Libye : la Croix-Rouge craint un nombre « énorme » de morts et plus ...
Plusieurs jours après le passage de la tempête Daniel sur la Libye, le bilan humain est toujours provisoire mais s’annonce terrible. Lors du point de presse régulier des Nations unies (ONU) à Genève, Tamer Ramadan, responsable de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a évoqué mardi 12 septembre un nombre « énorme » de morts, qui pourraient se compter en milliers, et 10 000 disparus.
« Les besoins humanitaires dépassent largement les capacités du Croissant-Rouge libyen et même les capacités du gouvernement, a alerté le responsable humanitaire, qui parlait en direct de Tunis. C’est la raison pour laquelle le gouvernement dans l’Est a lancé un appel à l’aide internationale et nous allons nous aussi incessamment lancer un appel d’urgence. »
La tempête Daniel a frappé l’est de la Libye dimanche après-midi, notamment les villes côtières du djébel Akhdar (nord-est), mais également Benghazi, où un couvre-feu a été décrété et les écoles ont été fermées.
Margaret Harris, une porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a évoqué « une calamité aux dimensions épiques ».
« Des quartiers entiers de Derna ont disparu, et leurs habitants ont été emportés par les eaux après l’effondrement de deux barrages vieillissants, rendant la situation catastrophique et incontrôlable », a expliqué pour sa part l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l’ONU.
« Il y a des corps partout »Intervenant sur la chaîne Almasar, le chef de l’exécutif dans l’est de la Libye, Oussama Hamad, a avancé lundi les chiffres de « plus de 2 000 morts et de milliers de disparus » rien que dans la ville de Derna, mais aucune source médicale ni service de secours n’a confirmé ce bilan.
Hichem Chkiouat, ministre de l’aviation civile et membre du comité d’urgence dans le gouvernement de l’est du pays, a déclaré à l’agence Reuters s’attendre à un bilan final « très, très lourd ». « Je reviens de Derna. La situation est désastreuse, a-t-il témoigné. Il y a des corps partout – dans la mer, dans les vallées, sous les bâtiments. » « Le nombre de corps retrouvés à Derna est supérieur à 1 000, a-t-il ajouté. Je n’exagère pas en disant que 25 % de la ville a disparu. De très nombreux bâtiments se sont effondrés. »
Dotée des réserves pétrolières les plus abondantes d’Afrique, la Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011, et secouée par des divisions et des violences. Depuis un an et demi, deux gouvernements s’y disputent le pouvoir : celui d’Abdel Hamid Dbeibah dans l’Ouest, reconnu par l’ONU, et celui nommé par le Parlement et soutenu par le maréchal Haftar.
Lors d’un conseil des ministres extraordinaire diffusé en direct à la télévision lundi, M. Dbeibah a annoncé « trois jours de deuil national », évoquant « l’unité de tous les Libyens » face à cette catastrophe. La mission de l’ONU en Libye a dit « suivre de près la situation d’urgence », et le président français, Emmanuel Macron, a exprimé sa « solidarité avec le peuple libyen ». Le porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller, a également exprimé sa « sympathie et [présenté] ses condoléances » et a déclaré que Washington travaillait avec les Nations unies et les autorités libyennes pour contribuer aux secours.
Le Monde avec AFP