« Mayday » : dernier vol pour la série B selon Jean-François Richet
Jean-François Richet, qui avait fait irruption sur les écrans français avec des brûlots banlieusards (Etat des lieux, en 1995, Ma 6-T va crack-er, en 1997), alterne depuis quelque temps les productions en français et en anglais, de part et d’autre de l’Atlantique, avec l’ambition de synthétiser une formule efficace, proche d’un certain cinéma de genre. Si Mayday est peut-être celui qui s’en approche le plus, c’est grâce à sa modestie bienvenue (Richet ne s’y est pas toujours rangé, comme en attestait le récent Empereur de Paris, 2018), qui consiste à réactiver les rouages d’un programme d’action typique de la série B des années 1980-1990, sans chercher à l’amplifier mais en l’appliquant simplement à la lettre.
Brodie Torrance (Gerard Butler), vieux briscard de l’aviation passé par la Royal Air Force, mais reconverti dans les vols low cost, doit assurer un dernier vol long-courrier, entre Singapour et la Californie, avant le Nouvel An. Hormis quelques passagers ordinaires, il est contraint de prendre à son bord un prisonnier réputé dangereux en cours de transfert (Mike Colter). Rencontrant un orage, l’appareil prend un coup de foudre qui met à mal le système électrique, ce qui force le pilote à atterrir d’urgence au milieu de nulle part. En fait, sur une île perdue des Philippines, où sévit une milice armée jusqu’aux dents. Afin de sauver ses passagers, le commandant y sera contraint de faire alliance avec le forçat.
Aller au bout de la missionLe titre original, Plane (« avion »), annonce clairement la netteté et le caractère basique du programme, où Richet et ses scénaristes, Charles Cumming et J.P. Davis, mélangent des éléments bien connus de film catastrophe et d’opération commando. Ils restaurent surtout un modèle d’action physique qui semblait balayé depuis longtemps par un Hollywood ayant achevé sa transition vers le tout-numérique. A travers son héros, Richet brosse le portrait attendu d’un professionnel dont l’obsession est d’aller jusqu’au bout de sa mission – d’accomplir son programme, ce en quoi on peut voir un évident relais du cinéaste lui-même.
Mais l’éthique guidant Torrance va un peu plus loin : « Chaque chose en son temps », répète ainsi le pilote en guise de devise, ou de mantra. Richet prend la morale à son compte et semble refaire ses gammes à l’intérieur d’une formule aussi décharnée, qui ne laisse aucune place à l’expression personnelle. Un plan après l’autre, faire monter la tension, atteindre son paroxysme : des notions élémentaires de mise en scène qui font tout le prix de cet objet revenu de l’enfer de la série B, comme s’il constituait aujourd’hui un paradis perdu.
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