Vidéo. On a vu « Saint-Ex », avec Louis Garrel, récit naïf qui ne ...
En 1930, Antoine de Saint-Exupéry, trentenaire, est pilote de l’Aéropostale en Argentine. Il s’est beaucoup cherché – échec à l’école navale, passage aux Beaux-Arts –, a rejoint en 1926 la compagnie Latécoère (future Aéropostale), et publié ses premiers textes, « Courrier Sud » notamment en 1929. Mais il n’est pas encore un écrivain connu. Le succès ne va pas tarder à arriver. En 1931, le romancier signe « Vol de nuit », couronné par le prix Femina. En 1943, il y aura l’écriture du « Petit Prince », qui ne paraîtra en France qu’en 1946, deux ans après la mort de son auteur.
Dans « Saint-Ex », son septième long-métrage, Pablo Agüero, réalisateur argentin, décrit un jeune homme (Louis Garrel) encore en devenir, à l’aube de la gloire. Un garçon candide, dont la part d’enfance reste vivace. Chargé de transporter le courrier en avion aux quatre coins du monde, il s’est lié d’amitié avec Henri Guillaumet (Vincent Cassel), le meilleur pilote de l’Aéropostale, devenu comme un frère. Les deux hommes sont des têtes brûlées, des acrobates des airs, à bord de leurs fragiles coucous.
Le « Saint-Ex » de Pablo Agüero est moins un portrait qu’une évocation, assez artisanale, d’un être lunaire, touchant
Quelques jours en 1930
Un jour, Henri disparaît dans la cordillère des Andes. Tout le monde le croit mort. Saint-Ex ne veut s’y résoudre, et part à sa recherche. Le récit se concentre sur cette semaine-charnière dans l’existence de l’écrivain, ces quelques jours de quête en 1930. L’entreprise est sans doute utopique. Peu importe, l’aviateur s’y engage pleinement, armé d’une belle capacité à rêver et à transcender le réel.
Pablo Agüero a le mérite d’éviter les pièges des biopics, productions souvent indigestes qui tentent de reconstituer de A à Z l’itinéraire de leur personnage. Il circonscrit son récit à un épisode très bref dans le parcours de Saint-Ex.
Il échappe aussi au syndrome du « film d’époque » et des reconstitutions rutilantes où l’abondance de décors et costumes finit par éclipser l’histoire et les sentiments. Ici, les personnages sont peu nombreux. L’essentiel de l’action se déroule dans les airs, dans des avions chétifs, comme hors du monde. Une bulle : on ne voit que très peu la société des années 1930. Le « Saint-Ex » de Pablo Agüero est moins un portrait qu’une évocation, assez artisanale, d’un être lunaire, touchant. Un rêveur fasciné par les condors, qui s’accroche à la fantaisie malgré le tragique de l’existence.
Naïf
Bref, que d’intentions formidables, mais le résultat ne convainc pas du tout. Récit naïf, personnages évanescents, peu crédibles (on a le sentiment que même les comédiens n’y croient pas), effets « poétiques » appuyés (ciels flamboyants, nuages cotonneux, montagnes majestueuses), flambées de musique grandiloquentes… L’étrange « Saint-Ex » ne décolle pas, et ne nous embarque jamais. Pablo Agüero a voulu aborder la personnalité de l’écrivain sous la forme d’un conte, en oubliant la noirceur et le frisson indispensables pour réussir dans cet exercice.
« Saint-Ex », de Pablo Agüero. Avec Louis Garrel, Diane Kruger, Vincent Cassel. Durée : 1 h 38. En salles ce mercredi 11 décembre.