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Qui se cache derrière la manifestation contre les médias collabos
Constitué de gilets jaunes insurrectionnels, le collectif «Vigi Médias» espère rassembler des milliers de personnes devant les locaux du quotidien le samedi 7 janvier.
La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Constitué de gilets jaunes insurrectionnels, le collectif «Vigi Médias» espère rassembler des milliers de personnes devant les locaux du quotidien le samedi 7 janvier. Ses précédentes marches ne comptaient qu’une poignée de manifestants.

Une manifestation prévue le samedi 7 janvier à Paris a suscité l’intérêt mais aussi la crainte sur les réseaux sociaux, suite à la diffusion de son affiche par le journaliste de BFM TV, Raphaël Grably. «Si des journalistes sont agressés samedi, vous saurez pourquoi», alerte sur Twitter le rédacteur en chef adjoint de BFM Business en partageant le flyer sur lequel on peut lire les slogans «Libérons l’info», «les merdias sont le virus». Rendez-vous est donné à 14h30 sur la place des Invalides «en soutien au vrai journalisme» devant les locaux du site France Soir (qui n’a plus rien à voir avec l’ancien journal du même nom) et un départ est prévu plus tard «en direction du temple de la propagande» avec des signes «fake news» incrustés sur logo du quotidien le Monde et sur celui de sa rubrique de fact-checking les Décodeurs. Un logo du collectif Vigi Médias est également apparent.

Raphaël Grably a aussi incorporé des citations de ce groupe dans son tweet. «On veut faire pression sur les médias de masse», déclare une porte-parole à France Soir, tandis que l’autre montre un message de Vigi Médias qui se présente comme «un collectif qui propose à tous les militants, lanceurs d’alerte, partis et collectifs censurés de prendre l’ascenseur médiatique en assiégeant les médias collabos».

Contactée par CheckNews, la préfecture de police de Paris confirme qu’une manifestation a été bien été enregistrée par «le collectif Vigi Médias qui déclare habituellement des marches au départ de lieux à proximité d’organes de presse». Son service de presse précise que ces manifestations ne rassemblent que «quelques personnes» et «ne sont pas à l’origine de troubles à l’ordre public».

Des rassemblements timides en gilets jaunes et drapeaux russes

Le site France Soir, qui tient une ligne éditoriale proche de mouvements complotistes, notamment antivax depuis le début de la crise du Covid, a consacré un article et une vidéo à l’annonce de cette manifestation. Le site donne alors la parole à trois personnes du collectif Vigi Médias, qui se présentent comme étant Sylvain Baron «activiste écrivain», Marie-Charlotte, enseignante et Florence «à la base infirmière mais suspendue suite à l’obligation du pass sanitaire à l’hôpital». Florence précise que le collectif a été créé «il y a à peu près un an» avec ses deux acolytes, «et avant ça, ça fait deux ans qu’on déclare des manifs devant les médias chaque premier samedi du mois». Ils espèrent voir «des milliers» de personnes se joindre à eux. Ce qui serait un exploit puisque les vidéos des précédents rassemblements, partagées par le site du collectif, ne montrent qu’une timide dizaine de protestataires. Leurs images les montrent entonnant des chansons engagées (dont elles ne maîtrisent pas toujours les paroles), sur des airs du duo Brigitte, avec des drapeaux russes et français en arrière-plan.

Si seul Sylvain Baron ose déclarer son nom de famille, ceux des deux femmes, Marie-Charlotte Leiber-Vaudolon et Florence Heshmati, apparaissent en ligne dans un acte administratif de la préfecture des Hauts-de-Seine interdisant une manifestation prévue le 7 novembre 2020 et déclarée «au nom des gilets jaunes». Les trois comparses prévoyaient alors de se rendre depuis les locaux de Radio France jusqu’à ceux de France Télévisions, en traversant plusieurs rues parisiennes et de Boulogne-Billancourt. Sur une autre déclaration de manifestation, que CheckNews a pu consulter, les trois membres de Vigi Médias indiquaient vouloir manifester au pied des locaux de BFM TV avec comme objet de la manifestation : la «destitution d’Emmanuel Macron pour haute trahison. Exigence du respect de la Charte de Munich par les médias publics. Dénonciation du régime de propagande et de censure des médias mainstream. Fin de la dictature sanitaire. Souveraineté monétaire. Introduction du RIC en toutes matières dans la constitution. Frexit.»

Sylvain Baron, le décrocheur qui voulait renverser les présidents

Si le collectif a donc toujours peiné à rassembler, il comporte à sa tête une personnalité particulièrement radicale : Sylvain Baron. Depuis une dizaine d’années, cet activiste nationaliste et souverainiste, passé par l’UPR de François Asselineau, s’est fait connaître dans les milieux de la dissidence contestataire en organisant des rassemblements devant des médias et en décrochant des drapeaux de l’Union européenne des lieux publics. Il est à l’origine du mouvement des «Décrocheurs», qui retirent les drapeaux de l’UE. En 2015, il participe activement au «Mouvement du 14 juillet» qui a pour but de rallier l’armée pour qu’elle renverse François Hollande du pouvoir.

Macron élu, il poursuit cet objectif de destitution notamment durant le mouvement des gilets jaunes en appelant l’armée à soutenir le peuple français «pour neutraliser ou mettre en fuite Macron et son gouvernement», qu’il accuse de «trahison». Il se fait là encore connaître pour le décrochage d’un drapeau européen devant les locaux de Radio France, puis par une interview improvisée avec Céline Pigalle, la directrice de la rédaction de BFM TV. Un portrait particulièrement documenté du site d’information Arrêts sur imagessouligne qu’il partage des propos antisémites sur son compte Facebook, dont un hommage au négationniste Robert Faurisson lors de son décès, ou qu’il participe à une ZAD d’extrême droit selon le média Streetpress.

Le gilet jaune Sylvain Baron, qui s'était fait connaître pour ses actions devant BFM TV, mène un nouveau combat : convaincre l'armée de se rallier aux GJ. Il a mené une action mercredi avec une dizaine de personnes devant une base militaire de l'Indre. pic.twitter.com/KIO3IgYqE2

— Vincent Glad (@vincentglad) January 24, 2019

Malgré l’essoufflement du mouvement des gilets jaunes, il continue de s’en revendiquer. Quand arrive la crise du Covid, c’est toujours «au nom des gilets jaunes» qu’il appelle à manifester devant les médias. Sur son compte Facebook, il se revendique contre le masque, non vacciné, favorable à l’hydroxychloroquine du professeur Raoult, opposé au pass sanitaire, avec toujours comme obsession de vaincre Emmanuel Macron. Et quand l’actualité est tenue par la guerre en Ukraine, il défend alors les positions du Kremlin, justifiant l’invasion du pays au motif des «nazillons» qui s’y trouvent. Lors de ces dernières actions, il brandit des drapeaux russes devant les locaux des médias, qu’il accuse de soutenir Zelensky.

Une donatrice de Dieudonné et une infirmière reconvertie au nettoyage alternatif du côlon

Plus discrètes sur leur activisme, les deux autres fondatrices de «Vigi Médias» ont comme point commun de se revendiquer d’abord des gilets jaunes.

Grâce aux informations disponibles en accès libre sur internet, CheckNews a découvert que Marie-Charlotte Leiber-Vaudolon, professeur d’arts plastiques, figurait sur une liste des donateurs de l’humoriste antisémite Dieudonné, publiée par l’ex-paparazzi Jean-Claude Elfassi en 2014. Comme le racontait Libération à l’époque, Elfassi s’était mis en tête de traquer Dieudonné en révélant de nombreux documents confidentiels. Selon ce fichier, l’enseignante aurait fait un don de 40 euros à l’antisémite multicondamné. Figure anonyme durant le mouvement des gilets jaunes, elle parvient à se faire inviter par France Soir pour parler en leur nom à partir de la crise sanitaire, notamment en raison de ses appels à manifester devant les médias. Elle traite alors l’Agence France Presse de «collabos du système tyrannique mis en place par la marionnette Elyséenne». Le site apprécié des coviosceptiques rapporte que ses positions antivax lui ont valu l’indifférence de son entourage : «Marie-Charlotte avait elle-même essayé de présenter à ses collègues enseignants des faits par rapport au danger de la vaccination sur les jeunes, ou encore sur les incohérences entre la situation sanitaire et les mesures politiques prises en fonction de celle-ci. Les conséquences ont été dures pour elle : ses proches font la politique de “l’autruche”, à regarder ailleurs pour ne pas voir le problème.»

Ancienne infirmière de l’AP-HP, Florence Heshmati a aussi cosigné des appels à la destitution d’Emmanuel Macron en 2020 avec Sylvain Baron. Sa défiance à l’égard des médias, ne l’a pas empêchée de leur parler, quand cela servait ses causes. En décembre 2019, lors de sa participation aux manifestations contre la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron, l’infirmière en psychiatrie est citée nommément dans une dépêche de l’AFP lorsqu’elle témoigne que «travailler dans les hôpitaux publics est physiquement très difficile, nous n’avons pas le temps de nous asseoir ne serait-ce qu’une fois dans la journée, d’aller aux toilettes ou même de manger […] Nous passons d’un patient à l’autre comme des robots». Opposée au pass sanitaire, elle affirme avoir été suspendue. Selon des informations partagées sur les réseaux sociaux, elle s’est reconvertie dans l’hydrothérapie du côlon, une médecine alternative à l’efficacité contestée.

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