Mali : des groupes armés attaquent la ville-clé de Bourem
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Des groupes armés du nord du Mali ont attaqué, mardi 12 septembre, l’armée dans la ville-clef de Bourem, confortant les craintes de reprise des hostilités avec l’Etat central.
Ces groupes ont d’abord fait savoir dans un communiqué avoir pris le contrôle du camp de l’armée dans cette ville située sur la route de Gao à Tombouctou, puis l’avoir abandonné.
Le Cadre stratégique permanent (CSP), alliance de groupes armés qui ont signé un accord de paix avec l’Etat malien en 2015, a d’abord dit dans un communiqué avoir mené une opération sur la ville garnison de Bourem qui « s’est soldée par le contrôle du camp et des différents postes avancés » des forces armées maliennes et de leur allié du groupe paramilitaire russe Wagner. Il y a eu « d’intenses combats », a dit le porte-parole du CSP, Mohamed El-Maouloud Ramadane. Puis les hommes se sont retirés, a-t-il dit. « Notre objectif n’est pas de rester dans les villes », a-t-il expliqué.
De son côté, l’armée malienne a assuré, dans un communiqué publié mardi soir, avoir repoussé une attaque complexe impliquant des voitures piégées qui a fait dix morts et treize blessés parmi les soldats, tandis que 46 « terroristes » ont été tués.
Faillite de l’accord de paix« Nous avons repris le contrôle du camp et des alentours de Bourem après intervention de l’aviation et ratissage », a déclaré à l’Agence France-Presse un commandant local sous couvert de l’anonymat.
« Les groupes armés non identifiés avaient encerclé le camp, et tournaient en ville, mais les avions ont réagi contre eux. On n’entend plus de tirs, les FAMA [Forces armées maliennes] sont dans la ville partout en nombre », a dit un habitant joint par téléphone, Mahamoud Ould Mety.
Une telle opération confirmerait la faillite de l’accord de paix signé en 2015 par l’alliance de groupes armés à dominante touareg entrés en rébellion contre l’Etat central en 2012, par le gouvernement et par des groupes armés loyalistes.
Après des semaines de tensions grandissantes, un des signataires de l’accord dit d’Alger, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), avait annoncé lundi soir se considérer dorénavant en « guerre » avec la junte qui a pris le pouvoir par la force à Bamako en 2020.
Les tensions n’ont cessé de croître depuis des mois entre le CSP et la CMA d’une part et la junte de l’autre, faisant redouter la reprise des hostilités engagées en 2012. Des insurrections indépendantiste et salafiste avaient alors plongé ce pays pauvre et enclavé dans une profonde crise sécuritaire, politique et humanitaire dont il n’est toujours pas sorti.
Le Monde avec AFP