Maroc Burkina Faso. À Lens, émotion et football se mêlent après le ...
Dans le monde du football, les hommages se multiplient après le tremblement de terre qui a frappé le Maroc. Au stade Bollaert de Lens, ce mardi, c’est une marée rouge et verte de solidarité qui a montré son soutien, à l’occasion du match amical opposant le pays endeuillé au Burkina Faso.
« C’est un moment particulier, tout le soutien va vers le Maroc. On pense à tous ceux qui sont là-bas, qui nous ont quittés », affirme Soraya, venue en famille. « On n’est plus du tout dans le même état d’esprit que quand on a acheté nos billets », poursuit cette responsable entrepôt de 37 ans, dont les filles agitent des drapeaux marocains.
« Tous Maroc, tous solidaires, hommage aux sinistrés », proclame une banderole déployée des tribunes, où le rouge parsemé de vert domine.
Une immense ovation a accueilli les joueurs marocains à leur entrée sur le terrain. Leurs rivaux ont été sifflés. Le stade entier s’est levé pour l’hymne marocain, avant une minute de silence conclue par des Allahou Akbar lancés par le public. « Les moments sont difficiles, mais voir tout le pays ensemble prouve qu’on reste unis », se console Sofian, un livreur dans la trentaine, qui préfère aussi ne pas donner son nom. Avant la rencontre, la première disputée par les Lions de l’Atlas depuis le séisme, qui a fait plus de 2.900 morts, supporters et habitants avaient afflué au pied du stade pour une collecte en faveur des sinistrés.
« Aider nos frères »Couettes, pansements, vêtements, médicaments… : les dons ont été immédiatement chargés dans un camion pour rallier Algésiras, en Espagne, par la route puis le Maroc par bateau. Parmi les donateurs, Françoise n’assiste pas au match mais a fait une heure de route depuis Boulogne-sur-Mer pour apporter des médicaments. Avec son mari, elle avait atterri à Marrakech vendredi vers 15h, pour des vacances. « On a bien ressenti le séisme. On a ouvert la porte de notre Riyad, dans la médina, il y avait une fumée énorme, des pierres étaient tombées, on s’est retrouvés dans la rue avec nos valises, hébétés », décrit-elle. « La solidarité marocaine est super, c’est pour ça que ça me tenait à cœur de venir ici » affirme-t-elle.
« Merci pour la France qui est toujours à côté des Marocains, dans la fête comme dans la souffrance », lance Saïd Saïdi, un quadragénaire, revêtu du maillot de l’équipe marocaine. Sa voix s’étrangle quand il évoque ses proches : « on veut aider nos frères, partager tout ce qu’on a avec eux. J’aimerais y être, mes parents sont là-bas, hamdoulilah ils sont vivants, mais ça fait mal au cœur ».
La totalité des revenus du match reverséeLa Fédération royale marocaine de football a annoncé que la totalité des revenus du match serait versée au « Fonds spécial pour la gestion des effets du tremblement de terre ayant touché le Royaume ». La majorité des billets a été achetée par la communauté des Marocains résidant à l’étranger, a-t-elle précisé. Avant de gagner le stade, Fatiha El Gazouani, une infirmière libérale, franco marocaine, a-t-elle apporté béquilles, déambulateur, boîtes d’antalgiques et compresses. « Le Maroc va s’en sortir, il se relève », assure avec le sourire cette jeune femme dont la famille restée au Maroc n’a pas été touchée.
« Tous des gueules noires »« Ce moment qui devait être festif devient une action solidaire », résume Brahim Koujane, adjoint au maire d’Avion, l’un des élus organisateurs de la collecte, avec des associations. Des urnes, dont émergent de grosses coupures, ont aussi été placées aux entrées du stade pour recueillir des dons monétaires. « On est dans une ville, une région solidaire », salue l’élu, fils de mineur. « Dans les mines, il n’y avait pas de nationalité, les Polonais, les Italiens, les Marocains, à la fin on était tous des gueules noires ».
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Plus encore que d’autres régions en France, où le séisme a déclenché une vague de solidarité, le Nord-Pas-de-Calais entretient des liens très forts avec le Maroc, protectorat français entre 1912 et 1956. Quelque 80.000 Marocains recrutés par des intermédiaires sont venus y travailler dans les mines de charbon entre les années 1950 et 1970. « Tout le monde s’est brassé. Des liens assez forts existent toujours aujourd’hui », explique le maire de Lens, Sylvain Robert, joint par téléphone.