Mort de Lola, 12 ans : Ce crime effroyable est désormais un sujet politique
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L’émotion est immense après l’assassinat effroyable de la jeune Lola, dont on peut se demander s’il est en train de devenir un sujet politique. Un dossier sur lequel les politiques ont envie ou se sentent obligés de réagir et qui, de ce fait, devient un sujet de débat politique. Brigitte Macron a qualifié le meurtre de Lola d’« abominable et intolérable »
Le meurtre de la petite Lola, 12 ans, dans des conditions aussi effroyables et sordides est en effet désormais un sujet politique. Même Brigitte Macron a profité d’un déplacement dans une école pour dire que cette sauvagerie était « abominable et intolérable ». Il est rare que la femme du chef de l’Etat s’exprime sur un sujet d’actualité. Et les deux mots sont importants, car si le « abominable » traduit l’émotion unanime ressentie, le mot « intolérable » induit un autre registre, celui d’une action qu’il faudrait mener pour empêcher qu’une telle barbarie se reproduise. Et si les politiques, de Sandrine Rousseau à Laurent Wauquiez se sont exprimés hier, c’est que tous sentent confusément que l’émotion, la compassion, la tristesse ne suffisent pas.
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De tous les politiques, ce sont ceux du Rassemblement National qui se sont exprimés de manière la plus véhémente. Est-ce parce que l’insécurité est leur fonds de commerce ? L’insécurité et l’immigration. Car l’information qui donne un nouveau ton à l’affaire, et qui explique pourquoi certains passent de l’émotion à l’indignation, c’est que l’on a appris trois choses sur la femme de 24 ans placée en garde à vue et qui fait figure de suspecte numéro un.
La principale suspecte est une Algérienne en situation irrégulièreElle de nationalité algérienne ; elle est en situation irrégulière ; et elle avait fait l’objet d’une OQTF, une obligation de quitter le territoire français après avoir été interpellée en août dernier dans un aéroport français pour défaut de titre de séjour. Vous voyez l’accumulation de tous les thèmes explosifs : le lien fait par certains entre violence et immigration, les conséquences de l’incapacité à éviter l’immigration irrégulière et puis surtout les OQTF qui ne sont pas suivies d’effet. On peut s’interroger : n’est-ce pas cependant de la récupération malsaine que d’exploiter politiquement ce meurtre de Lola ?
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La ligne de crête est très étroite. Les politiques s’emparent du sujet, on les accuse de récupération politicienne et d’indécence. Mais s’ils n’en parlaient pas, on pourrait inversement les accuser d’indifférence et de rester étrangers à des événements qui choquent les Français. On ne peut pas dire que toutes les violences faites aux femmes sont un sujet politique au sens noble du terme et dire que l’assassinat d’une fillette de 12 ans doit rester dans la rubrique des faits divers. Certains accusent le RN ou Reconquête de jouer les vautours. Mais ne se poser aucune question, y compris sur l’effectivité des expulsions, n’est-ce pas ça plutôt qui pousserait aux extrêmes ? Dès que des faits divers, a fortiori à ce niveau de monstruosité, débarquent dans l’actualité, la frontière entre l’amalgame et le déni n’est pas forcément évidente à trouver.
Guillaume Tabard