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Todd Haynes : “La lecture du scénario de 'May December' me ...

Todd Haynes  La lecture du scénario de May December me
Un drame envoûtant, une mise en scène virtuose… Todd Haynes revient sur son troublant face-à-face entre une actrice et la femme condamnée pour détournement de mineur, qu’elle doit incarner.

Un drame envoûtant, une mise en scène virtuose… Todd Haynes revient sur son troublant face-à-face entre une actrice et la femme condamnée pour détournement de mineur, qu’elle doit incarner.

Julianne Moore incarne une femme qui a une relation amoureuse avec un préadolescent (Charles Melton) et finit par fonder une famille avec lui après son incarcération.Julianne Moore incarne une femme qui a une relation amoureuse avec un préadolescent (Charles Melton) et finit par fonder une famille avec lui après son incarcération.

Julianne Moore incarne une femme qui a une relation amoureuse avec un préadolescent (Charles Melton) et finit par fonder une famille avec lui après son incarcération. Photo François Duhamel - Killer

Par Frédéric Strauss

Publié le 22 octobre 2024 à 18h00

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Original et magistral, May December sortait dans les salles en janvier dernier. Le farouchement indépendant Todd Haynes s’y inspire librement de l’histoire vraie d’une professeure de mathématiques américaine, qui fut condamnée à de la prison, dans les années 90, pour avoir eu des relations sexuelles avec un de ses élèves, collégien. Dans May December, expression qui désigne un couple marqué par une grande différence d’âge, Natalie Portman joue une actrice qui vient rencontrer la scandaleuse professeure, interprétée par Julianne Moore, dans le but de l’incarner à l’écran. Une situation rendue encore plus étrange par de véritables audaces esthétiques, signature de Todd Hayne, adepte d’une sophistication visuelle qu’il illustra aussi avec Carol (2015). Au Festival du film américain de Deauville, le réalisateur nous éclairait sur sa vision et ses choix.

Lire la critique

“May December”, de Todd Haynes : un troublant duo de femmes dans une mise en abyme virtuose

La rencontre de deux actrices

Le scénario de May December a été écrit par Samy Burch, je l’ai trouvé remarquable. J’ai été immédiatement impressionné par la retenue qu’il a donnée à cette histoire très volatile. Lorsque j’ai rencontré Natalie Portman, elle m’a rappelé Julianne Moore. Elle était attirée par les mêmes choses, une certaine indétermination dans les émotions, un certain inconfort. Et elle avait envie de jouer avec les attentes du spectateur qui la verrait, elle, Natalie Portman, dans le rôle d’une actrice nommée Elizabeth Berry. Je me suis alors demandé si Julianne Moore aurait envie de tenir le rôle de Gracie, la femme que rencontre Elizabeth Berry pour jouer son histoire. Natalie Portman et Julianne n’avaient jamais travaillé ensemble. C’était l’occasion rêvée.

Un face-à-face caméra

J’avais l’impression, en lisant le scénario, que nous étions en train d’observer un monde en gardant un peu de recul. Je voulais respecter ce sentiment de retrait et le traduire à travers la mise en scène. Par exemple, dans les scènes où il y a un miroir, c’est la caméra qui prend la place du miroir et les actrices jouent simplement face à l’objectif. Je pensais que les gens allaient, au mieux, trouver ce procédé intéressant. Mais ils n’ont rien décelé, ils avaient tout simplement été captivés par ce qu’ils avaient vu !

Une alerte musicale

À la lecture du scénario de May December, je me disais : « Ça me met vraiment mal à l’aise. Et je ne sais pas quoi en penser mais j’aime ça ! » Ce sentiment m’a ramené à la musique composée par Michel Legrand pour Le Messager (1971) de Joseph Losey. Cette musique est au premier plan, dès le générique. Elle met tout de suite le spectateur en alerte, et on se dit : « Attends une seconde, que va-t-il se passer ? Quelque chose va arriver, qu’est-ce que ça va être ? » Il y a cette sensation d’être sur ses gardes. Quand nous tournions des scènes sans dialogue, je diffusais la musique sur le plateau. Tout le monde y était immergé.

La valeur du zoom

Je n’ai jamais fait de film qui n’utilise pas de zoom. C’est un artifice purement cinématographique, unique en son genre. Personne ne peut zoomer avec ses propres yeux sur un objet, seul l’objectif de la caméra en est capable. Dans May December, l’utilisation du zoom a permis de donner à la mise en scène la retenue que je recherchais. Le zoom a eu pour effet de limiter le recours aux travellings. Le seul qu’on a vraiment mis en place intervient à la fin du film, après le dernier face-à-face entre Julianne et Natalie. Quand on use et abuse de certains procédés, ils perdent de leur sens. Il faute redonner toute sa valeur au langage cinématographique, notamment au zoom !

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