Israël intensifie sa campagne de bombardements sur le Liban

Le Liban a été frappé lundi par un déluge de bombardements israéliens qui a fait près de 500 morts et plus de 1645 blessés au cours de la journée, selon le ministère libanais de la Santé. 

Plusieurs vagues successives de plus de 1300 frappes se sont abattues sur des dizaines de localités du sud du pays et de la plaine de la Bekaa, désignées comme des cibles par Daniel Hagari, le porte-parole de l’armée israélienne. Lundi matin il affirme, images 3D à l’appui, que des bâtiments résidentiels du sud du Liban abritent des rampes de lancement de missiles du Hezbollah. D’après lui, l’aviation israélienne a détruit une maison dans laquelle était dissimulé un missile de croisière russe DR3 muni d’une charge explosive de 300 kg et capable de frapper une cible située à 200 kilomètres. Un rayon d’action suffisant pour frapper Tel-Aviv ou Jérusalem. Il intime alors aux résidents du sud du Liban de quitter les maisons où seraient dissimulées des armes du Hezbollah.

Quelques heures plus tard, un autre ultimatum est adressé spécifiquement aux résidents de la plaine de la Bekaa, dans l’est du Liban : « Le Hezbollah oblige l’armée israélienne à agir contre ses infrastructures terroristes dans vos villages (…) si vous vous trouvez dans ou à proximité d’une maison contenant des armes du Hezbollah, vous devez la quitter et vous éloigner, dans les deux heures, à au moins 1 kilomètre. » À plusieurs reprises au cours de la journée, l’armée israélienne a diffusé des vidéos indiquant, selon elle, que ses bombardements avaient touché des maisons dissimulant des armes du Hezbollah.

Les termes utilisés par l’armée israélienne ressemblent à ceux qui sont adressés aux Palestiniens de Gaza depuis le début de la guerre, à la différence que c’est cette fois la confrontation avec le Hezbollah au lieu du Hamas, qui est invoquée pour justifier les raids israéliens. Le chaos qui en résulte est général. Au moins deux ambulances sont prises pour cible. Les routes du Liban sont envahies de gens fuyant vers la capitale, le Mont-Liban et le Nord.

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La solidarité se met en place

La solidarité s’organise aussi très vite. Avec des groupes dédiés à l’accueil des réfugiés partout dans le pays. Alors que le nombre des victimes ne cesse de s’alourdir, la colère gronde. « Le porte-parole de l’armée israélienne ment. Aucun membre de ma famille n’a jamais fait partie du Hezbollah. La maison de mon cousin a été frappée. Il n’a absolument aucun lien avec le Hezbollah. Pas davantage que nous lorsque notre maison a été détruite (lors de la guerre de l’été 2006) », témoigne Nadim Kobeissi sur X.

« Les civils sont visés directement. Ce qui se passe est très grave et contrevient à toutes les règles humanitaires », s’indigne Kamel Mehanna, responsable du collectif des ONG libanaises qui tentent de faire face tant bien que mal dans un pays exsangue. « Il est clair que l’objectif de ces frappes est de vider la région sur plusieurs kilomètres », ajoute le fondateur d’Amel, l’une des plus anciennes associations humanitaires du Liban selon qui Israël est en train de pratiquer la politique de la terre brûlée pour obtenir « sa zone tampon ». En s’attaquant aux régions peuplées majoritairement de chiites, la communauté dont le Hezbollah monopolise la représentation, les frappes visent à affaiblir le soutien de sa base sociale à la puissante organisation para-étatique, quelques jours après une série d’attaques qui l’ont fortement ébranlée.

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Les tirs de roquette se multiplient

Une pression à laquelle le Hezbollah ne semble pas vouloir céder à ce stade. Lundi, tout au cours de la journée, la milice islamiste a multiplié ses attaques, visant des régions d’Israël jusque-là plutôt épargnées par la guerre, comme la ville industrielle de Haïfa. Pour la première fois depuis le début de la guerre, les sirènes ont sonné dans des colonies israéliennes du nord de la Cisjordanie.

Les mesures de sécurité restent strictes en Israël. Lundi, les enfants sont restés à la maison et les résidents de nombreuses villes du Nord ont été invités à rester à proximité d’abris. Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a insisté sur le respect des instructions du Home Front Command, l’organe de l’armée en charge de la défense civile. « Au cours des prochains jours, le public va devoir faire preuve de calme et de discipline », a-t-il affirmé. En fin de journée, le bilan côté israélien restait mesuré : quelques blessés, quelques maisons frappées par des roquettes.

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Le grondement des avions de chasse

La campagne de frappes aériennes est perceptible à travers tout le pays. Dans le ciel de Jérusalem, le grondement des avions de chasse se fait entendre nuit et jour. Lundi, en fin d’après-midi, encadré par son ministre de la Défense et le chef d’état-major de l’armée israélienne, Benyamin Netanyahou a fait une déclaration depuis une salle de commandement souterraine du ministère de la Défense, à Tel-Aviv. « Nous avons devant nous des jours compliqués », a prévenu le premier ministre israélien, tout en tenant un discours de fermeté. « J’ai promis que nous allions changer l’équilibre du pouvoir dans le Nord et c’est exactement ce que nous sommes en train de faire. Nous sommes en train de détruire des milliers de roquettes et de missiles pointés vers les villes israéliennes et vers les citoyens israéliens », a-t-il assuré.

Le chef d’état-major de l’armée israélienne avait déjà annoncé que le rythme des attaques allait s’accélérer. « Nous allons permettre le retour des résidents du nord d’Israël dans leurs maisons, en sécurité. Le Hezbollah recevra coup après coup jusqu’à ce qu’il comprenne cela », a-t-il affirmé dimanche, dans une vidéo tournée sur le tarmac d’une base aérienne, devant un chasseur F-15.

Dès le 8 octobre 2023 et l’entrée en guerre du Hezbollah aux côtés du Hamas, 60.000 Israéliens vivant dans une bande de quatre kilomètres le long de la frontière ont été évacués. Au cours de la semaine dernière, le gouvernement israélien a annoncé que leur retour était devenu un objectif de la guerre, tout comme la destruction des capacités militaires du Hamas et le retour des otages. Depuis, c’est l’escalade. Elle est redoutée de part et d’autre, mais jusqu’où ira-t-elle ? Lundi soir, l'Égypte a demandé l'intervention du Conseil de sécurité de l'Onu et l'Irak a réclamé une « réunion urgente » des pays arabes pour « stopper» Israël. Les États-Unis tentent de faire pression sur l'État hébreu pour qu'il reste mesuré. Mais le risque est grand que la dynamique du conflit n'échappe aux belligérants.