faire des villes un levier de développement, recommande la Banque ...
À Madagascar, l’urbanisation est plus que jamais en marche. D’ici 2036, plus de la moitié de la population vivra en ville, contre 30 % aujourd’hui. Sur la Grande Île, la croissance urbaine s’accélère. Elle est devenue plus forte que dans plusieurs pays africains ces dernières années.
Avec notre correspondant à Antananarivo, Pauline Le Troquier
Alors, Madagascar est-elle prête à vivre ce grand bouleversement ? Dans l’état actuel des choses, « Non », répond la Banque mondiale dans son dernier rapport. Selon l’institution, l’urbanisation passée ne s’est pas accompagnée d’effets positifs sur la vie des Malgaches.
La capitale Antananarivo illustre à elle seule les maux d’une urbanisation soutenue. Ville conçue pour 400 000 habitants, elle abrite aujourd’hui, au milieu de ses collines, près de trois millions de citadins, loin de tous bénéficier d’opportunités économiques rémunératrices.
Comme dans le reste des villes malgaches, 60 % des emplois y sont informels, une tendance qui pénalise également l’État et ses services publics, explique Miangaly Rabodomalala, auteur principal du rapport et consultant en développement urbain.
” L’emploi informel ne contribue que peu ou pas du tout aux recettes fiscales municipales. En revanche, la ville doit consacrer une grande partie de ses dépenses à l’entretien de ces infrastructures sur lesquelles se déroulent ces activités informelles. Cette situation pénalise les municipalités, car l’emploi informel qui s’y développe ne contribue pas au financement des services que les villes devraient offrir pour offrir un environnement favorable à la création de nouveaux emplois. », souligne Miangaly Rabodomalala.
Pour faire de l’urbanisation un levier de développement, il faut donc des emplois à plus forte valeur ajoutée, ce qui nécessite de soutenir les entreprises industrielles et tertiaires, mais aussi d’investir dans des infrastructures durables, soutient la Banque mondiale.
« La plupart des grandes villes de Madagascar sont des villes côtières très exposées aux risques de cyclones et d’inondations. Chaque année, le pays subit des pertes importantes, en termes de détérioration de toutes ces infrastructures et donc, il faudrait commencer à investir dans des infrastructures qui résistent à ces aléas et ce n’est pas encore le cas. », a ajouté Miangaly Rabodomalala, auteur principal du rapport et consultant en développement urbain.
Pour sortir les citadins du piège de la pauvreté, la Banque mondiale, principal donateur de l’île, appelle les dirigeants à faire de l’urbanisation une opportunité. Le potentiel est réel. A ce jour, en effet, les villes malgaches génèrent 75% du PIB national.
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