« L’Impasse », l’échec au rang des Beaux Arts
Le plus beau film de De Palma : c’est la désormais sempiternelle rengaine accolée à cette perle noire pourtant sortie dans l’indifférence au début des années 1990. Le cinéaste de « Carrie » est alors au fond du trou - il vient de réaliser deux bides dantesques, « le Bûcher des vanités » et « l’Esprit de Caïn ». Ici, son spleen rejoint la mélancolie de son antihéros Carlito Brigante (Al Pacino), gangster vieillissant sorti de prison grâce à son combinard d’avocat (Sean Penn, dans son meilleur rôle), dont la seule ambition consiste à rester honnête - une gageure puisque tout le monde, flics comme amis, le pousse vers l’abîme.
Comme tout bon personnage « de palmien », Carlito est un metteur en scène : le film n’est qu’un long flash-back retraçant les dernières semaines de sa vie, autant d’images qu’il questionne et commente, comme s’il tentait d’en comprendre le sens et, surtout, l’aboutissement - une balle qu’il reçoit dans le ventre, en ouverture. Mais « l’Impasse » ne se contente pas d’être un beau portrait de loser magnifique, c’est avant tout un polar virtuose et lyrique, ponctué de morceaux d’anthologie (scène du billard, poursuite dans le métro…) et porté par un Pacino plus félin que jamais. Chef-d’œuvre absolu.
Dimanche 30 octobre à 23h20 sur France 2. Film policier américain de Brian De Palma (1993). Avec Al Pacino, John Leguizamo. 2h20.