De l'ADN de Lina sur des cordes : les éléments accablants s ...
Un an après la disparition de la jeune Lina, le 23 septembre 2023 septembre, le procureur de la république par intérim Alexandre Chevrier a fait le point sur les douze mois d’enquête.
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Camille Balzinger
Publié le 19 septembre 2024 ·
Imprimé le 19 septembre 2024 à 16h21 ·
4 minutes
La disparition remonte au 23 septembre 2023. Lina, 15 ans alors, se dirige vers la gare de Saint-Blaise-la-Roche (Bas-Rhin) pour prendre le train. Sa mère la voit partir. Son copain l’attend sur le quai à Strasbourg. Entre son domicile et la station de train, Lina aurait dû parcourir 2,9 kilomètres à pied. Elle n’arrivera jamais. Dernier signe de vie de l’adolescente, un message vidéo envoyé à son amoureux à 11h20 le 23 septembre 2023. Deux minutes plus tard, son téléphone cesse de borner. Depuis, plus de trace de l’adolescente.
Des semaines de fouille, en vain
Un signalement est d’abord fait pour disparition inquiétante. Puis une information judiciaire est ouverte pour « enlèvement ou séquestration ». Le procureur de Saverne se dessaisit du dossier au profit du parquet de Strasbourg. Pendant des semaines, la gendarmerie a fouillé la zone de Plaine, en vain.
Ponctuellement, la mère de Lina, Fanny Groll, prend la parole pour tenter de faire avancer les recherches de sa fille. Parallèlement à la disparition, elle rappelle qu’une plainte pour viol déposée par sa fille en juin 2022 a été classée sans suite par le parquet de Saverne au printemps 2023. En janvier 2024, le parquet de Strasbourg ouvre finalement une information judiciaire pour des faits de « viol commis sur mineur « , « sans lien et distincte de celle actuellement ouverte des chefs d’enlèvement et de séquestration criminelle », précisait Yolande Renzi, alors procureure de Strasbourg, le 4 février 2024.
De l’ADN de Lina sur des cordes
En juillet 2024, les enquêteurs retrouvent des traces génétiques de Lina au niveau de la ceinture de sécurité d’un véhicule volé. La Ford Puma grise est immatriculée en Allemagne. Samuel Gonin a été filmée en faisant le plein de l’automobile le 21 septembre 2023. Les enquêteurs remontent alors jusqu’à cet homme de 43 ans, originaire de Besançon, qui s’est suicidé le 10 juillet 2024. Si l’homme a laissé des écrits avant de se tuer (le suicide ne fait aucun doute), aucun élément ne permet de faire de lien avec Lina et sa disparition. Les enquêteurs continuent leurs recherches pour voir si l’homme a pu être impliqué dans d’autres faits délictuels ou criminels.
Confirmant une information des Dernières Nouvelles d’Alsace, le procureur de Strasbourg par intérim Alexandre Chevrier affirme que le sac de l’adolescente a été retrouvé dans la boîte à gants – mais aucune trace de sang. Deux cordes ont été trouvées dans le coffre de la voiture, portant l’ADN de Lina et de Samuel Gonin.
Aucun indice de préméditation
Le système GPS de la Ford Puma grise a été déconnecté. La position du véhicule a pu être déterminée grâce à l’analyse du système multimédia – moins précis que le GPS, précise le procureur par intérim. Mais cet élément ne présume pas de la préméditation d’un enlèvement, pointe Alexandre Chevrier. « Il circulait dans un véhicule volé et avait donc une bonne raison d’avoir déconnecté le système GPS », précise-t-il.
Rien ne laisse penser qu’une arme a feu a été utilisée. Des couteaux ont été trouvés dans la voiture mais ils ne portent pas l’ADN de l’adolescente. En outre, rien ne lie Samuel Gonin à Lina ou à son entourage : pas de contact téléphonique, aucune connaissance dans la région… C’était d’ailleurs la première fois que l’homme se rendait dans ce secteur, à la connaissance des enquêteurs.
20 gendarmes mènent l’enquête
En se basant sur les caméras de vidéosurveillance, Alexandre Chevrier explique que Samuel Gonin était le seul utilisateur de la voiture, entre son vol en août 2023 et son immobilisation à Narbonne en janvier 2024 suite à un refus d’obtempérer. Le quadragénaire a volé plusieurs fois du carburant et semblait vivre dans sa voiture, vu l’état de pagaille de cette dernière. Plus largement, l’homme avait quitté travail et famille à l’été 2024 et se déplaçait beaucoup en France, parfois sans logique apparente derrière les trajets effectués.
Suite à ces découvertes, d’importantes recherches ont été menées dans les Vosges et en Haute-Saône, en vain. Les questions subsistent quant à la raison pour laquelle Lina est montée ou a été forcée de monter à bord de cette voiture. Une cellule d’enquête nationale réunissant au moins 20 militaires de la gendarmerie à temps plein travaille sur le dossier depuis octobre 2023.
Des questions en suspens
L’angle mort, selon le procureur : « Qu’est venu faire Samuel Gonin sur cette route ? Ce n’est pas un point de passage fréquenté ni un endroit où il était déjà venu. » Le suicide de l’homme de Besançon est le principal frein à trouver ses motivations et à la manifestation de la vérité, explique Alexandre Chevrier. Pour la suite, la priorité est de retrouver Lina. A-t-il encore espoir de la retrouver vivante ? « En théorie tout est encore possible, mais ça fait un an qu’elle a disparu et n’a pas donné signe de vie », répond-t-il.