Mayday : critique y a-t-il un Gerard pour sauver l'avion ?
C'est l'histoire de Gege dans un avion
Depuis le déjà pas terrible Blood Father (voire son remake d’Assaut), Jean-François Richet semble se chercher une carrière américaine du côté de la série B testostéronée qui sent du slip. Si le réalisateur de Ma 6-T va crack-er et du diptyque Mesrine y assure une certaine tenue technique et stratégique, on aurait pu espérer mieux pour ce solide artisan, bien qu’il se démarque par le côté rentre-dedans d’une mise en scène qui va toujours à l’essentiel.
En tout cas, c’est exactement ce qu’offre Mayday lors de ses premières minutes efficaces. L’indécrottable Gerard Butler fait de l’exposition minimale lors d’un Face Time avec sa fille (nous faisant comprendre au passage que la maman n’est plus de ce monde, et qu’il veut rentrer pour le Nouvel An comme dans tout sous-Die Hard qui se respecte), et le film définit ses enjeux par l’arrivée de passagers très sommairement croqués.
Sympa ce nouveau Call of Duty
À partir de là, on pourrait s’attendre à de la bourrinade à la Steven Seagal, qui nous justifierait que son héros pilote de ligne puisse tâter du fusil d’assaut du fait d’un passif chez les Forces spéciales ou les Scouts. Mais que nenni ! Gerard affiche fièrement ses pattes d’oie, ne cherche pas à dragouiller les hôtesses de l’air comme le kéké qu’il est, et se contente d’affirmer à son co-pilote qu’il n’est pas britannique, mais bien écossais (il faut croire que son accent à couper au couteau n’est pas un indice suffisant).
Prisonnier et victime de crash d'avion : combo pas de chance
Top GegeEn bref, Mayday veut montrer qu’il est à des années-lumière de Geostorm et autres Criminal Squad, même si le film semble se retenir de péter en voulant à tout prix fuir le Z si typique de notre montagne de muscles scottish adorée. L’ensemble n’en paraît que plus timoré, surtout au vu de son pitch, qui donne l’impression de combiner deux high-concepts qu’on aurait adorés dans les années 80 (un crash d’avion, et une île remplie de méchants indépendantistes).
Mais force est de constater que ce Gege mature et serein aide grandement le long-métrage et son réalisateur, ce dernier pouvant aisément se focaliser sur la pure montée en tension de ses séquences. Outre la sobriété prenante de sa première partie, et sa descente aux enfers littérale (épaulée par une gestion maline des plans dans le cockpit), le long-métrage n’a pas tant à se soucier de sa star vieillissante.
"J'appelle mon agent pour une suite"
Bien sûr, Butler s’offre quelques moments de badasserie bovines comme on les aime (dont un faux plan-séquence assez jouissif), mais Mayday cache une carte dans sa manche en la présence de Mike Colter (Luke Cage), prisonnier hautement recherché qui se retrouve embarqué dans cette galère, avant d’afficher fièrement son débardeur et ses muscles.
À partir de là, on ne saurait enlever à Richet son traitement très direct du concept, qui n'essaie pas de prendre de détours inutiles, si ce n'est pour un montage alterné avec le siège de la compagnie aérienne calé au forceps. Mayday s’assume comme un pur hommage à ces petits films de vidéoclub d’antan, et même si on aurait largement aimé qu'il se lâche plus, il est appréciable de voir notre Gege le majordome jouer les héros serviables, courageux et en bout de course. On oserait (presque) parler de mélancolie sur la fin des gros bourrins... et ça, c’est beau.