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Masque coronavirus : la vente en pharmacie autorisée dès ce lundi

Masque coronavirus  la vente en pharmacie autorisée dès ce lundi
MASQUE EN TISSU - En pleine épidémie de coronavirus, mettre un masque de protection est recommandé. Selon un arrêté publié ce weekend au Journal Officiel, la vente de masques grand public, en tissu lavable homologué et réutilisable est autorisée

MASQUE EN TISSU - En pleine épidémie de coronavirus, mettre un masque de protection est recommandé. Selon un arrêté publié ce weekend au Journal Officiel, la vente de masques grand public, en tissu lavable homologué et réutilisable est autorisée en pharmacie. Leur prix : moins de 5 euros l'unité. Le Conseil Scientifique estime que le port du masque doit être obligatoire dans les lieux publics, les collèges et les lycées après le déconfinement.

Sommaire

[Mis à jour le lundi 27 avril à 11h13] Chirurgical, en tissu homologué, à "bec de canard", 3 plis, bleu ou blanc... Mettre un masque de protection permet de limiter la propagation de l'épidémie de Covid-19. D'abord réservé en priorité aux soignants, il est désormais recommandé pour le grand public. Son port pourrait même devenir obligatoire dans les transports en commun d'ici le 11 mai. Dans ses recommandations du samedi 25 avril, le Conseil Scientifique préconise que le port du masque doit être "systématique" dans les lieux publics pendant les mois suivant la levée du confinement. Cela nécessite donc que des "masques alternatifs de production industrielle ou artisanale anti-projection" soient "disponibles pour l'ensemble de la population et distribués en priorité aux personnes en contact régulier avec le public". Par ailleurs, un arrêté publié ce weekend au Journal Officiel autorise la vente de masques grand public dans les pharmacies dès ce lundi 27 avril. Leur prix ne doit pas dépasser 5 euros l'unité et il ne faudra désormais plus d'ordonnance pour s'en procurer. La distribution auprès des Français devrait avoir lieu à partir du 4 mai "par les canaux de distribution les mieux adaptés", a annoncé Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d'Etat à l'économie dans un article des Echos ce vendredi 24 avril. Mais pour cela, encore faut-il avoir des stocks suffisants... A date, selon la Direction générale de Santé publique France :

  • 2.25 milliards de masques ont été commandés en France (25 contrats ont été signés) : "ce sont huit millions de masques qui ont été produits la semaine écoulée dans notre pays et on prévoit une production d'environ 17 millions de masques par semaine en France", a tenu à préciser le ministre de la Santé, Olivier Véran.
  • Anne Hidalgo, maire de Paris, promet la distribution de 500 000 masques fin avril.
  • 5 millions de masques seront débloqués dans la semaine (du 20 avril), qui seront destinés à "un certain nombre de professionnels de santé, les ambulanciers, les préparateurs en pharmacie, les sages-femmes, les techniciens de laboratoire, les aides à domicile, les manipulateurs radio...", ajoute le ministre de la Santé. Et de préciser qu'il sera ensuite possible pour "les malades" et "les personnes fragiles de solliciter des masques", toutefois "ça va prendre du temps".
  • 1.5 milliard de masques doivent être livrés pour le 31 mai.

Dès leur réception, ces masques permettront de combler la pénurie et les tensions d'approvisionnement auxquelles fait la France fait face depuis plusieurs mois. Chirurgical, médical, FFP2, 3 plis, en tissu, avec des fils de cuivre... Quel modèle porter ? Comment bien le mettre et quand le jeter ? Peut-on le fabriquer soi-même ? Avec quel tissu ? Quel tuto pour rapidement et facilement le confectionner ? Conseils. 

Le masque de protection, aussi appelé "anti-virus", à usage médical"chirurgical", anatomique, type "bec de canard"... est un dispositif médical destiné à filtrer les bactéries et à éviter de contracter un virus, comme celui de la grippe ou toute autre maladie virale. "Ces masques sont généralement portés au bloc opératoire pour éviter d'abord que les bactéries de la bouche du chirurgien ne soient projetées sur plaie chirurgicale du patient, mais peuvent aussi être portés par le grand public pour se protéger des micro-organismes dans un contexte d'épidémie, comme la grippe ou le Covid-19 par exemple", indique le Dr Pierre Parneix, médecin hygiéniste et praticien hospitalier en Santé publique au CHU de Bordeaux et responsable du Centre d'appui à la prévention des infections associées au soins (CPIAS) de Nouvelle Aquitaine.

Promis par Emmanuel Macron lors de son allocution du 13 avril, le masque "grand public" ou "alternatif" sera un complément aux gestes barrières et chaque Français pourra s'en procurer un d'ici le 11 mai. Ce masque grand public ou alternatif est en tissu lavable et donc réutilisable plusieurs fois. Il n'a pas le même degré de protection que le masque chirurgical ou médical, que l'on trouve en pharmacie. Et encore moins efficace que le masque respiratoire de type FFP2 ou FFP3 utilisé par le personnel médical. Il répond toutefois à des normes. Il peut être fabriqué de manière artisanale (fait-main à partir de tutoriels ou modèles de patron disponibles sur Internet, diffusé par l'Afnor ou le CHU de Grenoble par exemple), à trois plis ou à "bec de canard", mais aussi de manière industrielle. Les autorités sanitaires françaises ont d'ailleurs validé plus de 80 prototypes à près de 50 entreprises issues de la mode et du textile. L'objectif étant d'en confectionner 17 millions par semaine d'ici le 11 mai. "Il est probable, s'agissant des transports publics, qu'il soit obligatoire pour les utiliser de porter un masque grand public", ont ré-insisté Edouard Philippe et Olivier Véran lors de leur conférence sur les grands principes du plan de sortie du déconfinement. 

Même si les modalités de distribution n'ont pas clairement été évoquées (sera-t-il distribué gratuitement ou sera-t-il payant ?), le ministre de la Santé envisagerait "un amorçage de l'Etat" et un travail "avec les maires et pourquoi pas avec la grande distribution". Autrement dit, ces masques seraient "probablement disponibles dans les mairies des villes ou les collectivités locales", a évoqué Olivier Véran, toujours sur RTL. Mais ce n'est pas tout "plusieurs modes de distribution ont été identifiés pour permettre à un maximum de Français d'y avoir accès. (...) Nous regardons toutes les hypothèses : pharmaciens, mairies, grande distribution, buralistes, plateforme Afnor, e-commerce...", indique aux Echos Agnès Pannier-Runacher la secrétaire d'État à l'Economie, le 24 avril. Plusieurs villes commencent à distribuer des masques "grand public" :

  • A Nice, les premiers masques sont distribués aux Niçois à partir de vendredi 24 avril, a annoncé le maire de la ville, Christian Estrosi.
  • A Toulouse, les 37 communes de la métropole se sont associées pour que chaque habitant puisse bénéficier d'un masque en tissu d'ici le déconfinement. La distribution sera assurée par chaque mairie. 800 000 masques ont d'ores et déjà été commandés par Toulouse Métropole. 
  • A Lyon, 2 millions de masques vont être distribués en mai aux Lyonnais. Ces masques seront en tissu, lavables et donc réutilisables. 
  • A Deauville, les premiers 5 000 masques ont été distribués depuis le samedi 18 avril à la salle des fêtes de la ville. La distribution se fait les mardis et les vendredi de 9h à 16h ainsi que les jours de marché. 
  • A Paris, deux millions de masques seront prochainement distribués aux Parisiens, a annoncé Anne Hidalgo, maire de Paris le 7 avril. La Présidente d'Île-de-France Valérie Pécresse a quant à elle promis, sur BFMTV, de distribuer gratuitement des masques aux voyageurs das les transports en commun "pendant les premières semaines du déconfinement"
  • A Reims, 300 000 masques grands publics sont attendus afin d'être distribués à chaque habitant de Reims et du Grand Reims à la sortie du confinement.
  • A Nantes, 600 000 masques "certifiés selon les recommandations de l'AFNOR" vont être distribués à chaque habitant d'ici 3 semaines. Chaque masque coûtera entre 3.5 et 4 euros à la commune, mais sera totalement gratuit pour les Nantais, assure Johanna Rolland, la maire de Nantes.
  • A Valence, un masque en tissu sera distribué gratuitement à chaque habitant de la ville à partir du 26 avril. 
  • A Joinville, 11 000 masques seront distribués dans toutes les boîtes aux lettres de la ville à partir du lundi 27 avril. 
  • Dans la communauté de communes de Lacq-Orthez (Pyrénées-Atlantiques), 55 000 masques ont été commandés et vont être distribués à chacun des habitants des 61 communes concernés à partir du 11 mai. 

Un retour progressif à l'école est prévu à partir du 11 mai et sur la base du volontariat des parents des élèves. A l'heure actuelle, il n'y aucune recommandation scientifique pour faire porter des masques aux enfants, a assuré Olivier Véran, le ministre de la Santé le vendredi 24 avril sur France Inter. "Je considère que c'est très compliqué de demander à un enfant de 10 ou 11 ans, qui est à l'école primaire, d'aller porter un masque toute la journée, à l'intérieur, en extérieur, de jouer avec dans la cour de récré quand on va commencer à dépasser les 30 °C" a-t-il précisé. Il a rappelé toutefois l'importance pour les enfants de respecter les gestes barrières : le lavage des mains, le fait de tousser dans son coude, de jeter ses mouchoirs après usage, s'éloigner des autres élèves quand cela est possible... Un stock de masques chirurgicaux est néanmoins prévu pour les enfants malades, fragiles qui en auraient besoin et "quand cela se justifie". Selon le Conseil Scientifique qui a livré ses recommandations samedi 25 avril, le port systématique d'un masque dans les semaines suivant la levée du confinement serait "impossible" en maternelle, "adaptable en fonction de l'âge" en primaire et "obligatoire" pour les adolescents, des collèges et des lycées

L'Association française de normalisation (AFNOR) met à disposition des particuliers et des industriels un tutoriel de fabrication de masques barrières (non médicaux) téléchargeable. Ce dispositif, conçu pour faciliter et accélérer la fabrication en série ou artisanale d'un nouveau modèle de masque, n'est pas destiné à être utilisé par les personnels soignants au contact des patients. "Ce masque n'exonère à aucun moment des gestes barrières. C'est une protection supplémentaire pour les personnes saines lorsqu'elles se déplacent ou travaillent", résume Rim Chaouy, responsable de pôle santé et sécurité au travail d'AFNOR et pilote du projet.Ces masques à fabriquer soi-même doivent être lavés à 60 degrés, en machine sur un cycle "coton", après chaque utilisation. Ces masques, validés par la Société Française d'hygiène hospitalière, peuvent être fabriqués avec :

  • deux couches de toile de coton (ou un tissu non-tissé en polypropylène),  enserrant une couche de viscose (soie artificielle), de polyester ou de polyamide pour les masques classiques
  • deux couches de popeline de coton pour les masques 3 plis. 

La liste des matériaux testés, validés et utilisables va continuer à être complétée au gré des résultats des essais menés en laboratoire. L'AFNOR doit réaliser cette semaine des tests pour savoir quels tissus utilisés et définir s'il est possible de confectionner un masque à partir d'un tissu non homologué (vieux draps, tissu de récupération...) "Nous avons beaucoup de contacts tous azimuts avec les pharmacies, La Poste, la grande distribution, pour des mises à disposition. On cherche des points de relais et on travaille également sur les modalités de vente à prix coûtant ou de gratuité. [...] Mais il faut s'armer de patience, la distribution n'est pas encore réalisée. On en est toujours à la phase de confection", explique un porte-parole de l'Association à Libération. 

Le masque de protection n'est efficace que s'il est bien porté. Les conseils du Dr Parneix pour le positionner correctement :

  • Porter le masque dans le bon sens. En général, la face colorée doit se trouver vers l'extérieur et non contre la bouche. Le côté blanc est la face absorbante : elle doit être appliquée contre la bouche.
  • Le côté rembourré de la barrette nasale doit être placé sur la bosse du nez pour bien protéger le nez.
  • Préférer les masques avec des attaches élastiques plutôt que des lanières : le masque sera plus simple à enfiler. 
  • Le masque doit être bien enveloppant et passer sous le menton pour bien protéger la bouche et le nez. 
comment mettre un masque de protection
Etapes pour bien mettre un masque de protection © AFNOR

Face à la pénurie de masques de protection dans le monde, le Chili estime avoir trouvé une alternative. Deux entreprises chiliennes ont mis au point un modèle de masque en polymère dans lequel ont été ajoutées des nanoparticules de cuivre, un métal antiseptique et bactéricide capable de détruire très efficacement les acides nucléiques de l'ADN d'un virus, comme le coronavirus. Ces masques en fils de cuivre certifié sont lavables et donc réutilisables. Premier producteur de cuivre au monde, le Chili a effectivement rapidement fait certifier les propriétés antiseptiques du cuivre. Plusieurs études scientifiques avaient déjà montré que le coronavirus responsable de l'épidémie Covid-19 survivait très peu de temps sur le cuivre, contrairement sur les autres surfaces comme le plastique, le carton ou l'inox. Le cuivre est d'ailleurs un matériau déjà très utilisé dans les unités intensifs des hôpitaux (les surfaces en cuivre permettraient de réduire de 40% le risque d'infection). 

Certains experts estiment que porter un masque artisanal est "mieux que rien"

Les masques normés étant désormais réservés aux soignants et aux malades (suspectés ou testés), de nombreux tutoriels pour fabriquer son masque à la maison fleurissent sur Internet. "Pour être efficace, le masque doit être conforme à la norme française et européenne "NF EN 14683" rappelle le Dr Parneix. Alors masque fait-maison ou pas ? Les experts sont partagés. Certains affirment que les masques fait-maison ne sont absolument pas efficaces, "faussement rassurants" et qu'ils ne protègent ni celui qui le porte ni son entourage. La Société française d'hygiène hospitalière confirme, dans un avis du 14 mars, qu'il faut "éviter d'utiliser d'autres types d'écrans à la place des masques chirurgicaux (masques en tissu, masques en papier, chiffons noués derrière la tête type bandana) du fait de données scientifiques concernant leur efficacité (étanchéité) très rares". D'autres estiment que porter un masque artisanal est "mieux que rien".Pour trancher, Olivier Véran, ministre de la Santé a "demandé aux autorités compétentes de nous rendre des avis sur la question". Et de mettre en garde sur l'utilisation de ces protections homemade : elles ne sont, selon lui "pas l'alpha et l'omega de la protection". Quid des écharpes et des bandanas qu'on enroule autour de son visage ? On se croit protégé alors que non : ils filtrent certes les grosses poussières et le pollen par exemple, mais pas les virus qui sont des micro-organismes microscopiques (leur taille varie de 0.02 µm à 0.3 µm). Ils ne protègent donc pas du Covid-19. 

Pour le moment, le port du masque n'est pas obligatoire dans l'espace public en France.

  • En France, pour le moment, le port du masque n'est pas obligatoire dans l'espace public. A partir du 11 mai, le port du masque sera "très probablement obligatoire dans certains lieux publics et dans les transports en commun", a indiqué Edouard Philippe lors d'une conférence de presse du dimanche 19 avril. En attendant cette éventuelle obligation, porter un masque dans la rue, dans les transports en commun ou dans n'importe quel lieu public est recommandé par l'Académie de Médecine. Des règles concernant une potentielle obligation de porter un masque et les modalités du réseau de distribution des masques "grand public" devront être établies et dévoilées d'ici deux semaines, a informé Olivier Véran sur RTL le 14 avril. Par ailleurs, le ministère de la Transition écologique et solidaire, en charge des Transports, est en train de discuter sur d'éventuelles règles mises en place dans les transports en commun pour le personnel et les passagers.
  • Au Luxembourg, porter un masque, un foulard ou une écharpe autour du visage est obligatoire dans l'espace public depuis le lundi 20 avril, a indiqué son Premier ministre Xavier Bettel. Près de 7 millions de masques vont être distribués aux citoyens du pays et ceux qui y travaillent comme les travailleurs frontaliers. 
  • En Italie, le port du masque, ou de "tout instrument (écharpes, foulards) qui permettent de couvrir le nez et la bouche" est obligatoire dans l'espace public en Lombardie et en Toscane, depuis le 5 avril. 
  • En Espagne, pays d'Europe le plus touché par l'épidémie, distribue des masques à l'entrée des stations de métro. Le port du masque n'est toutefois pas obligatoire pour sortir dans la rue. 
  • En République Tchèque, en Slovaque, en Solvénie : le port du masque est obligatoire dans tous les espaces publics.
  • En Autriche, le port du masque est obligatoire dans tous les supermarchés à partir du 1er avril. Cette obligation sera certainement étendue dans tous les espaces publics.
  • En Bulgarie, porter un masque est "très fortement" recommandé et pourrait devenir obligatoire pour tous les passants.
  • Aux Etats-Unis, qui ont dépassé la barre des 200 000 contaminations, ils envisagent également de faire porter des masques à tous les Américains une fois que les stocks seront à nouveau disponibles. 
  • Au Sénégal, le port du masque est obligatoire depuis dimanche 19 avril dans "les services de l'Administration, du secteur privé, de commerce et de transport". Une mesure prévue pour durer pendant tout l'état d'urgence, soit au moins jusqu'au début du mois de mai. "Tout manquement aux présentes dispositions sera puni par les peines prévues par les lois et règlements", apprend-on dans un arrêté du ministère de l'Intérieur.

Le port de masques médicaux n'est pas une pratique culturelle en France à l'inverse d'autres pays comme en Asie. "Au lieu de remercier les gens qui portent des masques car elles nous protègent de leurs virus, on a plutôt tendance à les juger comme "dangereuses". C'est un regard qu'il faut vraiment changer ! Porter un masque, est un très bon réflexe", indique le Dr Pierre Parneix. 

  • Une personne suspectée de présenter des symptômes d'infection respiratoire ou avérée malade peut porter un masque chirurgical pour protéger les autres de ses symptômes (à la maison, dans les lieux publics...). 
  • Le masque peut également servir dans un contexte de prévention de l'exposition au virus. Il a un "effet barrière" qui va empêcher le passage des particules bactériennes et virales. "Le mode de transmission du coronavirus est sensiblement le même que celui de la grippe, c'est-à-dire qu'il se transmet d'homme à homme lors de contacts rapprochés (se toucher ou se serrer la main par exemple) et par voie aérienne en toussant  ou en éternuant (gouttelettes de salive, postillons)" précise le médecin hygiéniste."
  • Les masques ont donc un intérêt pour s'en protéger mais "n'ont aucun sens si on ne se lave pas les mains puisqu'en pratique on touche des surfaces contaminées" a rappelé le Pr Jérôme Salomon le 26 février 2020 au Sénat.

Pour tous les autres : inutile de porter un masque de protection. Le meilleur moyen de se prémunir contre le coronavirus est de respecter les gestes barrières : se laver les mains régulièrement et particulièrement après chaque sortie, utiliser du gel antibactérien s'il n'y a pas de point d'eau à proximité, éternuer et tousser dans son coude, se moucher avec un mouchoir à usage unique que l'on jette immédiatement, maintenir une distance de sécurité avec ses interlocuteurs d'au moins un mètre...

masque de protection pour qui
Masques : à qui sont-ils réservés ? © Ministère de la Santé

Il existe plusieurs types de masque qui ont des niveaux de filtration variables. "Pour définir le niveau de filtration, on réalise un test avec un aérosol contenant des souches de staphylocoque doré", explique le Dr Parneix. On distingue :

Les masques chirurgicaux (bleu) de type I qui filtre 95% des bactéries et de type II qui filtre plus de 98% des bactéries. On distingue les masques de type 2 normaux et ceux de type R qui sont plus étanches et résistants aux projections. Dans le cas de l'épidémie de coronavirus, ce sont des masques chirurgicaux qui sont réservés aux malades ou aux personnes en contact avéré avec un malade

Le masque de protection respiratoire (masque coque, canard, masque FFP2 ou FFP3) est un masque de sécurité avec un très haut niveau de filtration qui est utilisé en milieu de soins pour des agents infectieux comme celui de la tuberculose par exemple. Ce masque, qui pour être efficace doit avoir une forme adaptée au visage de la personne qui le porte, ne filtre plus uniquement des bactéries, mais également des aérosols. Il est réservé aux professionnels de la santé de toute la chaîne (transport sanitaire, pompiers, médecins libéraux, infirmiers...) et n'est pas à destination du grand public. "Cela n'a pas de sens d'en porter quand on est un citoyen, pour aller faire ses courses par exemple, souligne le Pr Salomon. Ce sont les gestes à risque qui contaminent du coronavirus : quand on intube un patient, quand on l'examine…"

différences masques de protection coronavirus
Les différents masques de protection © Olena - Adobe Stock

S'il n'est pas en tissu, le masque est jetable. Le masque chirurgical anti-projection (vendu en pharmacie ou sur internet) a une durée de vie de 3 à 4 heures. "Au-delà, il faut le jeter à la poubelle. Le masque est à usage unique et en aucun cas lavable ou réutilisable. Après chaque sortie, dès le retour à la maison, il ne faut pas le manipuler et le jeter car il est potentiellement contaminé", prévient le Dr Parneix. Il ne faut donc pas réutiliser un masque dès lors qu'il a été manipulé et ôté du visage. Le masque de type FFP a quant à lui une durée de 8 heures. 

Masque périmé : encore efficace ?

Soutenu par la direction générale de la Santé, le Ministère du Travail a autorisé, jeudi 26 mars 2020, l'usage de masque de protection (de type FFP2) périmé, à condition que la date de péremption ne dépasse pas 6 mois, et que "des consignes strictes sont respectées avant leur utilisation". Ces masques périmés doivent :

  • "Avoir été stockés dans les conditions de conservation conformes à celles prévues par le fabricant ou le distributeur".
  • "Avoir fait l'objet de quatre tests successifs" avant leur utilisation. Ces tests ont pour but de vérifier l'intégrité des conditionnements, l'apparence (la couleur d'origine), la solidité des élastiques et de la barrette nasale de maintien du masque, et l'ajustement du masque sur le visage.

Le masque chirurgical ou anatomique a une durée de vie de 3 heures. On le jette après.

Il vaut mieux acheter un masque chirurgical en parapharmacie ou en pharmacie que sur Internet pour deux raisons : avoir la garantie que le masque soit bien conforme à la norme NF EN 14683 et pouvoir bénéficier des conseils du pharmacien, notamment sur le port du masque. "Évitez de vous procurer des masques chirurgicaux sur Internet sans la mention NF EN 14683 car on n'est jamais sûr de leur efficacité", conclut l'expert. De plus, en cas d'épidémie, certains vendeurs en profitent pour gonfler les prix des masques sans en garantir la qualité. Il faut donc rester vigilant et privilégier le circuit pharmaceutique. Selon des informations divulguées par le Parisien le 23 avril, des masques pourront être vendus dans les bureaux de tabac à partir du 30 avril au prix indicatif de 5 euros. Chaque buraliste devra passer sa propre commande de masques sur une plateforme conçue par la Confédération des buralistes. A partir du 27 avril, les officines sont autorisées à vendre des masques grand public à leurs clients - sans ordonnance médicale - à un prix ne dépassant pas 5 euros l'unité, précise un arrêté publié au Journal Officiel du 25 avril. 

  • Un masque chirurgical coûte en moyenne entre 20 et 50 centimes l'unité (hors pandémie de coronavirus)
  • Un masque respiratoire de type FFP2 peut coûter jusqu'à 20 euros.
  • Un masque respiratoire de type FFP3 peut coûter jusqu'à plusieurs de dizaines d'euros.

Mise en garde : les prix n'étant pas réglementés  se sont envolés sur Internet et dans certaines pharmacies. 

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Merci au Dr Pierre Parneix, médecin hygiéniste et praticien hospitalier en Santé publique au CHU de Bordeaux et responsable du Centre d'appui à la prévention des infections associées au soins (CPIAS) de Nouvelle Aquitaine.

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