Laetitia Avia reconnue coupable de "harcèlement moral" sur quatre ...
S'il y a une chose qu'elle doit mordre, ce sont bien ses doigts. Le tribunal judiciaire de Paris vient de condamner Laetitia Avia, ancienne députée « marcheuse » élue lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, pour « harcèlement moral » sur plusieurs de ses ex-assistants parlementaires. Avec une peine prononcée en deçà des réquisitions du parquet : six mois de prison avec sursis, deux ans d'inéligibilité, 2 000 euros à verser à chacun des quatre plaignants dont le préjudice moral a été reconnu et le remboursement de leurs frais de procédure. Le Procureur de la République avait demandé, le 1er juin dernier, un an d’emprisonnement avec sursis, cinq ans d'inéligibilité et 10 000 euros d’amende.
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Une enquête avait été ouverte par le parquet de Paris après que cinq de ses collaborateurs parlementaires ont déposé une plainte contre l'ancienne députée dans la foulée des révélations de Mediapart en mai 2020 à propos d'« humiliations à répétition au travail » et des « propos à connotation sexiste, homophobe et raciste ». Des agissements qui, selon les réquisitions du Procureur de la République prononcées début juin, ont eu des conséquences négatives sur leur « santé physique et psychique ». Un mois plus tôt, lors de son audience devant le juge, elle avait évacué : « Moi je ris, je chante, je danse dans le bureau. Je n’installe pas un climat de terreur. » Deux autres assistants avaient témoigné au procès.
Tartuffe de la lutte contre les discriminationsElle s'était pourtant démenée, les trois premières années de son mandat, afin de devenir au sein de la majorité présidentielle le chantre de la lutte contre les discriminations. En 2017, elle avait intégré un groupe de travail de députés sur la verbalisation du harcèlement de rue. L’année suivante, elle avait déposé une proposition de loi contre la « glottophobie » en réaction à une moquerie de Jean-Luc Mélenchon sur l’accent d’une journaliste toulousaine. Toujours en 2018, elle avait remis un rapport « visant à renforcer la lutte contre le racisme et l’antisémitisme sur Internet » à Édouard Philippe, alors Premier ministre. Un texte qui avait débouché sur la loi « visant à lutter contre les contenus haineux sur Internet ». Adoptée en 2020, elle avait été largement censurée par le Conseil constitutionnel, un mois après, pour « atteinte à la liberté d’expression ».
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Laetitia Avia a été reconnue coupable de harcèlement moral « à l'égard de plusieurs salariés pendant plusieurs années alors qu'elle était une élue de la République, à l'occasion de l'exercice de ses fonctions et à l'égard de collaborateurs parlementaires, ce qui accentue la gravité de ces agissements », est-il écrit dans la décision du tribunal que Mediapart a pu consulter. Elle a cependant été relaxée des poursuites relatives à trois de ses ex-assistants.
Début juin, son avocat Basile Ader dénonçait des « grands mensonges » et des « évolutions » dans les témoignages des plaignants. Il avait plaidé la relaxe. Sans succès. Aujourd'hui, il fait appel de la décision du tribunal, « se disant "confiant" sur l'issue de ce deuxième procès, rapporte l'AFP. Le fait que le tribunal n'ait pas retenu un système de harcèlement mais qu'il ait fait un tri entre les salariés qui se plaignaient va nous permettre d'appréhender devant la cour d'appel le dossier de manière transparente par rapport à l'accusation ».