôt intérêt à foutre le bazar un jour de succès ou d'échec de match de football que quand vous êtes Gilets jaunes". Le philosophe voit en France un traitement "deux poids deux mesures" avec "des revendications des Gilets jaunes (qui) sont sévèrement punis par des policiers qui arrachent des yeux et des mains".

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L'interview Politique

"Je trouve sidérant que sur les plateaux de télévision on puisse consacrer une heure pour se demander si on a le droit de parler d'ensauvagement. Je rêve ! C'est comme si dans un service oncologie on se demandait si on a le droit de prononcer le mot 'cancer' quand quelqu'un a un cancer". Michel Onfray refuse de se cacher derrière une posture de pudeur vis-à-vis des éléments de preuves de séparation entre le peuple français qu'il observe. "La guerre civile c'est la possibilité, pour certains, d'être armés et d'interdire certains territoires (...) conquis par la délinquance. Le défaut de République fait qu'il y a des médecins et des pompiers qui ne peuvent plus rentrer dans certains endroits". 

Cédric Stanghellini

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