Sylvester Stallone revient dans « Le Samaritain » : « Un type ordinaire qui fait des choses extraordinaires »

Pour son retour sur les écrans, Sylvester Stallone incarne Joe, un septuagénaire solitaire qui travaille dans le recyclage des ordures. Objet de la fascination de son voisin, Sam, 13 ans, fan de superhéros convaincu qu’il s’agit du Samaritain, justicier à la force surhumaine disparu dans des circonstances mystérieuses il y a vingt-cinq ans au côté de son frère jumeau devenu son rival.Alors que la ville est au bord du chaos, l’enfant prie pour que son idole sorte de sa réserve, révèle sa véritable identité à la population et lui porte secours…

Narré du point de vue de son jeune protagoniste, ce récit à la fois initiatique et de rédemption, ancré dans l’Amérique contemporaine victime de la crise économique (chômage, précarité, délinquance, saisies immobilières), évoque Incassable (2000), de M. Night Shyamalan, qui rencontrerait Joker (2019), de Todd Phillips. Malgré un scénario plutôt basique qui comporte cependant quelques surprises, cette série B assumée vaut pour sa volonté de situer l’intrigue dans un monde réaliste, son humilité et évidemment la performance de Sylvester Stallone en gueule cassée qui, du haut de ses 76 ans, se défend toujours dans les scènes d’action. Sans langue de bois et doté d’un solide sens de l’autodérision, il a livré ses premières impressions à la presse via Zoom depuis son domicile.

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Je vous assure que quand un gars de 150 kilos s’élance pour vous tomber dessus, vous le sentez passer, ce n’est pas du chiqué ! J’ai subi 31 opérations à cause du cinéma d’action, je sais de quoi je parle.

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« Je joue un individu puissant mais ancré dans une réalité. Il ne vole pas, ne crache pas du feu et ne voit pas à travers les murs. Pour se déplacer incognito, il prend le bus ! Un type ordinaire qui fait des choses extraordinaires. Ce qui le rend si unique ? Sa force. On a affaire à un Hercule des temps modernes, un être mythique mais mortel car il y a une part de fragilité et de vulnérabilité en lui. Chaque société a besoin de telles figures pour la catharsis depuis L’Iliade d’Homère. Tout le monde partage les mêmes émotions. On a construit un univers neuf et singulier. Marvel et DC Comics ont repoussé au maximum les limites et tout ce qui pouvait être imaginé l’a été en termes de spectacle, d’effets spéciaux, de musique etc… Je privilégie la simplicité. Je suis peut-être naïf comme un ours en peluche, mais le plus important ce sont les relations humaines. Je pense qu’on s’identifie plus quand quelqu’un se fait renverser par une voiture ou quand on marche dans une ruelle déserte et qu’on est suivi par une silhouette dans l’ombre… C’est plus plausible, tangible. Surtout si l’histoire se déroule dans le quartier où on habite. Je dis toujours à mes filles de se tenir sur leurs gardes. Le danger est bien présent. J’ai songé au milieu du catch pour le costume et le masque. Aux idoles qui ont forgé ma personnalité. Là encore, je vous assure que quand un gars de 150 kilos s’élance pour vous tomber dessus, vous le sentez passer, ce n’est pas du chiqué ! J’ai subi 31 opérations à cause du cinéma d’action, je sais de quoi je parle. »

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« Le Samaritain est une fable morale qui véhicule l’idée qu’on doit s’occuper de nous-mêmes et ne pas compter sur une figure providentielle pour nous sauver. Elle reflète bien notre société actuelle régie par la violence et la peur. Mon personnage a choisi de disparaître en devenant un anonyme, un type qui recycle les ordures. On ne fait pas attention aux éboueurs, pourtant ils sont essentiels. Il essaie d’oublier son passé et ses erreurs, en laissant tout derrière lui et en restant anonyme. La présence du gosse fait tout ressurgir. Il faut affronter la réalité, ne plus se dérober et assumer ses responsabilités, arrêter de se comporter en lâche. Car au fond de lui il sait qui il est. En général, on tombe quand on commence à se moquer de tout. L’un de mes thèmes préférés au cinéma demeure la rédemption, la seconde chance. On apprend rarement de ses bêtises ! Nos parents nous ont mis en garde, pourtant on prend quand même les mauvaises décisions. J’ai de l’empathie pour Joe car, s’il y a bien une crainte que je partage avec lui, c’est la solitude. Il s’isole car il a le cœur brisé. »

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Je prends tout ce que je peux chez mon partenaire. Je suis un vampire émotionnel.

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« Dans le passé, j’ai réalisé des films. Je peux vous dire que ce n’est pas amusant, pas glamour, mais au contraire brutal, cela empiète sur la vie privée, on ne dort plus, on répond à 8 000 questions par jour, puis vient le temps de la post-production. C’est dur et chronophage, cela s’aggrave si on perd en vitesse à cause de l’âge ! Certains gars ne respirent que pour cela, il faut de l’énergie et de la testostérone en abondance. (Rires)Ce n’est plus pour moi. Je me consacre à mon jeu. La clé du gentil, c’est le méchant. Le gentil est facile à interpréter, le méchant plus complexe. Surtout s’il y a une étincelle d’intelligence dans le regard, à l’instar de Mister T ou Dolph Lundgren dans la saga Rocky . Quand l’antagoniste est un idiot, il y a moins d’efforts à fournir ! Le bien et le mal cohabitent en chacun d’entre nous, on possède tous cette duplicité. Selon la manière dont on a été élevé, son sens de l’éthique, la direction qu’on prend… »

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« J’ai exercé toutes sortes de petits boulots : portier, barman, couper la tête des poissons en cuisine, aller dans une cage pour nourrir les lions. Tout cela rend humble, j’ai beaucoup appris. Car il s’agit d’expériences humaines. Je préfère mon métier à présent qu’à l’âge de 25 ans, à l’époque je croyais que je savais et que je contrôlais tout ! (Rires) Je ne joue plus de la même façon un rôle qu’au début de ma carrière, j’ai évolué. En vieillissant, on devient parfois aigri et cynique. Me confronter à un gamin de 13 ans plein de vie, c’est revigorant. Je trouve indispensable d’entretenir cette symbiose entre les jeunes et les anciens. Bon, j’ai essayé dans un premier temps de l’intimider, de l’effrayer pour qu’il oublie ses répliques… À son âge, je tremblais devant l’image de John Wayne ou Robert Mitchum. Puis je me suis mis à sa hauteur, en plaisantant et en l’incitant à se décontracter. Est née alors une véritable complicité. Je lui ai fait profiter de ma sagesse, en retour il m’a donné un coup de fouet. Je prends tout ce que je peux chez mon partenaire. Je suis un vampire émotionnel. (Rires) Ce genre de tournage est éreintant. Quand j’ai débuté, il n'y avait pas à proprement parler de films d’action, seulement des intrigues avec des scènes de bagarres ou de poursuites de voitures. Mais immédiatement j’ai été séduit. J’étais convaincu qu’on devait tout comprendre en coupant le son, j’ai mis ce concept en pratique dès Rambo (1982). Vous ferez le test et vous verrez, ça marche. OK, les artistes sont un peu fous, mais dans le bon sens ! »

Le Samaritain **

De Julius Avery, avec Sylvester Stallone et Javon « Wanna » Walton. 1h42. Disponible sur Amazon Prime Vidéo.