JO de Paris 2024 : Auriane Mallo-Breton, une épéiste en argent
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On n’espérait pas forcément une médaille française ce samedi 27 juillet au Grand Palais. Et pas forcément celle d’Auriane Mallo-Breton en argent à l’épée, obtenue après sa défaite en finale contre la n° 1 mondiale la Hongkongaise Man Wai Vivian Kong. Dans un match dont beaucoup pensaient qu’elle l’avait plié en menant de six touches. Pour la Lyonnaise, cette journée a été celle des remontadas. Celle qu’elle a réussie au premier tour, celle qu’elle a subie dans son ultime match.
En finale, les deux tireuses prennent un carton jaune pour manque d’engagement, s’étant contentées d’effleurer leurs lames pendant la première minute. Puis la Française marque les quatre premières touches. 4-0 à la première pause après 3 minutes, un avantage conséquent dans cette arme si particulière qu’est l’épée, où l’expérience et la roublardise pèsent un bon poids. Ainsi Auriane Mallo-Breton cuisine-t-elle la Hongkongaise à petit feu pour prendre le large 7-1. Mais la n° 1 mondiale revient dans le match. Et n’accuse plus que 3 touches de retard avant les trois dernières minutes (9-6).
Des spectateurs emballés
Un dernier round crispant dans lequel la Hongkongaise marque la première touche. Et finit par recoller au score. 10-10 puis 11-11 après une touche double. Puis 12-12 après que les deux tireuses, comme tétanisées par l’enjeu, prennent une touche de pénalité pour leur manque d’allant. Egalité à la fin des 9 minutes, Mallo-Breton, qui a eu le match en main se voit embarquée dans l’épisode de la mort subite. Qu’elle encaisse au bout de 36 secondes. Man Wai Vivian Kong, qui domine l’épée féminine depuis deux ans mais avait dû se contenter jusque-là de deux bronzes mondiaux, touche enfin la consécration. Aucune épéiste française n’a gagné l’or olympique depuis Laura Flessel en 1996, date de l’introduction de l’arme aux JO pour les femmes.
Comment la Française a-t-elle pu dilapider un avantage de 6 touches en finale olympique ? Pas abattue, même souriante, elle déroulait le film de son combat quelques minutes après la dernière touche. Au début, «c’était trop facile. Je n’ai pas été assez vigilante ; elle, elle est restée dans son truc à prendre toutes les opportunités. J’ai été trop dans la gestion. On l’avait étudiée à la vidéo, on avait mis en place une tactique, tout rentrait. Ensuite, je veux finir trop vite, ça me fait douter et elle reprend vie. Bien sûr, j’aurais voulu chanter la Marseillaise ici, ce n’est que partie remise, on la chantera mardi avec les filles en équipe [Les deux autres tricolores en lice, Marie-Florence Candassamy, championne du monde en titre, n° 2 mondiale et dont la préparation a été entravée par un Covid long, et Coraline Vitalis, n° 14, avaient plié les gaules dès les huitièmes de finale, ndlr]. C’est quand même une médaille olympique au Grand Palais, ça aurait pu être plus beau mais je profite. Il faut voir la journée dans son ensemble, ça aurait pu s’arrêter au premier tour, il faut relativiser.»
Un miracle lors du premier match
En effet, Auriane Mallo-Breton, 30 ans, a réussi lors de son premier match ce que Man Wai Vivian Kong a réalisé contre elle en finale, combler un déficit qui aurait pu être fatidique, en étant menée 0-5 puis 10-13 à une grosse poignée de secondes de la fin, avant de s’imposer à la mort subite. Les spectateurs ont adoré. «J’ai réussi à renverser le truc, grâce au public. J’ai vraiment senti sur ce premier match qu’il avait écrasé mon adversaire», retraçait elle à la fin de la journée.
Elle a ensuite battu l’Américaine Anne Cebula en huitièmes de finale (15-13) puis l’Ukrainienne Vlada Kharkova (15-10) en quarts. Elle a ensuite parfaitement géré sa demi-finale pour s’échapper dans le dernier tiers-temps et s’imposer 15-9 face à la Hongroise Eszter Muhari (9e mondiale, et médaillée de bronze) dans une ambiance folle qui a surpris et enthousiasmé les escrimeurs. Il aurait presque été injuste pour eux qu’aucun Français n’atteigne une finale pour les maintenir on fire jusqu’au bout de cette première journée d’escrime.
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Si elle n’était pas la mieux classée des Françaises, la Lyonnaise était sans doute la plus en forme. Elle a terminé la saison en fanfare avec une première victoire en Coupe du monde à Cali puis une médaille d’argent aux championnats d’Europe à Bâle, le mois dernier. Des résultats qui ont hissé la gauchère à la 6e place mondiale, le meilleur rang de sa carrière. Gênée par les lumières sous la verrière lors de son premier assaut, elle a sorti de sa boîte à idées un large morceau de ruban adhésif qu’elle a collé en haut de son masque pour le reste de la journée. Jusqu’à une médaille vraiment scotchante.