Coronavirus : face à la reprise de l'épidémie en France, le masque sera obligatoire dans les lieux publics clos dès la semaine prochaine
Le premier ministre, Jean Castex, a annoncé, jeudi 16 juillet au Sénat, que le décret rendant obligatoire le port du masque dans les lieux clos recevant du public entrerait en vigueur « la semaine prochaine », alors que la date du 1er août était jusqu’ici évoquée.
« Nous envisagions l’entrée en vigueur de ces mesures le 1er août. J’ai entendu et compris que cette échéance apparaissait tardive. Le décret entrera donc en vigueur la semaine prochaine. »
Sur le port obligatoire du masque dans les espaces publics clos prévu à l’origine dès le 1er août, @JeanCASTEX anno… https://t.co/GF9ibdTvbg
— Senat (@Sénat)
M. Castex a précisé que « dans les locaux dits professionnels, cela suppose une évolution des protocoles sanitaires régissant les activités concernées ».
Entre « signaux faibles » à Paris et situation jugée « problématique » en Mayenne ou « inquiétante » en Nouvelle Acquitaine, le tableau que dressent les autorités de l’épidémie en France métropolitaine est peu rassurant.
En Mayenne, qui compte plusieurs foyers de Covid-19, le gouvernement a demandé au préfet « de mettre en place un certain nombre de mesures, comme l’obligation de port du masque dans les lieux publics clos sans attendre la date du 1er août », a annoncé M. Véran jeudi matin sur France Inter. Mercredi, le préfet de Mayenne, Jean-Francis Treffel, avait d’ailleurs signé un arrêté, à effet immédiat, rendant obligatoire le port du masque dans les lieux publics clos de six communes du département, dont Laval.
La Mayenne a dépassé légèrement le seuil d’alerte avec 50,1 nouveaux cas pour 100 000 habitants détectés en sept jours, selon Santé publique France mercredi. L’incidence – le taux de patients positifs par rapport à la population – est « supérieure à la moyenne nationale », a souligné le ministre de la santé. « Il y a des groupes de patients (clusters) identifiés, des chaînes de contamination qui sont traquées », a développé M. Véran. La plupart des cas se trouvent dans des « lieux clos ou confinés, dans lesquels on sait identifier les personnes qui sont malades », mais « il y a aussi du virus qui circule sur le territoire ». « C’est pourquoi nous augmentons massivement la capacité de tests sur place », avec à Laval quatre « drive-tests » accessibles à tous « même sans ordonnance », a annoncé le ministre.
Un plan de dépistage massif de toute la population âgée de plus de 10 ans, soit environ 300 000 personnes, a été lancé dans le département.
Evolution « inquiétante » en Nouvelle-AquitaineL’agence régionale de santé (ARS) évoque jeudi une « évolution inquiétante » en Nouvelle-Aquitaine, région jusqu’ici très épargnée par le virus. Dans un communiqué, l’ARS Nouvelle-Aquitaine recense dix clusters (au moins trois cas groupés), alors que son précédent point de situation, vendredi, n’en comptabilisait que trois. Sur ces dix foyers, un seul se trouve dans un Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), en Dordogne, six, notamment à Bordeaux, Brive ou Châtellerault, sont liés à des « événements privés » comme des fêtes ou des mariages, et deux dans la Vienne sont issus d’un « réseau familial élargi ». Ces cas sont dus au « manque d’application des gestes barrières », explique l’ARS, qui relève que « la saison propice aux retrouvailles familiales et aux festivités diverses présente un contexte favorable à une reprise active de la circulation du virus en Nouvelle-Aquitaine, région, de surcroît, très touristique ».
L’ARS dit également redouter les retours de voyage à l’étranger et le rassemblement de travailleurs saisonniers dans une région très agricole, comme en témoigne un cluster à Parentis-en-Born (Landes). La Gironde, le département le plus peuplé avec sa capitale, Bordeaux, est désormais en « vulnérabilité modérée », écrit l’ARS.
Véran ne « veut plus confiner le pays »Des « signaux faibles de reprise » de l’épidémie de Covid-19 sont également signalés dans des hôpitaux parisiens, a averti Olivier Véran. « Nous assistons dans certains hôpitaux parisiens à des signaux faibles de reprise épidémique, c’est pourquoi je demande aux Français de rester particulièrement vigilants, actifs, contre le virus », a déclaré le ministre, qui ne « veut plus confiner le pays ». Il s’agit d’indicateurs « non pas inquiétants, mais d’attention particulière » de reprise, comme le nombre d’appels à SOS-Médecins, au SAMU et d’admissions à l’hôpital, a-t-il détaillé.
Concernant les tests, il a affirmé avoir fait envoyer « 1,5 million d’ordonnances de diagnostic » dans la région Ile-de-France, et autorisé les techniciens de laboratoires à réaliser des prélèvements pour faire face à la hausse des demandes.
« Il y a un grand nombre de Franciliens qui souhaitent partir en vacances et qui veulent se faire tester avant de partir, ce qui veut dire qu’il y a un afflux de personnes qui veulent accéder aux laboratoires depuis quelques jours. »
Il y a donc un « besoin de ressources humaines, de bras, pour faire autant de tests PCR [par écouvillons] qu’il y a de demandes ». L’aéroport de Roissy est notamment capable de tester jusqu’à « 2 000 personnes par jour », affirme-t-il. Et sur leurs lieux de vacances, les Français, « où qu’ils soient, auront la possibilité de se faire tester », a assuré le ministre, qui préfère « convaincre » de faire des examens que de « contraindre ».
Le Monde avec AFP