Covid 19 : "L’intervention de Macron ne va pas bouleverser le pays", assure Polony
On a donc appris qu’Emmanuel Macron doit répondre aux questions d’Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau mercredi soir 14 octobre. Et la question qui revient une fois de plus, c’est : "Que faut-il en attendre ?" C’est bien le problème. On va encore passer deux jours à se demander ce qu’il faut en attendre, c’est-à-dire si des décisions seront prises pour durcir les mesures actuelles.
On va s’interroger sur le pouvoir de la parole, sur la puissance performative du langage jupitérien. Et puis il y aura l’entretien, et puis les mêmes commenteront l’entretien, s’interrogeront sur la capacité d’Emmanuel Macron à convaincre, sur le pouvoir de la parole, sur la puissance performative du langage jupitérien.
Vous vous moquez, mais il est tout de même légitime que le président s’exprime. On est en train de voir arriver la deuxième vague.
Aucune annonce à attendre ?À ceci près que sa parole ne porte plus. Bien sûr, il est essentiel de prendre des mesures, d’anticiper. Partout dans le monde, on le fait. En Allemagne, Angela Merkel prévient que de nouvelles restrictions interviendront si les chiffres ne se stabilisent pas. Donc, il n’est pas question de nier le risque.
Mais l’exercice de la raison n’interdit pas un peu de recul. Or, on peut dresser la liste des éléments qui laissent penser que l’intervention d’Emmanuel Macron ne va pas bouleverser le pays, ni même le cours de son quinquennat, si c’est ce qu’il espérait.
D’abord, les hôpitaux courent le risque de se retrouver engorgés, certes, mais avec nettement moins de malades qu’en mars dernier. Les lits supplémentaires ont disparu, retour à la case départ. Ensuite, on manque toujours de données précises sur l’épidémie et l’on est en fait incapables de retracer le parcours du virus, d’isoler réellement les cas. Pire que tout, on a privilégié l’affichage, le million de tests par semaine, plutôt que l’efficacité : quand on a le résultat huit jours plus tard, un test ne sert à rien.
Une posture de protecteur des FrançaisMais du coup, il faudrait qu’il fasse quoi, Emmanuel Macron ? Sur l’épidémie elle-même, j’ai l’impression que beaucoup de gens attendent moins de leçons de morale et plus de précisions. Une description claire de ce qu’on sait et de ce qu’on ne sait pas, la transparence sur les moyens mis en œuvre. Mais ça, ce n’est pas le travail d’un président.
Visiblement, Emmanuel Macron a décidé de jouer les figures paternelles. Les conseillers de l’Élysée nous expliquent que la posture, c’est "je vous protège face à la crise". C’est dommage, le mantra du macronisme, c’était plutôt "chacun pour soi et la mondialisation pour tous". La protection, c’était réactionnaire. On s’aperçoit maintenant que si l’État existe, c’est pour protéger les citoyens. Encore faut-il qu’il s’en donne les moyens.
Le gouvernement semble totalement impuissant à enrayer le creusement des inégalités, à préserver ce qui reste de l’outil industriel. Enfiler un nouveau costume, celui de père de la nation, ça peut marcher le temps d’une interview télévisée, mais le réel ne fait pas de cadeaux.