Lewis Hamilton et Ferrari, histoire d'une évidence

C’était en Belgique, lors du dernier Grand Prix avant la pause estivale, Toto Wolff, directeur exécutif de l’écurie Mercedes, avait une nouvelle fois fait taire les bruits d’un possible passage de Lewis Hamilton chez Ferrari. De son côté, Lewis Hamilton avait fait savoir à plusieurs reprises qu’il souhaitait rester chez Mercedes, réaffirmant à quel point il espérait décrocher un huitième titre mondial avec l’écurie basée à Brackley. Quant à la Scuderia Ferrari, elle ne manquait pas une occasion de répéter qu’elle était satisfaite du duo formé par Charles Leclerc et Carlos Sainz dont les contrats n’expiraient pas avant la fin de l’exercice 2024. Pourtant, en dépit des dénégations de chacun, la rumeur d’un transfert du septuple champion du monde à Maranello ne voulait pas s’éteindre. Même l’annonce de la signature d’un contrat pluriannuel de « King Lewis » avec Mercedes pour 2024 et 2025 ne parvenait pas à refroidir les braises…

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À Maranello, depuis son premier jour, Frédéric Vasseur regardait alors autour de lui pour (re)construire une équipe Ferrari XXL. Que ce soit au niveau des départs ou des arrivées, le Français menait – et mène encore – d’importantes opérations. En tête de liste de ses priorités figurait l’amélioration de la structure technique, mais comme l’avait si bien compris et réussi Jean Todt dans les années 90, il fallait ajouter un volet pilote. Certes, la Scuderia disposait déjà avec Charles Leclerc de son pilote vedette capable de fédérer les énergies et de donner la dernière impulsion, mais quand on est la plus prestigieuse écurie de l’histoire peut-on ne pas interroger le pilote le plus prestigieux du siècle ? Ce que Frédéric Vasseur fit alors, et qu’il continua de faire même après le renouvellement de contrat du Britannique avec Mercedes.

Fred Vasseur et Lewis Hamilton ont partagé le podium du GP de Singapour 2023, remporté par Carlos Sainz (Ferrari). © Antonin Vincent / DPPI

Il faut dire qu’entre les deux hommes, cela fait bien longtemps que la relation a largement dépassé le cadre professionnel des années 2000 chez ASM en F3 et ART en GP2. Même quand le britannique a rejoint le monde des Grands Prix chez McLaren en 2007, les liens ne se sont pas distendus. Bien au contraire. Pas une semaine sans que les deux hommes ne s’appellent, un rythme qui est devenu plus soutenu encore du jour où Frédéric Vasseur a eu ses premières fonctions en Formule 1.

Autant dire que si le nouveau contrat Mercedes de Lewis Hamilton comportait une clause échappatoire au terme de la première saison comme cela semble être le cas, il avait été le premier à le savoir. D’où sans doute le petit sourire énigmatique du patron de la Scuderia à chaque fois que l’on évoquait avec malice l’arrivée du « Roi Lewis » à Maranello un de ces quatre matins. Il savait déjà que la porte était fermée, mais pas verrouillée.

Pour lui, plus que jamais désireux de montrer que la Scuderia n’a rien perdu de son magnétisme, mener des négociations avec le septuple champion du monde avait aussi pour objet de montrer que le géant n’est pas aux pieds d’argiles en dépit des difficultés. Le nombre d’articles circulant aujourd’hui sur Internet, confirme que Ferrari reste bien cet obscur objet du désir et que l’annonce de l’arrivée d’Hamilton à Maranello va avoir l’effet d’un séisme dont on a peine à mesurer l’onde de chocs, un tremblement de terre comparable à celui de 1995 quand Michael Schumacher avait rejoint une écurie Ferrari alors au creux de la vague. Cette prise mémorable avait été l’œuvre de Jean Todt alors à la place qu’occupe aujourd’hui Frédéric Vasseur. Entre les deux Français, si les styles divergent, bien des actions sont similaires.

Le transfert du siècle peut-il changer quelque chose à la position de Charles Leclerc ? Assurément non, et si le Monégasque a prolongé son contrat la semaine passée, c’est forcément en toute connaissance de cause. Pour la F1 et les fans, une paire Hamilton-Leclerc sous le même toit Ferrari ne serait rien moins que magique, et ne serait pas sans rappeler celle formée par Alain Prost et Ayrton Senna à la fin des années 80 chez McLaren. Elle serait même plus puissante encore, même si le profil et le niveau de carrière des deux pilotes fait qu’elle serait sans doute plus apaisée, moins meurtrière. Ça serait une belle histoire, rêvée mais bien réelle.

En lutte à Austin à l’automne 2023, Lewis Hamilton et Charles Leclerc seront équipiers en 2025. Photo Xavi Bonilla / DPPI

Le parfait timing aussi puisque Vasseur mise clairement sur 2025 pour replacer la Scuderia là où elle se doit d’être. C’est une obligation pour Lewis Hamilton qui arriverait à Maranello à l’âge de 40 ans et qui n’aura plus de temps à perdre pour décrocher une huitième couronne. La plus belle ! Celle faisant de lui le roi des rois, celle lui permettant de réussir là où Alain Prost et bien d’autres champions d’exception ont échoué. Il retrouverait une nouvelle fois Michael Schumacher sur les chemins de la renommée, et ferait ce que son héro Ayrton Senna n’a pas eu l’opportunité de faire : gagner en Rouge !