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Le Samaritain : critique qui cogne Sylvester Stallone sur Amazon

Le Samaritain  critique qui cogne Sylvester Stallone sur Amazon
Découvrez la critique du film Le Samaritain de Julius Avery - Après avoir subverti les super-héros avec les séries The Tick, The Boys et Invincible, Amazon Prime Video a de nouveau tenté de détourner les codes de ce genre omniprésent à l'éc

ACTION (OLD) MAN

Entre la conclusion (la vraie) de la saga Rambo, l'absence confirmée de Rocky Balboa dans Creed III et le départ imminent de Barney Ross dans le prochain volet d'Expendables, on aurait pu penser qu'à plus de 75 ans, Sylvester Stallone s'était enfin fait à l'idée de vieillir. Mais avec Le Samaritain (qu'il a produit), l'acteur a surtout prouvé qu'il aimait toujours autant les come-back et n'était pas prêt de lâcher son statut de héros d'action indomptable, ni son image d'éternel outsider.

Après avoir passé sa carrière à incarner des surhommes abîmés qui sauvent les gens, Stallone est donc officiellement devenu sa propre caricature en interprétant un vieux super-héros obligé de sortir de la retraite pour prouver qu'il en a encore suffisamment dans les bras et qu'il n'a rien d'une relique. Forcément, le profil de ce nouveau monsieur muscles n'a pas tellement changé des précédents.

Son personnage, Joe Smith, est un homme solitaire, traumatisé par son passé et en quête de rédemption. Il a consacré une partie de sa vie à protéger celle des autres, mais n'est plus considéré par grand-monde, même s'il est destiné à regagner le respect de ses compatriotes en ouvrant son coeur et le crâne de ses ennemis.

Le Samaritain : photo, Sylvester StalloneIl aime réparer les vieilles choses cassées, si c'est pas profond comme écriture

Cette histoire poussiéreuse aurait malgré tout pu être un minimum divertissante si elle osait être aussi bourrin que convenue, mais elle reste à l'inverse trop lisse et sage. Bien qu'il soit encore bien conservé et que personne n'aurait envie de lui chatouiller les narines, Sylvester Stallone n'a évidemment plus sa forme d'antan. Le scénario de Bragi F. Schut se montre donc radin en action et raccourcit autant que possible les quelques échanges de coups pour ne pas trahir son essoufflement.

Ainsi, l'acteur grogne plus qu'il ne frappe, enchaîne les chorégraphies statiques et se contente de faire des grimaces pour sonner la charge, loin de la puissance que son personnage devrait véhiculer. Le film tente même par moments de camoufler la mollesse de ses séquences de baston avec des punchlines risibles héritées des séries B testostéronées des années 80 et 90, notamment quand Stallone dit nonchalamment "éclate-toi bien avec" à un méchant sur le point d'être explosé par une bombe. 

Samaritan : photoSamaritan : photoQui sème le vent récole un courant d'air MULTIVERS

Même s'il a ensuite été adapté en comics, le scénario est une histoire originale qui n'est qu'une version appauvrie de tout ce qui a déjà pu être fait ailleurs, que ce soit chez Marvel, DC ou dans des oeuvres indépendantes. Joe Smith n'est qu'un décalque du vieux Bruce Wayne dans Batman: The Dark Knight Returns avec des pouvoirs presque identiques à ceux de Bruce Willis dans Incassable. Son origin story, qui présente des similitudes avec celle de Wolverine, est expédiée dans un prologue animé à la Archenemy qui compile les clichés paresseux, en particulier la lutte fratricide, l'arme spéciale qui peut vaincre le Samaritain et le méchant qui s'appelle Nemesis.

Granite City, la ville où se déroule le récit, a été transformée en sorte de Gotham City, avec ses rues sales minées par la pauvreté et la délinquance. Cyrus, le méchant de Pilou Asbæk, est quant à lui un ersatz périmé du Joker, censé incarner le mal absolu et une nouvelle figure anarchique pour le peuple acculé et révolté qui cède à la violence. 

Le Samaritain : photoLe Samaritain : photoPourquoi se casser la tête à créer une mythologie solide ?

 

En plus d'une volonté de réalisme similaire à celle de Hancock (qui n'est pas vraiment une bonne référence), le scénariste pensait qu'il serait super original de casser la dichotomie supposée du genre en "s'interrogeant" sur la notion d'héroïsme et d'anti-héroïsme, un trope de plus en plus récurrent et rébarbatif dans le monde des super-héros. Après avoir dûment présenté au public le monsieur qui sauve des enfants et celui qui menace de les tuer, le dernier tiers du film tente ainsi une grossière inversion des valeurs et du rapport de force dans un retournement scénaristique poussif et usé jusqu'à la corde.

Tout ça pour finalement garder l'image sans nuance d'un gentil Stallone triomphant du mal, et conclure avec un message niais et régurgité sur la part de bonté et de noirceur en chacun de nous. À deux doigts de pleurer, mais pas pour les bonnes raisons. 

Samaritan : photo, Sylvester StalloneSamaritan : photo, Sylvester StalloneLes méchants sont tellement méchants qu'ils ont tous des tatouages sur le visage

histoire précipitée

Au-delà de sa mièvrerie et de son manque d'originalité, le scénario ne parvient même pas à creuser les pistes narratives plutôt intéressantes qu'il lance. Afin de préserver son retournement de situation (aussi peu impactant soit-il), la relation entre Le Samaritain et son frère - pourtant au coeur de l'histoire - n'est jamais abordée. Que ce soit à propos de la perte de son jumeau, de sa culpabilité, de son mystérieux passé ou tout simplement de ses motivations, Joe est une coque vide auquel le film ne s'intéresse jamais. Et le jeu monolithique de Stallone n'aide pas à nuancer le personnage ou à enrichir sa caractérisation.

Le récit ne s'intéresse pas non plus à Sam, le jeune adolescent admiratif du Samaritain. C'est pourtant lui qui aurait pu apporter un peu de chaleur et d'émotion à l'ensemble, si seulement le film avait approfondi son postulat de départ, c'est-à-dire un gosse tiraillé entre deux figures paternelles, perdu entre ses rêves d'enfant et ses désillusions, au lieu de l'abandonner en cours de route. Et c'est d'autant plus dommage, étant donné que Javon 'Wanna' Walton est le plus investi et authentique à l'écran.

Samaritan : Sylvester Stallone, Javon 'Wanna' WaltonSamaritan : Sylvester Stallone, Javon 'Wanna' Walton"Sinon, t'as déjà regardé Euphoria ?"

Le contexte social et politique est quant à lui aussi épais que les personnages. La ville est censée être une poudrière sur le point d'exploser, mais la tension n'est abordée qu'à travers quelques bribes de journaux télévisés (le summum de l'innovation). Le moment de bascule, qui voit un quartier difficile et défavorisé virer à la zone de non-droit, se résume à une scène où Pilou Asbæk rallie une vingtaine de figurants après un discours creux autour des inégalités sociales et de l'inaction politique sur lesquelles le scénario fait totalement l'impasse.

Le conflit n'est jamais palpable et le grand soulèvement populaire censé plonger la ville dans le chaos n'est jamais vécu de l'intérieur, si ce n'est à travers deux ou trois plans de personnes cagoulées entourées de fumigènes, qui démontrent là encore toute l'inventivité de la mise en scène de Julius Avery.

S'il n'est pas particulièrement infâme (à côté par exemple d'un Morbius ou d'un Arthur, malédiction), Le Samaritain n'a donc que peu d'intérêt, si ce n'est celui de confirmer qu'il serait temps pour Stallone de déposer les armes.

Le Samaritain est disponible depuis le 26 août sur Amazon Prime Video.

Samaritan : Affiche françaiseSamaritan : Affiche française

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