Maroc: la sécheresse fait exploser le prix de l'huile d'olive, en passe ...

Au Maroc, l'huile d'olive est en passe de devenir un produit de luxe. Sous l'effet de la sécheresse qui dure depuis six ans, la production nationale a chuté et les prix se sont envolés. Sixième consommateur mondial, le Maroc voit cet aliment phare de sa cuisine devenir inaccessible pour les plus modestes.
Publié le : 11/02/2025 - 17:00
2 min
Publicité
Avec notre correspondant à Casablanca, Matthias Raynal
Hicham tient une petite épicerie dans le centre-ville de Casablanca, au Maroc. Et il n'avait jamais vu ça : « C'est la première fois que l'huile d'olive atteint ce prix-là. En quelques années, depuis le Covid, cela a doublé ! »
Le prix du litre dépasse désormais les 100 dirhams, environ 10 euros. Beaucoup de Marocains ne peuvent plus se permettre d'en acheter. « La consommation d'huile d'olive a baissé énormément, poursuit Hicham. Celui qui prenait un litre, désormais, il achète la moitié, voire un quart. Maintenant, on a même une bouteille de 250 millilitres ! »
Une cliente, Lkhawda, est partagée. À la fois désespérée par l'augmentation des prix et fataliste : « C'est trop. Mais c'est normal, il n'y a pas de production, il n'y a pas de pluie ! Comment tu peux avoir des olives dans ces conditions ? Mais je comprends, les temps sont durs. Si tu arrives à avoir de l'huile d'olive, c'est déjà pas mal. »
Le produit est devenu si cher que dans le tajine traditionnel marocain, l'huile d'olive tend même à être remplacée par l'huile de tournesol. Pour faire face à la baisse de la production nationale et tenter d'en atténuer l'impact sur le consommateur marocain, le gouvernement a décidé, dès 2023, de restreindre l'exportation des olives. En fin d'année, les autorités ont également décidé d'ouvrir le marché local aux huiles d'olives étrangères, celles en provenance du Brésil notamment.
Au royaume, le changement climatique frappe durement l'agriculture qui va devoir s'adapter. Selon Badr Zaher, professeur-chercheur en droit des affaires à l'université Hassan II de Casablanca, « il faut repenser le modèle agricole au Maroc, sachant qu'aujourd'hui, l'agriculture consomme plus de 80% des réserves d'eau ».
«On parle de sécheresse structurelle désormais, au Maroc, donc il faut repenser le modèle agricole», analyse Badr Zaher, professeur-chercheur à l’Université Hassan II.
Matthias RaynalÀ lire aussiLe Maroc face à la crise de l'eau