Michel Hidalgo, l'homme qui a sorti les Bleus de leur nuit noire, est mort
A quoi ressemble le bout du tunnel ? Pour l’équipe de France de football la lumière a enfin percé, ce 16 novembre 1977, quand Michel Hidalgo, en larmes et serré dans son coupe-vent bleu, est porté en triomphe par ses joueurs au Parc des Princes. Le jeune Michel Platini et ses coéquipiers viennent de battre la Bulgarie (3-1) et valider ainsi leur billet pour la Coupe du Monde 1978 en Argentine.
C’est peut-être un détail, mais à l’époque ça veut dire beaucoup pour un pays incapable de se qualifier pour une phase finale (de championnat d’Europe ou de Coupe du monde) depuis le Mondial 1966.
Michel Hidalgo est mort, mercredi 25 mars, à l’âge de 87 ans. Avec sa disparation, le football français tourne sa page romantique et ouvre la boîte à nostalgie. Hidalgo c’était Séville 1982, le « carré magique », la génération Platini, un mandat de huit ans et 75 matchs entre 1976 et 1984, terminé en majesté par un titre de champion d’Europe. Le tout premier trophée pour les Bleus.
Mais Michel Hidalgo n’aimerait pas qu’on ramène sa carrière à des statistiques. « Certains entraîneurs parlent chiffres, statistiques, pourcentages. Des techniciens de bazar ! », disait-il.
Kovacs le mentorUn dernier chiffre alors. Hidalgo a 43 ans quand il se réveille au 1er janvier 1976 dans la peau du sélectionneur de l’équipe de France. A l’époque, il existe bien meilleure situation. Des pointures comme le duo Snella-Arribas s’y sont cassé les dents, Just Fontaine a été congédié après deux matchs et autant de défaites neuf ans plus tôt. Même Stefan Kovacs, légendaire entraîneur de l’Ajax, n’a pas réussi à secouer la belle endormie entre 1973 et 1975.
Le Roumain se sait de passage et prépare le terrain pour son adjoint, un certain Michel Hidalgo. L’ancien milieu de terrain (Le Havre, Reims, Monaco) saura lui rendre hommage à l’heure des premiers succès :
« J’ai trouvé en lui quelqu’un pour m’orienter et me guider. C’était un homme de dialogue, délicieux. Il n’a pas eu de résultats, c’est vrai, mais il m’a permis d’en avoir, ensuite. »
A défaut de victoires, Kovacs a couché le diagnostic pour soigner les maux bleus. Le football français est un village gaulois constitué de castes irréconciliables. Réalistes et romantiques se balancent du poisson plus ou moins frais au visage par revues et journaux interposés. Il y a d’un côté les défenseurs d’un football de muscle et de béton – emmené par le directeur technique national, Georges Boulogne – pour lesquels le salut passe par le physique et la discipline. Ceux-ci méprisent l’école nantaise de José Arribas – qui le leur rend bien –, plus intellectuelle et tournée vers la technique.