L'ère Macky Sall se referme au Sénégal, devenu l'Eldorado des ...
Macky Sall ne briguera donc pas un troisième mandat en 2024. Le président sénégalais l'a annoncé lundi 3 juillet à la télévision de son pays. Celui-ci aura d'ailleurs bien changé depuis les débuts de son premier mandat. C'était il y a à peine dix ans, le 25 mars 2012. Au terme d'un deuxième bail présidentiel et d'une troisième candidature contestée, le président sénégalais Abdoulaye Wade concédait sa défaite au fil d'une soirée électorale sous haute tension. Laquelle consacrait la victoire de son ex-Premier ministre Macky Sall, sous les vivats d'une communauté internationale ravie de la vitalité de la démocratie locale. Et ce, à l'heure où l'Afrique subsaharienne basculait durablement dans l'instabilité : au même moment, un coup d’État militaire au Mali voisin chassait le président Amadou Toumani Touré (ATT), le premier d'une longue liste dans une Afrique de l'ouest en pleine ébullition.
Près d'une décennie plus tard, le tableau s'avère plus troublé encore. Le Mali, suivi du Burkina Faso et de la Guinée Conakry, ont durablement basculé dans les coups d'états militaires, et les groupes armés se revendiquant de la bannière du djihad y grignotent des parts toujours plus importantes de territoire. Le salafisme a investi tous les pays limitrophes : le Bénin, le Togo, la Côte d'Ivoire sont désormais la cible de ces mêmes groupes djihadistes qui frappent également aux portes du Sénégal.
Les salafistes ont les yeux sur le magotLe « pays de la Teranga » (« hospitalité », en wolof) s'est pourtant longtemps cru à l'abri, par la grâce de sa tradition d'ouverture et de tolérance, et surtout par la puissance de ses confréries soufies. À l'occasion d'une conférence donnée à Dakar à la fin du mois de mars 2014, le politologue franco-libanais Antoine Sfeir lançait l'avertissement suivant : « Le Mali a été une porte d'entrée. Le Qatar finançait énormément les groupes radicaux qui se sont installés au Mali. Je parle des islamistes radicaux dont la cible réelle était le Sénégal, qui est présenté comme un modèle d'islam tolérant et ouvert. Tout comme en Europe, la cible est la France à cause de la laïcité. Si la laïcité tombe, tous les autres pays deviennent poreux automatiquement. C'est pourquoi pour les extrémistes, les deux bastions à prendre sont à la fois le Sénégal et la France. »