Michel Fourniret : une trentaine d’affaires non élucidées pourraient être rouvertes après de nouvelles expertises
Combien de femmes ont croisé la route de l’Ogre des Ardennes ? Grâce aux dernières technologies scientifiques, de nouvelles expertises réalisées sur un matelas saisi en 2003 au domicile de la sœur de Michel Fourniret, ont permis d’identifier une dizaine d’ADN inconnus, selon les informations du « Parisien ». Pour les enquêteurs, ces nouveaux éléments permettent de lancer de nouvelles pistes sur la période de 1990 à 2000, au cours de laquelle aucun crime ne peut pour l'heure être attribué au tueur en série.
Un matelas passé au peigne finEn mars dernier, Michel Fourniret avait reconnu avoir tué Estelle Mouzin, la fillette de 9 ans disparue, en 2003. Des aveux confirmés depuis par son ex-épouse Monique Olivier, condamnée à la perpétuité avec 28 ans de sûreté pour avoir aidé le tueur en série dans ses crimes.
La juge en charge de l’affaire depuis 2019, Sabine Khéris, avait alors demandé de nouvelles expertises ADN sur le matelas saisi en 2003 dans l’ancien domicile de la sœur de Michel Fourniret, où il est soupçonné d’avoir emmené certaines de ces victimes. Fin août, l'avocat de Monique Olivier, Me Richard Delgenes, avait indiqué que l'ADN partiel d'Estelle Mouzin, avait été retrouvé à deux endroits sur ce matelas.
À la suite de cette découverte inattendue, le matelas a été expertisé avec la technique du quadrillage, qui consiste à réaliser des prélèvements par petits carrés, sur toute la surface de l'objet. C’est par ce procédé que les enquêteurs ont réussi à identifier une dizaine d’ADN. L’objectif est désormais de comparer ces nouvelles traces génétiques avec celles des personnes disparues ou tuées et dont les affaires restent non élucidées, afin de savoir si elles ont été en contact avec ce matelas et donc, avec Michel Fourniret.
Plusieurs affaires emblématiques dans le viseur des enquêteursL’ombre du tueur en série plane sur plus de 70 « victimes potentielles » mais le temps presse. Michel Fourniret à aujourd’hui 78 ans, sa mémoire semble décliner et les perspectives de le voir juger pour l’ensemble de ses crimes s’amenuisent de jour en jour. C’est pourquoi les enquêteurs s'intéressent en priorité à la dernière décennie des années 1990, durant laquelle aucune disparition ou meurtre ne lui ont été officiellement imputés. Pour ces avocats et certains enquêteurs, il est impossible que Michel Fourniret n'ait commis aucun crime sur une période aussi longue.
Au total, c’est une trentaine de « cold cases » qui sont susceptibles d’être rouverts. Parmi les comparaisons ADN prévues, au moins deux relèvent de dossiers médiatiques. Il y a d’abord le cas de Marion Wagon, disparue en 1996 à Agen à l'âge de 10 ans, et ensuite celui de Cécile Vallin, disparue en Savoie à l'âge de 17 ans, en 1997.
À ce jour, Michel Fourniret est incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis. Il a été condamné pour huit meurtre et est mis en examen pour trois autres.