L'annonce de Lactalis est « une déflagration pour le milieu laitier »
« C’est près de 450 millions de litres de lait qui ne vont plus être collectés d’ici à 2030 par Lactalis, qui est le numéro un mondial du Lait, a rappelé Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA ce matin sur France Info. Cela représente 2 % du lait français. [C’est] une déflagration, clairement, pour le milieu laitier. On a besoin de continuer à se battre pour produire singulièrement du lait. »
« On parle […] de la part de lait collecté qui est vendu à l’international »
Le président de la FNSEA a rappelé que Lactalis, lors des négociations au printemps dernier avec ses organisations de producteurs, « avait laissé entendre qu’il avait des difficultés sur la part du marché qui est exportée. On parle […] de la part de lait collecté qui est vendu à l’international. Pour Lactalis, ça représente à peu près un tiers de ses volumes. »
La question pour le président de la FNSEA est maintenant l’avenir des producteurs concernés par cette annonce. « Ma préoccupation ce matin, ce sont d’abord les producteurs, insiste Arnaud Rousseau. Il va falloir avoir des discussions. L’objet pour nous, c’est que ceux qui veulent continuer à produire du lait trouvent une structure qui continue à les collecter. C’est ça tout l’enjeu pour continuer à créer de la valeur et installer en France. »
« Ce n’est ni digne d’un leader mondial, ni compréhensible »
La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) a réagi rapidement à l’annonce de l’industriel laitier. Dans un communiqué de presse diffusé ce jeudi matin 26 septembre 2024, elle juge que « ce désengagement est inacceptable : ce n’est ni digne d’un leader mondial, ni compréhensible lorsque les marchés se tiennent vigoureusement (ingrédients et marché intérieur) ».
La FNPL s’interroge sur les conséquences d’une telle décision. « Comment s’assurer que demain les producteurs de lait seront encore collectés sur tous les territoires, sans qu’une concurrence interrégionale ne s’installe ? » Le syndicat réclame à Lactalis « un délai beaucoup plus long aux producteurs concernés pour identifier des alternatives ».
La décision de l’industriel laitier est jugée comme allant à l’encontre de la feuille de route fixée par l’interprofession laitière, c’est-à-dire la reconquête d’un milliard de litres de lait par la filière française. « Lactalis s’attaque littéralement à la pérennité de la filière laitière et à la souveraineté alimentaire française », s’insurge la FNPL.
Le soutien de la ministre de l’Agriculture
En fin d’après-midi, ce 26 septembre, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a reçu des représentants de l’association spécialisée de la FNSEA. Elle a assuré le président de la FNPL « de son plein soutien et de son engagement aux côtés des producteurs pour maintenir une activité laitière dans les élevages concernés ».
« Il est nécessaire que tous, à l’amont et à l’aval, unissent leurs efforts et leur volonté pour défendre notre capital productif alimentaire, dans la filière laitière comme dans les autres, a affirmé la ministre citée dans le communiqué. Ce sera ma priorité. J’attends de nos leaders industriels le même engagement et la même ambition pour la production alimentaire française. »