Leylah Fernandez écarte Elina Svitolina et file en demi-finale de l'US Open - L'Équipe
Pour faire un pitch facile de ce quart de finale entre Elina Svitolina (26 ans, 5e joueuse mondiale) et Leylah Fernandez (19 ans, 73e), on aurait pu avancer le choc entre l'expérience et la fougue. La fougue d'une jeune Canadienne de 19 ans et un jour qui avance dans le tableau telle un bulldozer après avoir écarté Naomi Osaka et Angelique Kerber. Et l'expérience d'une Elina Svitolina qui est une longue pensionnaire du top 10 et qui a déjà disputé des quarts de finale dans tous les tournois du Grand Chelem. Eh bien c'est la fougue qui l'a emporté, faisant souffler un vent diablement rafraîchissant sur cet US Open (6-3, 3-6, 7-6 [5]).
Mis à part en 2019, quand elle avait atteint les demi-finales à Wimbledon et à l'US Open, Elina Svitolina semble bloquée par un plafond de verre en Grand Chelem où les quarts de finale sont trop souvent sa limite. Mais mardi soir, elle a surtout été bloquée par une Canadienne incroyablement mature dans son jeu. Au lendemain de son anniversaire, Fernandez a livré une prestation juste énorme. Dès les premiers échanges, elle a montré qu'elle n'était pas là pour regarder comment ça se passait.
Refusant obstinément de reculer derrière sa ligne, elle a joué quantité de coups en demi-volée, quasiment à genoux. De cette manière, elle a régulièrement pris de vitesse une Svitolina souvent trop neutre dans son jeu. La puissance, ce n'est pas encore le truc de Fernandez. Mais la vitesse d'exécution est là. Et si elle ne tape pas plus fort, elle va taper plus vite afin d'enlever du temps de réaction à son adversaire. Simple à concevoir, tellement plus difficile à exécuter sur la durée. Mais, aidée par un coup droit décroisé qui lui a régulièrement ouvert le court, la Canadienne a parfaitement tenu son plan de jeu.
Le premier set en poche, elle allait cependant connaître un petit coup de moins bien. Pas étonnant dans la mesure où Fernandez a joué des matches à rallonge depuis le début du tournoi. En tout, avant ce quart de finale, elle avait passé presque trois heures de plus sur le court que son adversaire. Et Svitolina a surtout su faire jouer son expérience de ces situations. Elle en a mis plus dans la balle, s'est montrée plus patiente, a mieux tenu l'échange. Et ça a payé, même si elle a lâché son service sur sa première occasion de conclure, à 5-2.
Le troisième set commençait sur les mêmes bases que le premier. Fernandez se détachait rapidement 3-1. Face à une Svitolina redevenue trop neutre dans ses intentions, la Canadienne prenait le match en mains. Dos au mur, l'Ukrainienne empêchait Fernandez de conclure alors qu'elle servait à 5-4. Hurlant à s'en briser les cordes vocales sur toutes les frappes, Svitolina passait dans une autre dimension. Tout allait donc se jouer au tie-break. Incroyable de caractère, Fernandez était la première à se détacher (4-1) après une faute énorme de Svitolina en revers. Mais cette dernière n'avait pas dit son dernier mot et faisait durer le suspense en revenant à 4-4.
À 5-5, Svitolina prenait le chemin du filet, mais sa volée n'était pas tranchante. Le passing de Fernandez touchait le filet et finissait dans le court. La balle de match derrière était une formalité pour la jeune Canadienne. Elle jouera sa demie face à Aryna Sabalenka ou Barbora Krejcikova. Pas un problème. « Je vais bien me reposer et en profiter. Je vais laisser mon père s'occuper de la tactique et du reste », lâchait-elle dans un éclat de rire sur le court.