La Nupes organise sa « marche contre la vie chère », espérant contribuer à la contestation sociale
Des milliers de personnes ont commencé à se rassembler, dimanche 16 octobre, à Paris, pour s’élancer dans une « marche contre la vie chère et l’inaction climatique » organisée par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), avec le renfort d’associations et de certaines fédérations syndicales, espérant contribuer à l’ébullition sociale de l’automne.
« On a vraiment besoin d’avoir un grand rapport de force populaire face à la politique de maltraitance sociale et écologique de ce gouvernement », a lancé, sur Franceinfo, la cheffe de file des députés La France insoumise (LFI) Mathilde Panot, dimanche, en amont de la marche, précisant que 120 bus ont été affrétés de toute la France, soit davantage que pour la marche du candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, au printemps dernier. Il s’agit de « remettre de l’ardeur dans les cœurs pour qu’ensuite [le mouvement] s’étende », a ajouté « l’insoumis » François Ruffin au micro de « Questions politiques ».
Une invitée notoire était présente juste avant le lancement de la marche à 14 heures, place de la Nation : l’écrivaine Prix Nobel de littérature Annie Ernaux, accueillie sur place par la députée du Val-de-Marne. Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI et chef d’orchestre de la Nupes, doit de son côté prendre la parole aux côtés d’autres figures du mouvement aux alentours de 15 heures, à l’arrivée du cortège place de la Bastille.
Philippe Martinez : « On ne doit pas faire les choses en parallèle »L’initiative de cette marche a été lancée par le chef de file des « insoumis » et d’orchestre de la Nupes dès juillet, au lendemain des législatives, ce dernier estimant que la gauche devait impulser la contestation sociale contre le gouvernement en s’associant avec les syndicats, mais ceux-ci ne l’ont pas attendu pour faire monter la température.
En effet, la marche survient en pleine grève dans les raffineries de TotalEnergies, qui entraîne des pénuries de carburant. Et après la mobilisation du 29 septembre, une autre journée interprofessionnelle a été lancée pour mardi 18 octobre par la CGT, avec FO, Solidaires, FSU ainsi que des mouvements de jeunesse.
Le patron de la puissante confédération, Philippe Martinez, goûte peu à l’initiative de la gauche : « Les syndicats doivent être soutenus et on ne doit pas faire les choses en parallèle », a-t-il confié, vendredi. Les organisateurs de la « marche » estiment toutefois que leur défilé sera complémentaire des efforts de la CGT. Ainsi la députée LFI Aurélie Trouvé, cheville ouvrière de l’événement, anticipe : « D’expérience, il y a du monde à une manifestation quand il y a un climat insurrectionnel. »
Bien que Jean-Luc Mélenchon, malgré ses pressions, ait dû faire une croix sur l’appel à manifester conjoint des confédérations syndicales, certaines fédérations comme la CGT Commerce et la CGT Energie Ile-de-France seront de la partie. Un délégué CGT de la raffinerie en grève de Port-Jérôme-Gravenchon, en Normandie, Germinal Lancelin, participera au meeting.
Quelques heures avant le départ de la marche, le ministre délégué chargé des comptes publics, Gabriel Attal, a, quant à lui, fustigé « une marche des partisans du blocage du pays », qui traduit une « CGT-tisation du débat politique, avec des formations politiques, notamment La France insoumise, qui voudraient que le pays soit bloqué », a-t-il affirmé au micro d’Europe 1.
30 000 manifestants sont attendusCe sont près de 30 000 manifestants sont attendus par les services de police. Ceux-ci nourrissent cependant de « vraies craintes » face « à la venue de personnes violentes de l’ultragauche, des ultra “gilets jaunes” qui voudraient perturber la manifestation ». La perspective agace Jean-Luc Mélenchon, qui s’est interrogé auprès de l’Agence France-Presse : « Combien de fois on va devoir supporter que les gens aient peur d’aller en manif ? » Mais il s’est aussi réjoui que la manifestation permette à la Nupes « de remonter sur le cheval », après les affaires Quatennens et Bayou.
Si la coalition continue de connaître quelques dissensions, ses composantes (La France insoumise, le Parti socialiste, Europe Ecologie-Les Verts et le Parti communiste français) défileront toutes dans le cortège, qui s’élancera à 14 heures depuis Nation jusqu’à la Bastille. Le chef des communistes, Fabien Roussel, et l’ancien candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot, sceptiques sur la Nupes, ont cependant signalé avoir mieux à faire.
#DemainJeMarche contre la vie chère, l’inaction climatique, pour les retraites et la hausse des salaires ! Toutes… https://t.co/5K64FIyE0T
— FranceInsoumise (@La France insoumise)
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a, lui, été critique de la comparaison par M. Mélenchon de la marche à un épisode de la Révolution française. Mais il sera bien présent et prendra la parole lors d’un « meeting en marchant », sur le camion de la tête du cortège, ainsi que Léa Balage El-Mariky pour EELV, Ian Brossat pour le PCF et… Jean-Luc Mélenchon.
Le cortège comprendra cinq espaces de revendication : retraite à 60 ans et augmentation des salaires ; allocation autonomie de 1 100 euros pour les jeunes ; blocage des prix ; taxation des superprofits ; bifurcation écologique.
« La hausse des prix est insupportable : c’est la plus grande perte de pouvoir d’achat depuis quarante ans, a dénoncé, samedi, l’eurodéputée LFI Manon Aubry. Il est temps que les milliards qui s’accumulent au sommet des grandes boîtes soient redistribués à ceux qui triment. »
Le Monde avec AFP