Livret A à 3 % : « Une bonne nouvelle pour les épargnants, mais la ...

Le faible taux de la dernière décennie n’a pas entamé l’engouement des Français pour ce placement qui a battu des records avec la crise sanitaire. La...
Le faible taux de la dernière décennie n’a pas entamé l’engouement des Français pour ce placement qui a battu des records avec la crise sanitaire. La remontée de deux points du taux en 2022 a permis au Livret A de capter 25,8 milliards d’euros, soit la troisième meilleure collecte de l’histoire du livret.
Les taux des livrets d’épargne réglementée des Français augmenteront dès le 1er février :➖ Le taux du livret A et du livret de développement durable et solidaire va passer à 3 %.➖ Le taux du livret d’épargne populaire passera à 6,1 %. pic.twitter.com/65TmEq5NTs
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) January 13, 2023
Le taux du Livret A est déterminé selon une formule qui combine le taux d’intérêt et l’inflation. En 2022, huit Français sur dix réclamaient que son taux d’intérêt soit enfin indexé sur l’inflation. Et malgré sa revalorisation au 1er février, on en est encore loin.
« Il ne s’agit que de l’application de la formule légale, rien d’exceptionnel… Nous sommes très mécontents de ce qui se passe depuis 2021, année de reprise de l’inflation selon Eurostat », souligne Guillaume Prache, président de la Faider (Fédération des associations indépendantes de défense des épargnants pour la retraite) qui représente 1,4 million d’épargnants français. « Le relèvement du taux d’intérêt, c’est une bonne nouvelle. Certes. C’est toujours mieux que rien. Mais on est largement en dessous de l’inflation (6,2 %). Et ce différentiel contribue à une perte de pouvoir d’achat des petits épargnants. »
2 Un bon réflexe quand même« Il faut profiter de ces taux », recommande tout de même Philippe Crevel, directeur général du Cercle de l’épargne. « Un volume de liquidités impressionnant dort sur les comptes courants des Français : environ 520 milliards d’euros contre les 370 milliards d’euros placés sur le Livret A. « Il faut l’utiliser à fond pour constituer une épargne de précaution », approuve Guillaume Prache, qui mentionne aussi le Livret de développement durable et solidaire (indexé sur le Livret A).
Sans oublier le méconnu Livret d’épargne populaire dont la rémunération bondit à +6,1 % au 1er février, ce qui en fait l’unique placement financier dont le rendement se situe à hauteur de l’inflation. Le ministre de l’Économie lui-même en a fait la promotion vendredi, encourageant les Français à y souscrire. Dix millions d’épargnants, qui pourraient en profiter (selon le quotient familial), n’en ont pas encore ouvert un. Une nouvelle campagne d’information s’adressera à tous les bénéficiaires possibles dans les prochaines semaines.
3 Et les autres placements ?La rémunération des livrets bancaires, hors promotions et offres de recrutement de nouveaux clients qui sont proposées sur de courte période, reste en général très faible et quasi nulle. « On peut cependant s’attendre à des relèvements, mais dans des proportions moindres que le Livret A », assure Philippe Crevel. « Cela serait très surprenant », doute Guillaume Prache pour qui cette solution n’est pas très intéressante.
Les deux spécialistes citent plutôt les assurances-vie dont les fonds en euros sont finalement plus proches du comportement du Livret A, à ceci près qu’elles sont soumises à fiscalité. « Mais les taux, déjà en hausse en 2022, vont certainement remonter en 2023, et cela peut être intéressant pour les contrats de plus de huit ans, plus légers fiscalement. »
4 L’impact sur le logement social et les banquesUne hausse du taux d’intérêt du Livret A à 3 % devrait correspondre à un surcoût de 4,8 milliards d’euros pour les banques (1,9 milliard d’euros) et la Caisse des dépôts (2,9 milliards d’euros).
Car ce produit d’épargne sert d’abord à financer les HLM et le renouvellement urbain. Comme le rappelle la Caisse des dépôts, la hausse des taux de rémunération entraîne mécaniquement la hausse des taux d’intérêt des prêts qu’elle accorde aux bailleurs sociaux. Ce qui a pour effet de limiter leurs projets et pénalise le logement social. « Ce que nous gagnons en termes de rémunération, nous le perdons en termes de construction de logements sociaux et de protection des plus fragiles », explique le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.