Mondiaux sur piste : Mathilde Gros décroche l'or
Attendue depuis des années, Mathilde Gros a apporté, vendredi 14 octobre, à la France sa première médaille d’or aux Championnats du monde sur piste à Saint-Quentin-en-Yvelines. C’est le premier sacre mondial pour la Provençale de 23 ans, grand espoir du sprint depuis les juniors, et elle l’a décroché dans l’épreuve reine : la vitesse.
« C’est incroyable. Je pense que je vais en rêver toute la nuit », a jubilé Mathilde Gros dans le vélodrome où auront lieu les Jeux olympiques, dans moins de deux ans. « Le but ultime, c’est Paris 2024. Mais je pense que ça va être un des plus beaux souvenirs de toute ma vie. C’est juste trop bien », a-t-elle ajouté.
Ce triomphe, la Française ne l’a pas volé, après avoir dominé à elle seule la puissante équipe allemande. D’abord, en demi-finale, en éjectant du tournoi la double tenante du titre, Emma Hinze, malgré la perte de la première manche. Elle a remis ça pour l’or en ne laissant aucune chance à Lea Sophie Friedrich, cette fois en deux matchs secs. « Le fait d’être à domicile m’a aidée énormément, raconte Mathilde Gros. En franchissant la ligne, j’ai crié de toutes mes forces, je pense que la terre entière l’a entendu ! C’est une émotion que je n’avais jamais ressentie de toute ma vie. »
Des revers avant le succèsMathilde Gros, née dans le Pas-de-Calais mais qui a grandi dans les Bouche-du-Rhône, a découvert le cyclisme par hasard, il y a huit ans, alors qu’elle était apprentie basketteuse de haut niveau et rêvait de paniers à trois points. Surdouée, elle s’est rapidement affirmée comme un grand espoir du sport français en enchaînant les titres chez les juniors, certains lui prédisant alors un destin à la Félicia Ballanger, la grande dame du sprint français, triple championne olympique.
Une pression qui l’a rendue parfois fébrile. Mathilde Gros a connu plusieurs revers après une prometteuse troisième place aux Mondiaux 2019, souvent par manque de confiance en elle. « Je prends des claques mais un jour j’aurai un déclic », disait-elle, l’an dernier, après deux contre-performances successives aux JO de Tokyo (9e de la vitesse individuelle et 13e du keirin) et aux Championnats du monde à Roubaix (9e du keirin).
Le déclic est donc venu vendredi, sur le vélodrome où elle a su se faire violence pour croire davantage en elle. Quitte à bousculer les championnes qu’elle admire, en défiant ses adversaires du regard pendant de longues secondes.
Un plaisir final qu’elle a partagé vendredi avec le public, nombreux et survolté, qui a entonné des « Mathilde, Mathilde » passionnés. « On ne se rend pas compte à quel point c’est puissant, explique la cycliste. C’est un truc de malade. Ca va être tellement bien Paris dans deux ans. Beaucoup de choses ont changé depuis les Jeux [de Tokyo en 2021] pour moi. On a tout repris du début. »
Médaille d’argent pour Melvin LandereauLes supporters français avaient été échauffés par la belle médaille d’argent décrochée plus tôt dans la soirée par Melvin Landerneau, qui était alors la deuxième pour la France dans ces Mondiaux, après le bronze décroché la veille par l’équipe féminine de poursuite.
Le champion d’Europe du kilomètre en août à Munich n’a certes rien pu faire face au surpuissant Néerlandais Jeffrey Hoogland, qui a conservé son titre avec une marge supérieure à 1 sec et 4 dixièmes. Mais il s’est ouvert lui aussi, à 24 ans, l’appétit en vue de Paris 2024.
« C’est une belle performance, a-t-il commenté. Dès le départ, je savais que ça allait être très difficile d’aller le chercher. L’objectif c’est de combler ce “gap” avec lui d’ici les Jeux. On va retourner au travail pour tenter de le rejoindre sur cette planète. »
Une planète où habite aussi l’Italien Filippo Ganna, qui a remporté un cinquième sacre mondial sur la poursuite individuelle, nouveau record du monde à la clé. Le meilleur rouleur de la planète est pourtant arrivé fatigué sur ces Mondiaux après avoir battu, samedi dernier, un autre record, celui, mythique, de l’heure, en parcourant 56,792 kilomètres sur la piste de Granges, en Suisse.
Mais il a su trouver les ressources pour battre son compatriote Jonathan Milan en finale, et enrichir sa vitrine à trophées, qui compte aussi deux titres mondiaux dans le contre-la-montre sur route.
Le Monde avec AFP